Randonneur toute l’année par Jonathan Abitbol

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Pour la toute pre­mière fois cette année, le Club Vélo Ran­don­neurs du Québec a pro­posé à ses mem­bres au moins un brevet par mois. L’occasion d’offrir la pos­si­bil­ité de com­pléter, comme cela se fait en Angleterre et en Bel­gique depuis un cer­tain moment, le défi « Ran­don­neur around the year », ou Ran­don­neur toute l’année. Dis­ons sim­ple­ment que le défi, ici au Québec, se pro­duit dans un con­texte météo com­plète­ment dif­férent.

Adepte du vélo d’hiver depuis de nom­breuses années pour mes déplace­ments quo­ti­di­ens, c’est en fait le 200 sous zéro qui m’a attiré vers le club en pre­mier lieu. En 2016, je décou­vrais l’histoire du Paris-Brest-Paris, un objec­tif encore loin­tain à cette époque, et la pos­si­bil­ité de s’y qual­i­fi­er sur les sor­ties homo­loguées du club. C’est donc en jan­vi­er 2017 que je m’inscris à mon pre­mier brevet de 200km, une dis­tance que je n’avais encore jamais com­plétée. Avec de l’équipement emprun­té, un restant du souper de la veille assez faible en glu­cides et un avo­cat mûr, j’avais décou­vert à la dure que c’est prin­ci­pale­ment le sucre qui nous fait avancer.

Nous étions sept au départ ce matin-là. Je n’étais même pas sûr d’y trou­ver quelqu’un, telle­ment les infor­ma­tions disponibles sur le site web du club sem­blaient sor­tir d’une autre époque. Jean qui a été prési­dent durant 20 ans (2001–2021) y était pour dis­tribuer les cartes de brevet. Deux gars de Québec, Olivi­er et Éric, avaient pris la route dans la nuit pour arriv­er à l’heure. Olivi­er, avec qui je me suis lié d’amitié par la suite, allait égale­ment m’initier à l’effet sal­va­teur du Coca-Cola un peu plus tard cette journée-là. Un cer­tain Claude était là aus­si et il allait assom­mer tout le monde avec son rythme infer­nal. Finale­ment, il y avait Yvon, une autre légende du club, avec qui j’allais com­pléter plusieurs autres brevets hiver­naux dans divers­es con­di­tions météorologiques. D’ailleurs, c’est de la pluie ver­glaçante qui nous est tombée dessus pen­dant 12h cette journée-là. Mal­gré tout, j’ai eu la piqûre et huit ans plus tard, je peux dire que j’ai par­ticipé à tous les brevets hiver­naux du club, mis à part en 2021 alors que le 200 sous zéro avait été annulé en rai­son de la pandémie.

200 sous zéro — Jan­vi­er 2017

Année après année, aucun de ces brevets ne s’est déroulé dans des con­di­tions sim­i­laires. Quand ce n’était pas la pluie ver­glaçante, c’était la neige. Une année, il a fait rel­a­tive­ment chaud avec une tem­péra­ture oscil­lant au-dessus de zéro et du soleil. Une autre année, il a fait moins 30 degrés Cel­sius avec le fac­teur éolien. Deux fois seule­ment, j’ai ter­miné hors délais en un peu plus de 13 heures 30 min­utes, la neige ou le froid ayant ralen­ti ma pro­gres­sion.

Avant le départ, tou­jours les mêmes ques­tions par­mi les per­son­nes par­tic­i­pantes. Neig­era-t-il? Fera-t-il froid? Les pneus cloutés seront-ils req­uis? Le brevet sera-t-il annulé en rai­son d’accumulation de neiges ou de con­di­tions météo dan­gereuses? Impos­si­ble de le savoir une semaine à l’avance. C’est tou­jours le ven­dre­di que les déci­sions se pren­nent. Avec le temps, l’expérience entre en ligne de compte et on s’inquiète moins du temps qu’il fera. On laisse les répons­es venir en nous.

Jan­vi­er

Ma huitième année avec le club s’ouvre donc en 2025. Ce sera égale­ment ma qua­trième et dernière année à titre de prési­dent du club, ayant pris la déci­sion de me retir­er et de laiss­er ma place à d’autres pour admin­istr­er les affaires du club.

En lever de rideau, un nou­veau par­cours de 200km : un tour des îles de Mon­tréal et Laval, au départ de Saint-Lam­bert. Cela change du tra­di­tion­nel 200km Cov­ey Hill, l’idée étant de réduire les bar­rières à l’inscription pour ce brevet hiver­nal en offrant la pos­si­bil­ité s’il y a des enjeux quel­con­ques de pou­voir retraiter à la mai­son facile­ment.

Nous sommes 4 per­son­nes au départ. Kathia, vice-prési­dente et cycliste toute sai­son aguer­rie, est présente et déter­minée elle-aus­si à com­pléter la série d’un brevet par mois cette année. Ensem­ble, nous n’avions pas réus­si à ter­min­er dans les délais en 2024, lors de ce brevet où il a fait moins 30 degrés Cel­sius. Il fai­sait tout sim­ple­ment trop froid et nous avions dû rester beau­coup plus longtemps que prévu aux con­trôles, afin de repren­dre des forces et de nous réchauf­fer. Éti­enne, que je ne con­nais pas encore est présent et équipé comme il le peut avec son vélo d’hiver de ville. Jean-Philippe est là aus­si, mais il ren­con­tre un prob­lème avec son frein hydraulique et il fait un aller-retour chez lui pour le régler, avant de rac­cour­cir la route et nous rejoin­dre au quart du par­cours.

La tem­péra­ture est plutôt clé­mente, quoique très humide, et il n’y a pra­tique­ment pas de neige au sol. Épuisé par la résis­tance pro­duite par ses pneus à clous, Éti­enne retraite chez lui après le deux­ième con­trôle.

Au troisième con­trôle, à Sainte-Anne-de-Belle­vue, on s’arrête pour s’offrir une belle assi­ette de frites à partager… le bon­heur total.

À 20 kilo­mètres de l’arrivée, le grésil se mêle de la par­tie. La tra­ver­sée du pont Cham­plain pour ter­min­er à Saint-Lam­bert devient absol­u­ment hor­ri­ble avec le vent et cette neige glacée frap­pant notre vis­age. Nous ter­mi­nons mal­gré tout et j’arrive com­plète­ment détrem­pé et gelé à la mai­son. Vite, une bonne douche chaude!

Févri­er

En févri­er, nous nous attaquons à un autre nou­veau par­cours, celui du 200 en Mon­térégie. Une sorte de dou­ble boucle offrant, encore une fois, une porte de sor­tie à mi-chemin en cas de pépins. En revanche, la météo est tout autre. Il est tombé 72cm de neige la semaine précé­dente. Il fait égale­ment très froid avec une tem­péra­ture au départ de ‑13°C. Heureuse­ment, le soleil est là pour nous faire gag­n­er quelques degrés de plus. Nous sommes cinq au départ, tous habitués aux brevets hiver­naux, avec Kathia et Jean-Philippe qui pour­suiv­ent sur leur lancée de jan­vi­er, puis Stéphane et Michel qui s’ajoutent. À not­er que ce dernier a déjà com­plété un brevet d’hiver sur un vélo à pneus sur­di­men­sion­nés, ter­mi­nant seule­ment quelques min­utes après les pre­miers. Cette fois-ci, il roule sur son vélo de grav­elle.

La malchance s’abat sur Kathia quelques kilo­mètres après le départ, alors qu’elle est vic­time d’une crevai­son. On s’arrête avec elle et on l’aide à accélér­er la répa­ra­tion. Dans ces con­di­tions, on opère rapi­de­ment et on s’assure de ne pas laiss­er per­son­ne seul dans la galère. Les doigts gelés, elle replace son pneu et on repart assez rapi­de­ment, dans une rel­a­tive bonne humeur.

Kathia répare une crevai­son
Moi et Stéphane devant les déneigeuses

Au pre­mier con­trôle, on reçoit la vis­ite sur­prise d’Yvon qui déçu de ne pou­voir rouler cette journée-là, prend le temps de venir jas­er avec nous autour d’un café. On apprend qu’il vient de subir une opéra­tion à un genou et qu’il doit pren­dre son mal en patience avant de remon­ter sur le vélo, chose qu’il n’envisage pas pour tout de suite. On le ver­ra finale­ment sur le brevet du mois suiv­ant et il rem­portera le prix du revenant de l’année au gala du club en novem­bre en rai­son de sa résilience et de sa remise en forme impres­sion­nante!

De retour sur nos vélos, nous sommes pro­tégés du vent par les murs de neige accu­mulée en bor­dure de route. Nous croi­sons les engins de neige affairés à déblay­er le chemin. Le groupe se scinde en deux durant la journée et la gri­saille s’installe en fin d’après-midi. Le rythme soutenu com­mence à nous fatiguer et nous com­mençons à per­dre le moral lorsque nous avons l’impression de tourn­er en rond et de nous éloign­er du point d’arrivée. La cir­cu­la­tion devient aus­si plus dense par endroit et plombe le moral. Nous finis­sons par revenir au point de départ un peu avant 18 heures, épuisés. Je ren­tre à la mai­son à vélo et je m’arrête en chemin chez Tou­sig­nant pour engloutir un ham­burg­er et une pou­tine pen­dant que la neige tombe de façon un peu plus inten­sive, en me dis­ant qu’il y a d’autres sports bien plus agréables à pra­ti­quer en hiv­er!

Mars

Le 200km de Cov­ey Hill se déroule le 22 mars, le lende­main de la pre­mière journée du print­emps. Signe des change­ments cli­ma­tiques, la quan­tité de neige record accu­mulée en févri­er a pra­tique­ment toute dis­paru. Nous sommes même en mesure d’emprunter une piste cyclable dans le coin d’Hemmingford qui n’a pas vu de déneigeuses de l’hiver. Le mer­cure au départ n’est pas si com­mode à ‑2°C, mais ça se réchauf­fera en après-midi pour attein­dre près de 15°C.

Nous sommes 6 au départ, dont trois pour qui c’est le pre­mier brevet de 2025 : Chris, Simon et Loïc. Chris en est à sa pre­mière sor­tie avec le club, mais détient de nom­breuses années d’expérience avec Ran­don­neurs Ontario. Il nous partage d’ailleurs ses réflex­ions et félic­i­ta­tions sur l’essor et le ray­on­nement du CVRQ au cours des dernières années.

Nous roulons en groupe pra­tique­ment toute la journée et nous sommes rejoints sur quelques kilo­mètres par Yvon qui amorce son proces­sus de remise en forme. Ques­tion de s’économiser, il s’arrêtera juste avant Cov­ey Hill pour ren­tr­er chez lui.

Yvon, Simon et Loïc

Arrêt oblig­a­toire à la Micro­brasserie Liv­ing­stone qui, en plus de la bonne bière, nous sert grilled cheese et nachos.

Cette belle journée se sol­dera par deux ennuis mécaniques. Une pre­mière crevai­son pour Loïc que j’accompagne pour revenir rapi­de­ment dans le groupe au pre­mier con­trôle. Puis, une autre crevai­son pour Simon, à seule­ment 5 kilo­mètres de la fin. Nous blaguons au sujet de la rival­ité tube­less vs tubes, avant de retraiter dans nos chau­mières respec­tives.

Avril

La belle tem­péra­ture du mois de mars fait place à la pluie en avril, pour ce 4e brevet de la sai­son : 200km vers Sorel et retour.

Cette fois-ci, on compte beau­coup plus d’inscrits avec une forte par­tic­i­pa­tion de 11 per­son­nes. Le vrai début de sai­son com­mence à se faire sen­tir!

Nous quit­tons Saint-Lam­bert en direc­tion de Sorel via Mon­tréal et la rue Notre-Dame. Simon doit mal­heureuse­ment aban­don­ner tôt en rai­son d’un ennui mécanique. Ça roule en groupe, ça papote, jusqu’au pre­mier con­trôle où nous sommes rejoints par Mar­i­an qui est par­ti avec du retard. Le vent est de la par­tie, mais il ne pleut pas encore. Nous prenons le temps de nous arrêter à la Pâtis­serie Délices d’antan pour de suc­cu­lents beignets aux pommes trem­pés dans divers­es sauces sucrées, une recom­man­da­tion signée Fran­cis.

C’est après le tra­ver­si­er de Sorel que la météo se gâte et que la pluie s’intensifie. Cela dur­era jusqu’à la toute fin du brevet. Heureuse­ment, il ne fait pas si froid.

Le troisième arrêt de la journée se fait  à la Boulan­gerie Mai­son de pierre à Cal­ixa-Laval­lée pour une tartelette aux pommes. J’apprendrai plus tard que l’endroit fer­mera ses portes à la fin de l’année. Il fau­dra alors trou­ver un autre arrêt pour déguster un Paris-Brest, sinon atten­dre à 2027 pour en manger un en France lors du prochain Paris-Brest-Paris!

Mai

Pas de brevet en mai, mais plutôt la flèche nationale, un défi en équipe qui con­siste à rouler le plus de kilo­mètres en 24 heures. Pour obtenir l’homologation, il faut s’assurer de ral­li­er 360km sans s’arrêter plus de deux heures et en faisant gaffe de rouler au moins 25km dans les deux dernières heures de l’épreuve. Ce défi existe dans les clubs ran­don­neurs depuis plus de 70 ans.

Simon répare une crevai­son sous le regard de Fran­cis
Notre groupe investit un dépan­neur au milieu de la nuit.

Pour une sec­onde année de suite, je forme avec Kathia et Fran­cis l’équipe surnom­mée les Randowokes : éveillé.e.s toute la nuit! Romain, présent en 2024, cède sa place à deux nou­veaux Randowokes, soit Jean-Philippe et Simon. C’est ce dernier qui a imag­iné le par­cours, sous le thème des ponts cou­verts, dont le réc­it est disponible ici. À cinq per­son­nes, l’équipe est com­plète et nous devons nous assur­er d’être au moins trois à l’arrivée qui est prévue au Siboire Saint-Lau­rent : une chou­ette micro­brasserie où nous irons rejoin­dre les deux autres équipes par­tic­i­pantes qui auront exploré d’autres chemins. Bien enten­du, nous nous assurerons de n’avoir per­du per­son­ne en chemin!

À l’abri de la pluie, sous un pont cou­vert

Dif­férence notable pour cette aven­ture, notre par­cours des ponts cou­verts de la Rive-Sud de Mon­tréal est frap­pé de plein fou­et, dès le départ, par un sys­tème dépres­sion­naire qui nous fait pass­er 19 heures sous la pluie bat­tante, du départ jusqu’à 15h dans l’après-midi du same­di.  Les autres équipes ont plus de chance en par­tant dans la direc­tion opposée à la nôtre, vers les Lau­ren­tides.

Néan­moins, notre équipe main­tient le cap et la bonne humeur, en prenant le temps de s’arrêter pour un petit déje­uner costaud à Noy­an et en prenant le temps d’inspecter et d’en appren­dre davan­tage sur les dif­férentes struc­tures des ponts cou­verts. Nous par­venons enfin à rejoin­dre les autres équipes au Siboire à l’arrivée et nous célébrons tous ensem­ble l’accomplissement de ce défi.

Juin

En juin, ce sont les feux de forêt dans l’Ouest cana­di­en qui se mêlent de la par­tie, alors que les impacts se font sen­tir jusqu’au Québec. C’est sous un ciel orangé que je par­ticipe avec une ving­taine d’autres par­tic­i­pants au 300 Saca­comie.

Pour ce brevet, j’ai l’occasion de ren­con­tr­er quelques nou­veaux mem­bres et de dis­cuter avec eux. À mi-chemin, au lac Saca­comie, je prends le temps avec Mar­i­an et Frédéric de me saucer dans l’eau pour me rafraîchir. Cela me per­met de retrou­ver un cer­tain aplomb pour ter­min­er la route en com­pag­nie de Richard : le doyen du club qui, à 76 ans, ne fait pas vrai­ment son âge. Le vent de dos au retour nous pousse jusqu’à attein­dre des pointes de vitesse dépas­sant large­ment les 40km/h. En revanche, la mau­vaise qual­ité de l’air se fait sen­tir et je ter­mine ce brevet avec un bon mal de tête.

Saucette au lac Saca­comie

Juil­let

Je prof­ite d’une petite pause entre la Saint-Jean-Bap­tiste et la fête du Cana­da pour aller faire du cyclo­tourisme en amoureux au Cap-Bre­ton. Je redé­cou­vre alors com­ment il est agréable de rouler moins et de pren­dre le temps pour s’arrêter et décou­vrir les lieux. De retour à Mon­tréal, je vois venir le 600km super ran­don­neur et ses 8000 mètres de dénivelé. C’est l’une des deux dernières épreuves qui me restent pour obtenir la recon­nais­sance Ran­don­neur 10000. En antic­i­pa­tion de cette grosse sor­tie, je décide d’activer mes jambes la semaine précé­dente en allant affron­ter le chemin du Nordet, à par­tir de Mon­tréal. Mar­tin m’accompagne pour l’occasion et nous pas­sons une agréable journée à rouler dans les Lau­ren­tides.

La fin de semaine suiv­ante, je me déplace à Québec avec ma blonde Geneviève et Zaher, l’un des deux autres inscrits à l’épreuve, qui doit partager la ban­quette arrière avec notre chien Zor­ro. Le fait de cov­oitur­er s’avère très agréable et nous per­met de faire con­nais­sance. Mal­heureuse­ment, je souf­fre d’insomnie la veille du départ et c’est avec un lourd déficit de som­meil que je rejoins Zaher et Yvon le lende­main matin. Peu importe, ce n’est pas la pre­mière fois que cela m’arrive et ce ne sera sans doute pas la dernière. Je sais à ce moment-là que je pour­rai prob­a­ble­ment sur­vivre jusqu’à la fin, mais que ce ne sera pas facile. L’essentiel sera de trou­ver le bon rythme pour m’économiser. J’ai appris qu’avec le déficit de som­meil, il ne faut surtout pas trop pouss­er sur les pédales, car les réserves d’énergie s’épuisent assez rapi­de­ment.

En plus, nous devons com­pos­er avec la canicule qui s’abat sur nous en cette mi-juil­let. Mal­gré tout, je me sens plutôt à l’aise au départ, alors qu’on longe le fleuve en direc­tion nord. Ça devient plus dif­fi­cile en mi-journée, quand le mer­cure atteint son point max­i­mal. Nous per­dons Yvon der­rière nous, alors que les côtes se suc­cè­dent. Impos­si­ble de faire autrement, chaque incli­nai­son est à plus de 10%, par­fois même dans la grav­elle. Ce brevet représente l’ultime défi de résilience.

Nous nous arrê­tons à La Mal­baie, afin de se recharg­er en sel avec une pou­tine, puis un peu après la ville pour une crème molle à la vanille. Nous rigolons avec les moto­cy­clistes qui se font pren­dre en pho­to par des touristes ital­iens. À Saint-Siméon, nous sommes sur­pris par Fran­cis et sa con­jointe Julie qui nous encour­a­gent au son d’une cloche à vache en bord de route, eux qui sont en vacances dans la région. Nous retrou­vons le sourire et l’énergie pour pour­suiv­re en direc­tion de Chicouti­mi. Nous pas­sons par Sagard, où nous lon­geons le domaine de la famille Des­marais et sa réplique du Château de Ver­sailles en plein cœur de la forêt boréale.

À l’approche de La Baie, j’effectue involon­taire­ment un « pock­et call » à Yvon, qui me rap­pelle tout de suite. Je réponds et nous apprenons qu’il est env­i­ron à 1 heure de route der­rière nous. Alors que le soleil se couche, nous nous enten­dons pour l’attendre à Chicouti­mi, afin de tra­vers­er la nuit ensem­ble. Avec Zaher, nous prof­i­tons de cette attente pour nous rin­cer à la douche extérieure de la mari­na de La Baie. On ne s’arrête pas plus longtemps, car il y a énor­mé­ment de vent et la musique d’un spec­ta­cle de Mar­co Cagliari nous empêche de faire la sieste. Nous pour­suiv­ons donc notre route en direc­tion de Chicouti­mi, avec l’idée de nous arrêter quelque part pour se repos­er. Cette recherche s’avère infructueuse jusqu’à ce que l’on arrive au cen­tre-ville de Chicouti­mi. Nous choi­sis­sons de nous arrêter dans un parc face au fjord, ce qui s’avère être une bien mau­vaise déci­sion. C’est la fête dans la ville et la musique résonne partout. Deux hommes entre­ti­en­nent une con­ver­sa­tion juste à côté de nous et un autre fait tout un tapage en cher­chant à recueil­lir des canettes dans les poubelles. J’arrive à m’endormir à moitié peut-être 5 ou 10 min­utes, puis on repart rejoin­dre Yvon à la sor­tie de la ville.

Zaher au som­met de la Galette

Notre trio tra­verse la nuit dans l’humour et la bonne humeur. Dif­fi­cile d’identifier claire­ment où nous sommes, alors que tout sem­ble être du pareil au même. Les routes ressem­blent drôle­ment à celles de la Mon­térégie, alors que nous sommes bel et bien au Sague­nay.

Nous revenons à La Baie un peu avant l’aube, au même dépan­neur qui nous avait accueil­lis la veille. C’est bien­tôt le moment d’amorcer la tra­ver­sée du Parc nation­al des Grands Jardins, un endroit dont Yvon m’a tant racon­té les dif­fi­cultés, lui qui l’a affron­té à plusieurs repris­es sur le Défi des 21 auquel il a par­ticipé pour une dix­ième fois quelques jours aupar­a­vant! Quelle incroy­able sai­son de sa part d’avoir sur­mon­té autant d’épreuves, dont son opéra­tion, et quel plaisir pour moi de partager cette pre­mière avec lui! Mal­heureuse­ment, les mon­tées ont rai­son de notre esprit de groupe et cha­cun y va à son rythme. Zaher est claire­ment le plus à l’aise des trois et je tente tant bien que mal de m’accrocher.

Au petit matin, nous prenons un moment pour faire une microsieste à Boileau. Nous voyons Yvon pour une dernière fois à cet endroit. Il attein­dra l’arrivée env­i­ron 1 heure après nous, quelle résilience!

Je décou­vre suc­ces­sive­ment la mon­tée du Trou-de-la-Vieille, la mon­tée du Lac à la Cruche, la mon­tée du Coq et la Galette, avant de finale­ment redescen­dre vers Baie-Saint-Paul. Nous prof­i­tons de notre arrêt au IGA de la ville pour engloutir un bol poké rem­pli de légumes et de riz, ain­si qu’un mel­on d’eau bien frais et juteux qui nous redonne le sourire et l’envie de pour­suiv­re.

C’est sans se douter qu’à la sor­tie de la ville nous attend une autre côte à fort pour­cent­age, celle que l’on appelle la côte du Pérou. Le dénivelé y est telle­ment impor­tant qu’un homme nous suiv­ant à moto tombe sur le côté en plein milieu de la côte. Étant moto­cy­cliste lui-même, Zaher prend le temps de retourn­er plus bas pour l’aider à remet­tre la moto sur ses roues. Ça fera deux côtes du Pérou pour Zaher.

Vers Saint-Féréol-des-Neiges, nous sommes con­fron­tés à une dernière dif­fi­culté, sous la forme d’une pluie dilu­vi­enne qui vient nous rap­pel­er que mère nature ne nous a pas oubliés. On se réfugie sous le porche d’une mai­son où une pan­car­te annonce un « Bien­v­enue cyclistes, eau potable disponible », alors on en prof­ite pour rem­plir nos gour­des depuis le boy­au d’arrosage qui nous est ren­du disponible. La pluie ne cessera pas jusqu’à l’arrivée à Beau­port, où Geneviève est venue nous récupér­er avec notre chien, bien heureux de me retrou­ver.

Août

Ren­dez-vous à 5 heures du matin, à Repentigny pour le départ du 400km Mauricie, le 2 août. J’arrive au départ chargé à bloc, après une très bonne nuit de som­meil. Pour con­tre­car­rer l’insomnie qui m’a tant fait souf­frir sur le SR600, j’expérimente la valéri­ane, un som­nifère à base de plantes 100% naturel, pour m’aider à dormir. J’ai telle­ment bien dor­mi, que j’ai eu de la dif­fi­culté à me réveiller.

Saint-Alex­is-des-Monts

Nous sommes un peu plus d’une douzaine de per­son­nes au départ et pour la pre­mière fois depuis des lunes, le pelo­ton reste soudé sur les 200 pre­miers kilo­mètres, jusqu’à ce que l’on atteigne le parc de la Mauricie et ses côtes qui brisent le rythme de plusieurs. L’esprit de sol­i­dar­ité reprend à la sor­tie du Parc, alors que l’on se retrou­ve pra­tique­ment tous au McDo de Grand-Mère. Ça se main­tient jusqu’à un peu après Yamachiche, où le groupe se scinde à nou­veau en rai­son d’un orage. Cha­cun en petits groupes, nous nous réfu­gions où on le peut pour éviter le pire de l’averse et ne pas ris­quer de se faire frap­per par un éclair! Notre groupe croit d’ailleurs y avoir passé, lorsque tout autour de nous devient tout blanc et que le ton­nerre frappe un instant de sec­onde plus tard.

Au son d’un mini haut-par­leur, nous par­venons finale­ment à rejoin­dre la Piz­zéria Repentigny, où nous parta­geons une piz­za, servie comme c’est l’habitude avec du beurre pour la croûte.

Piz­za bien beur­rée

Sep­tem­bre

Je pars avec Geneviève pour trois semaines de cyclo­tourisme au Japon en sep­tem­bre. À notre retour en soirée le 19 sep­tem­bre, après un vol de 12 heures, je me dis que le vélo est déjà prêt et que mon cycle de som­meil est déjà tout déréglé. Pourquoi pas alors se lever à 5h du matin pour pren­dre le départ, depuis Vau­dreuil-Dori­on, du 400km des Lau­ren­tides! Une bien drôle d’idée, mais une belle façon de pour­suiv­re sur ma lancée et d’homologuer un brevet en sep­tem­bre.

Au chaud dans la cab­ine du tra­ver­si­er

Je n’ai évidem­ment pas de prob­lème à m’endormir et je me réveille un peu avant le cad­ran. Au départ, il fait froid et plusieurs par­tic­i­pants réé­val­u­ent leurs choix ves­ti­men­taires. De mon côté, je n’ai même pas mis mes jambes d’appoint ni mes cou­vre-chaus­sures. Nous pas­sons deux longues heures à avancer dans la noirceur. Au tra­ver­si­er de Pointe-For­tune, mes doigts gelés peinent à retir­er les 20 dol­lars qu’il nous faut pour pay­er la tra­ver­sée.

Le soleil se lève finale­ment et nous réchauffe. Je roule en com­pag­nie de Frédéric, Loïc et Marc. Je n’ai pas l’énergie de m’accrocher dans les côtes à par­tir d’un cer­tain moment et je ne peux m’empêcher de m’arrêter toutes les 15 min­utes pour pass­er aux toi­lettes. Je com­bats défini­tive­ment le décalage horaire, mais je me dis qu’il n’y a rien de mieux que d’être à l’extérieur pour y arriv­er!

On se retrou­ve tous à la P’tite patate à Léo, à Labelle, et j’en prof­ite pour retrou­ver le récon­fort d’un plat bien de chez nous : une grosse pou­tine bien chargée en sel et en glu­cides avec une bois­son gazeuse. Je suis servi avant tout le monde et j’en prof­ite pour repar­tir plus rapi­de­ment, me dis­ant que je me ferai prob­a­ble­ment rat­trap­er éventuelle­ment. Une quar­an­taine de kilo­mètres plus tard, j’atteins la Réserve fau­nique Pap­ineau-Labelle avec Frédéric et Loïc. C’est une sec­tion de 20km de grav­elle qui nous attend et elle ren­dra la vie dif­fi­cile à plusieurs. Chaussé de mes pneus de 40mm qui mesurent en réal­ité 43mm sur les jantes, à la bonne pres­sion de sur­croit, je n’ai aucune dif­fi­culté à tra­vers­er cette sec­tion, me détachant de mes coéquip­iers. À la sor­tie de cette sec­tion, j’arrive même à apercevoir Richard, par­ti du casse-croûte bien avant moi et qui a dû galér­er en pneus étroits.

À Duhamel, je rate le dépan­neur qui n’est pas évi­dent à apercevoir depuis la route que nous emprun­tons. Je m’en aperçois 5 kilo­mètres plus tard en con­fir­mant avec des marcheurs si j’ai bel et bien raté mon occa­sion de me rav­i­tailler. Heureuse­ment, je suis chargé d’onigiri et d’autres col­la­tions ramassées la veille au 7‑Eleven à Tokyo et je peux donc con­tin­uer de m’alimenter cor­recte­ment sur cette deux­ième longue sec­tion sans rav­i­taille­ment du par­cours. Je m’arrête aus­si à un chalet, où une dame m’offre de rem­plir mes bidons. Je pour­su­is seul jusqu’au McDo de Pap­ineauville, où je rejoins Mo, Mar­i­an et Sebas­t­ian. Richard arrive quelques instants après et c’est avec lui que je repars pour la fin du tra­jet. Par malchance, je suis vic­time de deux crevaisons, que j’ai à répar­er dans la noirceur la plus totale et le froid. Étant en tube­less, c’est le manque de scel­lant à l’intérieur de mon pneu qui fait en sorte que la pre­mière répa­ra­tion ne tient pas. Un petit coup de scel­lant dans le pneu à la deux­ième répa­ra­tion me per­met de régler le prob­lème de manière défini­tive. À notre arrivée, Richard n’a pra­tique­ment plus de voix et nous sommes tous les deux frig­ori­fiés. C’est la musique à plein vol­ume que je ren­tre chez moi en faisant atten­tion de ne pas m’endormir au volant.

Octo­bre

Deux semaines plus tard s’organise le Grevet de 200km au cœur des couleurs de l’automne. Le nom­bre de par­tic­i­pants au départ démon­tre bien toute l’appréciation pour ce type de par­cours qui nous amène loin de la cir­cu­la­tion auto­mo­bile dans des secteurs où l’on peut appréci­er la beauté des paysages. Par­mi les par­tants, plusieurs en sont à leur pre­mière sor­tie avec le club. C’est l’idée der­rière cette sor­tie depuis la pre­mière édi­tion en 2022 de ten­dre la main aux adeptes de la grav­elle et de les intéress­er aux activ­ités du club et à la longue dis­tance.

Couleurs d’au­tomne sur le Grevet

Nous restons groupés jusqu’au pre­mier con­trôle, c’est l’occasion pour plusieurs de se retrou­ver une pre­mière fois depuis un moment et de se racon­ter nos aven­tures esti­vales. Après le pre­mier con­trôle, je roule avec Jean-Philippe et sa bande d’amis qu’il a invités. C’est l’occasion de répon­dre à leurs ques­tions au sujet du club. Mal­heureuse­ment, la con­jointe de Jean-Philippe, Mar­tine, est vic­time d’une chute dans une sec­tion plus acci­den­tée. Plus de peur que de mal, elle parvien­dra à remon­ter sur son vélo et à boucler l’arrivée avec pré­cau­tion.

Un peu avant Bromont, je prof­ite de la sta­bil­ité que pro­curent mes pneus de 2.1 pouces pour descen­dre les sen­tiers à vive allure jusqu’au vil­lage. J’y retrou­ve le groupe for­mé en par­tie des Randowokes Fran­cis et Kathia avec qui j’ai bien envie de pour­suiv­re la journée, n’ayant pas roulé avec eux depuis un cer­tain moment. Les chemins de grav­elle s’élargissent pour cette deux­ième por­tion du par­cours, mais le dénivelé con­tin­ue de pro­gress­er. Nous faisons un dernier arrêt à Sut­ton, au Round-top Bagel, et nous atteignons finale­ment les plaines un peu avant notre retour à Farn­ham. Une bonne par­tie du groupe a répon­du présent à l’invitation de ter­min­er la journée à la Micro­brasserie Farn­ham Ale & Lager, où un groupe de col­lec­tion­neurs de voitures est égale­ment présent, cha­cun sa pas­sion!

Novem­bre

En novem­bre, nous retrou­vons un clas­sique avec le 200km de Cov­ey Hill. Le froid com­mence à s’installer pour l’hiver, mais il n’y a pas encore de neige au sol, ce qui fait en sorte que le taux de par­tic­i­pa­tion est quand même assez élevé pour cette péri­ode de l’année. Nous sommes plus d’une ving­taine de per­son­nes au départ avec, encore une fois, plusieurs nou­veaux vis­ages. Fidèle à mon habi­tude, je pars après tout le monde, puisque j’ai pour une avant-dernière fois, la respon­s­abil­ité de dis­tribuer les cartes de brevet au départ. Le temps de tout ranger et de m’assurer que tout est en ordre, le groupe est déjà par­ti. Heureuse­ment, Jean-Philippe, Fran­cis et Kathia atten­dent pour m’accompagner. Nous remon­tons pro­gres­sive­ment le groupe jusqu’au pre­mier con­trôle.

La tem­péra­ture est agréable et les paysages sont plutôt chou­ettes sur ce par­cours dont on ne se lasse jamais. J’avais don­né ren­dez-vous à tout le monde à la Brasserie Linving­stone, une fois passé Cov­ey Hill, mais nous arrivons trop tôt. L’établissement est nor­male­ment le refuge par excel­lence durant la sai­son froide en rai­son de son hos­pi­tal­ité, de ses cou­ver­tures de laine et de son planch­er chauf­fant, mais ce sera pour la prochaine fois.

Avec Jean-Philippe et Nathalie
Jean-Philippe en pause

Après Cov­ey Hill, moi, Fran­cis et Jean-Philippe déci­dons de men­er un véri­ta­ble con­tre-la-mon­tre par équipe, pour par­venir le plus rapi­de­ment pos­si­ble au prochain con­trôle. Nous rat­trapons Stéphane et sa con­jointe Nathalie avec qui nous ter­minerons la route. Nous avons dû faire bien atten­tion à un coup de bor­dure dans une descente, alors que je passe bien près de m’envoler au même moment où Stéphane est sur­pris par un saut de chaine juste à mes côtés. Sage­ment, nous déci­dons de réduire nos ardeurs pour ren­tr­er sains et saufs à la mai­son.

Décem­bre

Le dernier brevet de la sai­son du club a lieu le 5 décem­bre. Nous sommes alors 6 per­son­nes à pren­dre le départ du 200km en Mon­térégie, une répéti­tion du brevet de févri­er. Cela fait déjà un mois que je ne roule plus à l’extérieur, sauf pour me ren­dre au tra­vail et la neige a com­mencé à s’installer dans les rues de Mon­tréal et de ses envi­rons.

Je suis inqui­et à l’approche de ce brevet. Le poids de la sai­son com­mence à se faire sen­tir, et je souf­fre de douleurs vives au haut du dos qui m’empêchent de ter­min­er mes ses­sions d’entraînement virtuelles. En quit­tant la mai­son à vélo ce matin-là, je peine à me ren­dre deux coins de rue plus loin pour rejoin­dre Kathia qui m’y attend. La douleur est vive et tra­verse ma poitrine au point où je me demande si je serai en mesure de pour­suiv­re. Kathia me pro­pose quelques étire­ments spé­ci­fiques que je répète à chaque feu de cir­cu­la­tion où on s’arrête.

Nous arrivons finale­ment à Saint-Lam­bert pour le départ où nous rejoignons Fran­cis, Jean-Philippe, Mar­tin et Stéphane. On m’impose de pren­dre du Tylenol et j’obéis, au péril de ma san­té à en croire Don­ald Trump. Les étire­ments, le réchauf­fe­ment des mus­cles et le Tylenol font en sorte que la douleur s’exténue.

Pre­mier arrêt dans un Tim Hor­tons à 50km, le pre­mier de trois Tim que l’on vis­it­era aujourd’hui. Le menu des fêtes est enfin arrivé et je partage avec Fran­cis la même exci­ta­tion de déguster tous les pro­duits offerts en col­lab­o­ra­tion avec les bis­cuits Bis­coff de la mar­que Lotus. Crois­sant à la tarti­nade Bis­coff, beignet crème boston aux Bis­coff, Lat­te Bis­coff et Iced Cap­puc­ci­no Bis­coff nous sont offerts. Je com­mence avec le beigne et le lat­te, je m’étire et je rem­plis un bidon à moitié glacé. Le deux­ième tourne en slush à l’extérieur, je ne le boirai pas de la journée.

Le vent est du sud-ouest et je vois sur mon Garmin que nous roulons droit dans cette direc­tion. Ça dure pour encore 20 km après le pre­mier con­trôle et je peine à rester accrocher aux autres. Je les vois ralen­tir pour moi, on s’était dit que per­son­ne ne resterait der­rière aujourd’hui. Je suis enfin soulagé quand nous tournons vers l’ouest. Le vent de dos me per­met de garder des réserves et de met­tre moins de pres­sion sur ma douleur qui revient.

En approchant Saint-Rémi, le traf­ic s’intensifie. Un pre­mier auto­mo­biliste baisse sa fenêtre pour nous crier quelque chose. L’accotement est très étroit, mais nous arrivons à la lumière où se situe notre con­trôle. Moi et Mar­tin arrivons avec un peu de recul et voyons un homme sor­ti de son véhicule qui invec­tive le groupe de Kathia, Jean-Philippe et Stéphane. La lumière tombe verte et l’homme entre dans son véhicule et accélère en klax­on­nant vio­lem­ment der­rière nos amis. Moi et Mar­tin per­dons de vue le groupe et n’arrivons pas à pass­er la lumière tout de suite. On attend notre tour, puis nous allons rapi­de­ment voir ce qui s’est passé. En s’approchant, on entend des gens crier, on accélère. Stéphane se relève du terre-plein où son vélo est allongé. L’homme est à l’extérieur de son véhicule et est retenu par 3 autres per­son­nes, dont deux hommes bénév­oles de la col­lecte pour la guig­nolée. Le chauf­fard nous crie des insultes et est con­va­in­cu que nous n’avons rien à faire sur la route. Au même moment, nous apercevons une voiture de police et Jean-Philippe part la rejoin­dre pour lui prier d’intervenir. Nous pas­sons une heure au con­trôle, afin que Stéphane et Jean-Philippe puis­sent rem­plir le rap­port d’accident. La police nous dit que le chauf­fard sera chargé de 15 points d’inaptitudes et de 2000$ d’amende pour avoir brûlé un arrêt et chargé Stéphane avec son véhicule. Des charges crim­inelles auraient pu être portées pour voie de fait. On ne con­nait pas la suite.

Nous repar­tons enfin et pour­suiv­ons notre route, mais la bonne humeur du groupe a fait place à de l’inquiétude. La neige tombe et la vis­i­bil­ité devient un peu plus dif­fi­cile. Les routes emprun­tées ne sont pas toutes tran­quilles et cela mine le moral des troupes. Mar­tin et Jean-Philippe évo­quent l’option d’abandonner et d’écourter le par­cours. Évidem­ment, je suis bien décidé à com­pléter ce brevet, étant à moins de 50km de l’arrivée de ce douz­ième brevet en autant de mois. Nous croi­sons la parade du Père Noël dans un vil­lage, ce qui nous per­met de retrou­ver le sourire!

Au troisième Tim, j’opte pour le com­bo crois­sant et Lat­te Bis­coff en plus d’une tartelette au caramel. Jean-Philippe et Mar­tin met­tent en opéra­tion leur plan et repar­tent immé­di­ate­ment en écour­tant leur tra­jet. Un groupe d’hommes plutôt âgés de la table d’à côté entre­ti­en­nent la con­ver­sa­tion avec nous. Deux d’entre eux nous par­lent de leurs aven­tures à vélo à la fin des années 60. L’un d’eux nous présente une pho­to de son vélo Look et nous par­le des Cham­pi­onnats du monde qui auront lieu à Mon­tréal l’année prochaine. Il faut croire que ce n’est pas tout le monde qui déteste les cyclistes. Nous repar­tons de meilleure humeur. À Can­di­ac, Stéphane ren­tre à la mai­son. Je pour­su­is avec Fran­cis et Kathia jusqu’au bout. C’est l’heure du souper et il y a moins de cir­cu­la­tion, la route devient un peu plus tran­quille et sécu­ri­taire.

Le brevet se ter­mine au Dépan­neur Couche-Tard sur l’avenue Vic­to­ria à Saint-Lam­bert, là où j’ai ter­miné mon pre­mier brevet. Une belle touche sym­bol­ique à cette fin de sai­son, alors que je ter­mine avec mon ami d’enfance Fran­cis et mon anci­enne col­lègue chez Dumoulin Bicy­clettes, Kathia, que j’ai con­va­in­cus d’intégrer le club. Il y a 8 ans, j’intégrais le club sans con­naître per­son­ne. Aujourd’hui j’y retrou­ve un groupe d’amis avec qui j’ai envie de pour­suiv­re avec d’autres aven­tures à vélo pour encore bien longtemps!

Est-ce que je vais répéter ce défi « Ran­don­neur toute l’année » ? Bonne ques­tion! J’ai vis­ité mon thérapeute sportif le mar­di suiv­ant ce dernier brevet. Mon corps a besoin de repos et j’ai des exer­ci­ces à faire avant de pou­voir retourn­er sur le vélo. Je ne prévois donc pas faire le brevet en jan­vi­er pour l’instant, le tout sera réé­val­ué à mon prochain ren­dez-vous mi-jan­vi­er.

J’en prof­ite pour féliciter les autres cyclistes qua­tre saisons et en par­ti­c­uli­er Kathia qui, sans avoir par­ticipé à une sor­tie du club en août, a quand même ter­miné durant ce même mois la Race Accross Québec en 2e posi­tion chez les dames et dans le top 10 au général. On peut dire qu’elle mérite autant que moi le titre de ran­don­neuse toute l’année!