200 sous zéro 2019 par Jonathan Abitbol

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Quel réc­it de Nathaniel! Comme lui, je dirais tout d’abord que ça n’a pas été de tout repos! C’é­tait beau­coup plus dif­fi­cile que lors des deux dernières édi­tions du 200km sous zéro, où il avait fait autour de zéro, avec de la pluie en 2017 et du vent en 2018. Cette fois, c’est le froid et la neige au sol, par­ti­c­ulière­ment sur Cov­ey Hill, qui a ren­du la tâche ardue.

Tout a com­mencé avec du retard. Je n’avais pas prévu que la char­rue allait enlis­er mon auto dans 30cm de glace, et je suis donc arrivé au Parc de la voie mar­itime à 7h. Le temps de tout pré­par­er et de pren­dre la pho­to et il était déjà 7h15. Je n’ai pas eu le temps de manger mon gru­au froid en con­duisant comme c’est mon habi­tude. La prochaine fois, je me pré­par­erai un smooth­ie, plus facile à engloutir lorsqu’on a les mains sur le volant. J’ai donc pris le départ avec Nathaniel sur un estom­ac semi-vide, m’empressant de manger sur le vélo un bis­cuit énergé­tique que j’avais pré­paré.

Sur Taschere­au, Nathaniel bru­lait toutes les rouges, comme il l’a men­tion­né! La route était cou­verte d’une mince couche de neige, ce qui ne cau­sait pas vrai­ment de tort. À ‑12 degrés, je me sen­tais bien, ayant pris l’habi­tude, depuis le début de l’hiv­er, de rouler à vélo pour me ren­dre au tra­vail. La glace s’ac­cu­mu­lait dans ma barbe, comme en témoignent les pho­tos. Je suis arrivé au pre­mier con­trôle en ressem­blant au Père Noël.

Jean nous y attendait avec un sac rem­pli de vête­ments sup­plé­men­taires. J’ai opté pour une paire de cou­vres-chaus­sures, que j’ai enfilés par-dessus celle que j’avais déjà. Mes pieds étaient gelés déjà. J’ai soupçon­né que c’é­tait dû à un manque de mou­ve­ment de mes orteils, ayant pris la déci­sion d’en­fil­er deux paires de bas au départ, en plus des chauffes-orteils que l’on achète à la phar­ma­cie. Je me suis dit que j’al­lais retir­er une paire de bas à Franklin. J’ai rem­pli mes gour­des d’eau bouil­lante et je suis repar­ti avec Nathaniel.

Peu de temps après le 1er con­trôle, Nathaniel a pris du recul. J’ai croisé Jean sur la route qui s’é­tait arrêté pour doc­u­menter la journée avec son appareil pho­to! Au via­duc de la Mon­tée Guay, je n’ai pas remar­qué que la route était bar­rée et j’ai suivi vers la gauche en direc­tion de la fron­tière. Réal­isant que je me dirigeais vers les États-Unis, j’ai hésité et j’ai décidé de faire demi-tour. De retour au via­duc, j’ai bien vu les pan­car­tes dirigeant le traf­ic vers la fron­tière et je suis donc repar­ti une nou­velle fois vers celle-ci. Juste avant les lignes améri­caines, j’ai tra­ver­sé l’au­toroute pour repren­dre le chemin de l’autre côté. De retour sur la Mon­tée Guay/Glass, j’ai remar­qué des traces de vélo au sol. Je me suis demandé qui ça pou­vait bien être, un autre cycliste ou Nathaniel. Finale­ment, c’est ce dernier que j’ai rat­trapé. Il avait passé par la vieille route du 200km.

On a con­tin­ué à jas­er, puis je l’ai dis­tancé à un cer­tain moment. La neige au sol s’ac­cu­mu­lait plus je me dirigeais vers Cov­ey Hill. J’ai égale­ment con­nu des dif­fi­cultés avec la neige qui s’accumulait entre mes pneus et les gardes-boues, mais ça pas­sait quand même. J’ai opté pour des pneus de cyclocross assez gom­mant de 35mm (Con­ti­nen­tal Race), mais j’au­rais mieux fait d’u­tilis­er les Marathon Win­ter 30mm avec clous, que j’u­tilise tous les jours pour le vélo-boulot. Il y aurait eu plus de dégage­ment et les clous ne m’au­raient pas ralen­ti pour autant vu la neige au sol.

Mon eau avait déjà gelé et je savais que j’al­lais pay­er pour ça plus tard. Le chemin a été très long jusqu’à Franklin. Je suis arrivé au Dépan­neur Ami­gos gelé et déshy­draté. J’ai reçu un appel de Nathaniel qui m’a racon­té sa mésaven­ture. J’ai appelé ma blonde et je crois bien qu’elle a enten­du mes grelot­te­ments dans ma voix. La com­mis m’a fait bouil­lir de l’eau chaude et j’ai englouti un risot­to que j’avais apporté, en plus d’un sac de chips, d’une barre de choco­lat et d’un pep­si. J’ai pris près 1h30 à me réchauf­fer et à séch­er mes vête­ments. Finale­ment je me sen­tais mieux. J’ai col­lé une deux­ième paire de chauffes-orteils sur mes bas et je suis repar­ti.

Je savais que le retour sur Cov­ey Hill serait dif­fi­cile, mais que la chaussée se dégagerait ensuite. Comme l’a écrit Nathaniel, lui et Jean m’ont payé une autre vis­ite sur Cow­an. Ça fai­sait du bien de jas­er quelques min­utes. Ils m’ont encour­agé à repar­tir et ter­min­er ce brevet.

À Sher­ring­ton, j’ai passé le nou­velle­ment recon­stru­it Dépan­neur Jovy en me deman­dant si c’é­tait mieux de m’ar­rêter tout de suite pour réchauf­fer une nou­velle fois mes gour­des gelées. Finale­ment, j’ai con­tin­ué jusqu’au Marché Riche­lieu à St-Édouard. Encore une fois, j’ai bien rentabil­isé la dis­trib­utrice d’eau chaude. Cette fois j’ai décidé d’en­fon­cer deux de mes gour­des dans la poche arrière de mon man­teau, en espérant qu’elles allaient rester chaudes plus longtemps. Bonne déci­sion puisqu’en plus, ça m’a offert un récon­fort de chaleur dans le bas du dos! J’ai col­lé une troisième paire de chauffes-orteils sur mes bas, afin de main­tenir ce micro­cli­mat semi-trop­i­cal dans mes souliers.

J’ai pen­sé à une seule chose ensuite: me ren­dre à Saint-Lam­bert le plus rapi­de­ment pos­si­ble. Sur Taschere­au, j’ai emprun­té quelques fois la méth­ode à Nathaniel de brûler les feux rouges.

Arrivé au dépan­neur du coin, j’ai cou­ru vers le réfrigéra­teur et j’ai pris un coca-cola. J’ai atten­du qqs min­utes le com­mis qui comp­tait des bouteilles con­signées, et finale­ment il a signé ma carte et j’ai pu ren­tr­er chez moi!

Pen­dant que je pre­nais ma douche, ma blonde est allée acheter de la bière, des ham­burg­ers et de la pou­tine de Chez Tou­sig­nant. On s’est régalé, puis je me suis endor­mi.

Dimanche soir, j’ai com­plété ma préin­scrip­tion pour Paris-Brest-Paris! Il ne me reste plus que 3 brevets à com­pléter pour assur­er ma place! Un rêve qui dure depuis 3 ans et qui va bien­tôt se réalis­er!

On se voit au print­emps!

Jonathan Abit­bol