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A l’automne 2010, sachant que je ne participerais pas au PBP à cause de mon travail, je regardais sur le net les défis possibles pour l’été 2011. Cinq 1200Km en Amérique du nord étaient possibles.
- Texas Rando Stampede 1200 Km avec 35511 pieds d’ascension, mai 2011 : trop tôt dans la saison.
- Shenandoah en Virginie : juin, trop tôt dans la saison également
- The Big Wild Ride en Alaska, août: impossible à cause de mon travail
- Taste of Carolina, 3 septembre : impossible à cause du travail
- Colorado High Country 1200, juillet, avec 3 passes en haut de 10,000 pieds
Le CHC 1200 m’intéressait beaucoup pour ses paysages et ses défis. J’envoyais donc mon nom pour être sur la liste des cyclistes intéressés afin de recevoir les différentes informations. L’organisation se limitait à 50 inscriptions. Les 50 premiers inscrits seraient retenus si les différentes formalités étaient correctes (formulaire complété, frais d’inscription payés et brevets réalisés).
Les inscriptions débutaient officiellement le 8 février à 11h00 (9h00 au Colorado). Ce matin, malgré certains problèmes d’engorgement sur le site, j’ai réussi à m’inscrire. Le 11 février, une liste préliminaire était affichée sur le site. On y retrouvait 76 personnes enregistrées sur 194 intéressés. Les personnes avec un X devant leur nom étaient enregistrées ou sur la liste d’attente.
A ma grande surprise, mon nom n’avait pas de X. Je me suis empressé d’envoyer un courriel à l’organisateur en lui signifiant mon incompréhension car j’avais reçu la confirmation de mon inscription en ligne et de mon paiement. Le lendemain, j’ai reçu un courriel m’informant de son erreur et que j’étais réellement inscrit.
Le 26 février, la 1re édition de la liste des 50 inscrits ainsi que la liste d’attente. Je me retrouvais dans la liste des inscrits. Michel Tardif de Shawinigan était le 3e sur la liste d’attente. En mai, il déciderait s’il le faisait ou pas.
En regardant le calendrier des brevets du CVRM ou de l’Ontario, j’aurais un calendrier serré car je dois réaliser les 4 brevets : 200, 300, 400 et 600Km avant le 5 juin. Ça signifiait pour moi de réaliser un brevet dans un laps de temps court soit 5 semaines. Les 3 premiers se feraient selon le calendrier officiel du CVRM mais pour le 600Km, je devrais m’arranger seul. Jean Robert et l’organisateur m’avaient donné leur accord.
Mon plan de match serait de faire le 600Km lors de la fin de semaine de Dollard à cause du congé de 3 jours et de faire le 400Km le 4 juin.
Après ma saison de ski de fond, je commençais mon entraînement de vélo intérieur le 5 mars. Pour moi, le vélo intérieur est plus un entraînement mental que physique. Je n’ai pas réellement de plaisir. Une heure est toujours mon objectif ultime. Contrairement à l’année dernière, je m’entraîne sur un home trainer ( elite fluid gel) au lieu de mes rouleaux. Je veux travailler un peu au niveau musculaire et pouvoir changer de position sur le vélo de façon sécuritaire.
L’entraînement n’est pas régulier, mon travail m’occasionne un niveau de stress ou de détresse psychologique que je n’ai pas vécu auparavant. Je sais que le vélo me fait du bien mentalement. Cependant, j’ai de la misère à dormir et le lendemain, je dois être efficace et performant. Vigilance est de mise : surentrainement ou épuisement psychologique et physique ? J’essaie d’être zen, de mettre en pratique mes connaissances sur la gestion du stress sauf que lorsque je me réveille à 2h00 du matin et que le hamster roule dans ma tête et que je ne me rendors pas, ce n’est pas évident de pousser la machine le lendemain soir.
J’essaie d’être positif. Je me vois monter dans les passes du Wyoming ou du Colorado en dette d’oxygène, une fréquence élevée pour la vitesse de déplacement ou descendant un profil descendant en pédalant à cause d’un vent de face. Je me prépare mentalement à vivre des conditions moins faciles mais stimulantes : rouler à une altitude de 10,000 pieds à trois reprises, paysage de montagnes, paysage de montagnes désertiques.
En plus de vivre le défi de réaliser un 1200 Km en 90 heures, je devrai composer avec un inconnu soit l’altitude. Comment mon corps réagira-t-il en altitude? La dette d’oxygène, les nausées„ la déshydratation, les changements climatiques ?
Pour m’y préparer, je me documente sur internet et je me renseigne auprès de certaines connaissances dont Michel Leblanc (entraîneur de Marie-Hélène Prémont en Grèce, Serge Dessureault (Éverest et plusieurs autres défis extrèmes) au sujet de l’adaptation en altitude et de ses effets.
Je regarde et j’analyse le parcours avec les différentes informations que je peux trouver sur le net. La plupart des passes que nous aurons à monter ou à descendre sont documentées sur le net : Cameron Pass, Snow Range Pass, Mudy Pass, Rabbit Ear Pass .
Au début de la saison des brevets avec le CVRM, Michel me confirme que son intention est de faire le CHC 1200 au lieu du PBP. Je suis heureux de cette nouvelle, nous serons deux Québécois et c’est plus facile de travailler au moins à 2 ou avec des gens que je connais.
A la mi-mai, l’organisateur du CHC 1200 permettait de réaliser un brevet avec quelques jours de retard à cause de plusieurs cyclistes des régions nordiques ne pouvaient pas réaliser certains brevets à cause du calendrier de leur club. Malgré cette opportunité, je ne voulais pas changer mon plan de match. Ainsi, j’aurais une fin de semaine ou deux pour refaire un brevet si j’avais un problème ou une défaillance.
Le premier brevet 7 mai, 200Km
43 inscrits dont Gilles Marion, Michel T, Sylvain N .Des cyclistes avec lesquels j’ai déjà roulé plusieurs brevets. Avec ce nombre important de cyclistes, j’ai une certaine appréhension soit celle des accrochages ou chutes. Le départ n’est pas trop rapide sauf que par la suite, le rythme sera soutenu. Notre groupe se scinde en 2 après avoir traversé Edouard VII pour St-Philippe. Nous sommes un groupe de 6. De ce groupe, nous serons seulement 4 dans la Covey Hill jusqu’à la fin. Ce brevet nous permet de découvrir un Frédéric beaucoup plus en forme que l’année 2010. Constat de ce 200Km : intensité élevée pour ce début de saison ou de brevets rapprochés, je devrai être moi-même.
2e brevet, 14 mai, 300Km
Encore un nombre important pour un brevet qui s’annonce sous la pluie. Je pars plus lentement, une dizaine de cyclistes se trouvent devant dans les premiers cinq kilomètres. Je remonte à l’avant progressivement pour être dans le peloton de tête sur Grande Allée. Je sais qu’aujourd’hui, je devrai doser adéquatement la distance avec la température, les pauses. Malgré que je sois bien vêtu, les pauses sont parfois déterminantes. On perd souvent de la chaleur mais ces pauses sont essentielles.
Après le premier contrôle, nous repartons à 3 . Michel et Frédéric seront mes partenaires pour le reste de ce 300Km. Progressivement, nous parcourons les kilomètres et les différentes montées. Chacun accepte la température et la qualité de la route à certains endroits. Nous formons un bon trio. A la fin, chacun avoue qu’il vient de réaliser leur plus grande distance sous la pluie soit 300 Km. Pour moi, ce fut un bon test physique et mental.
Le 3e brevet, 21–22 mai, 600Km
Brevet hors cédule afin de nous qualifier dans les délais pour le CHC 1200. J’avais donné rendez-vous à Michel au stationnement de la voie maritime un peu avant 5 heures afin de partir à l’heure. A cause des travaux après le tunnel et les détours dans la ville de Brossard, je n’arrive que quelques minutes avant 5 heures. C’est avec au moins 5 minutes de retard que nous partirons pour le 600KM du Lac Mégantic. La température au départ est de 14 degrés et variera que de quelques degrés dans notre fin de semaine. Notre objectif de départ est de le faire sans dormir si possible.
Le pavé est mouillé mais pas détrempé pour les premiers 100 Km et le taux d’humidité est élevé. Les différents monts et montagnes sont dans le brouillard. Pour quelques minutes seulement nous verrons un éclairci à Cookshire. C’est avec un vent de face et une température à la baisse que nous ferons le parcours nous amenant au Lac Mégantic. A Notre-Dame-des-Bois, j’enfilerai un collant afin de conserver ma chaleur au niveau des jambes.
La ville du Lac Mégantic est envahie par un brouillard qui nous transperce et qui rend la chaussée détrempée. Nous prenons le temps de bien souper et de se préparer à rouler de nuit. Après une dizaine de kilomètres, le pavé devient sec.
Durant la nuit, après Lennoxville, à chaque fois que nous passons près d’une étendue d’eau ou une coulée, la température baisse d’un ou deux degrés. A l’avant-dernier contrôle, nous prenons le temps de déjeuner et de se réchauffer. C’est à la clarté que nous repartons. La température demeure fraîche. Notre progression est encore bonne malgré la fatigue. Nous arrivons au dernier contrôle à 9h00 pile. (Constats, plus de linge pour rouler la nuit ou lorsque je suis fatigué)
Dernier brevet de qualification, 4 juin, 400Km
Premier brevet de l’année qui se déroule sans une goutte de pluie. Départ le matin à une température oscillant entre 11 et 12 degrés C. Pas longtemps après le départ soit quelques kilomètres plus loin sur Grande Allée, tout près de Salaberry, la température avait descendu à 7–8 degrés C. J’étais content d’avoir mis mon collant et un chandail à manches longues pour la 1re étape.
L’allure de ce brevet me semble plus rapide, plusieurs cyclistes forment le premier peloton et les autres ne suivent pas très loin. A l’avant, on retrouve Frédéric, Michel, Bernard, Alain, Simon et 1 ou 2 autres cyclistes dont je ne me rappelle pas les noms. Le rythme est soutenu. Est-ce le soleil qui donne cette énergie, le parcours relativement plat pour les premiers 80 Km ou un léger vent aidant ?
Il ne faut pas laisser le groupe aller car l’écart peut se creuser assez rapidement ou se tromper comme nous avons fait (Bernard, Michel, Frédéric et moi). Nous avons manqué le rang St-Édouard en dépassant environ de 500 m cet embranchement. Durant ce temps Alain, Simon et ? sont passés devant nous. Lorsque nous les avons rejoints sur St-Armand, la raison invoquée était que nous voulions libérer notre vessie en toute discrétion (hum! Hum!). Ou était-ce réellement le fait de rouler le nez sur le guidon ou les yeux fixés sur la roue du gars qui nous précède? Sans le questionnement de Michel, on aurait pu rouler plus d’un kolimètre.
Ce qui est agréable de ce brevet, ce sont les différentes vues des paysages. On oublie vite le champ de mines sur Grande Allée. Progressivement la plaine laisse place à un relief plus vallonneux ou montagneux en se dirigeant en Estrie. Les styles de maison ou de fermes changent également. Ce changement est assez radical lorsqu’on emprunte St-Armand, région de M. Foglia. Ferme des cimes, pommiers, vignes, vallée sur notre droite, chemin étroit avec une excellente qualité d’asphalte font qu’on oublie temporairement les efforts que nous fournissons. (Je n’ai pas toujours le nez sur le guidon ou les yeux fixés sur la roue avant .)
A notre surprise, le dépanneur n’a plus sa petite salle à manger ou ses galettes faites maison. On fait le plein de liquide, mange un peu. Durant ce temps, Alain fait recharger son gps dans une prise extérieure. Une quinzaine de minutes plus tard, c’est à 4 que nous repartons : Frédéric, Simon, Michel et moi.
Chacun sait que dans cette étape se trouve les principales montées de la journée : la montée au début De Richford, Scenic, Owl Head . Chacun a pensé à transporter du liquide supplémentaire à cause de la longueur à parcourir avant le 2e contrôle soit 111 Km. Notre groupe progresse bien autant dans les montées que pour les autres profils. Je découvre et j’apprends à connaître Simon : un gars puissant, bon rouleur et agréable à côtoyer. Le fait de ne pas être chargé comme un mulet semble lui donner des ailes.
Sur Richford, certains automobilistes nous dépassent à vive allure et ne semblent pas appréciés les cyclistes. A part cela, on peut apprécier les vignes, pommiers et le relief. La Vallée-Missisquoi après les crevasses de la Scenic nous permet d’apprécier son bon revêtement. Le chemin Du Lac nous offre une vue panoramique du lac Memprhémagog.
La pause à Sutton est appréciée et nécessaire afin de laisser un peu de temps à notre organisme de récupérer. Comme à l’habitude, Frédéric est un des premiers à être prêt à repartir. A voir Simon avec ses achats pour le dîner, je lui ai demandé s’il avait fait son épicerie pour la semaine : 4 litres d’eau, lait au chocolat, gatorade, boîte de barres tendres, 2 contenants de wraps, boîte de brownies . En parlant, il me raconte qu’il a parfois de la difficulté à repartir, il a le ventre plein, s’endort. Hum, je pense savoir pourquoi. Michel et Frédéric sont déjà sur leur monture depuis quelques instants lorsque nous les rejoignons. Frédéric et Michel partaient du mauvais côté lorsque je leur ai dit que la rue Académy n’est pas là.
L’ascension jusqu’à la 104 se fait bien, route tranquille et pente douce. 50 motocyclistes arrivent en même temps que nous à cette intersection, le vrombissement de leurs engins vient perturber notre quiétude.
La 215 avec son terrain vallonné et roulant nous amène au 3e contrôle. Bien que ce contrôle ne soit qu’à 30 Km de Sutton, Simon et moi prenons le temps de prendre une bouchée et de s’hydrater à nouveau. Frédéric et Michel nous disent qu’ils partent et qu’ils rouleront mollo.
Après être partis quelques minutes plus tard, nous rejoignons Michel sur la 112 à environ 5 Km de Eastman. C’est sur Georges-Bonnalie, quelques Km avant la 220 que notre trio rejoindrons Frédéric. (Frédéric a seulement 2 vitesses à mon avis soit vite ou arrêté).
La 220 et la 243 avec ses grands vallons nous amènent jusqu’à la 112. De ce point, nous savons que nous avons fini les ascensions et que le profil sera désormais descendant ou plat jusqu’au dernier contrôle.
Les conditions nous permettent de maintenir encore une bonne vitesse de croisière. A Granby, avant de prendre la piste cyclable nous amenant à St-Césaire, nous arrêtons au dépanneur afin de faire le plein de liquide, de manger un peu.
A Granby, nous croisons un cycliste dont je ne me souviens pas du nom et qui était du départ avec nous. Il nous raconte sa mésaventure, il a manqué le 2e contrôle en demeurant sur la 243 à Knowltown et poursuit sa route lors de notre arrêt à Granby.
Rendus à St-Césaire, je mentionne à mes confrères qu’il est possible d’améliorer le temps que j’avais réalisé sur ce parcours. Bien que nous partions quelques minutes en retard, il était très réaliste d’abaisser ce temps si on travaillait ensemble. Nous étions sur nos vélos à 6h45. Je calculais 50 Km, 1h38 pour 8h23, 30 km de moyenne = 1h40 . Donc oui, il était possible.
Ce sont toujours les lumières aux intersections qui sont l’imprévue. Malgré la fatigue du jour, on est capable de maintenir encore un bon tempo. Grande Allée semble plus pénible que le matin. Aux intersections, nous ne prenons pas de chance. Sur Gaétan Boucher, Frédéric me demande si on est dans les temps. Je lui réponds “Oui”, il nous reste seulement 4,5 Km.
Nous arrivons au Pétro-Canada à 20h16 et fiers d’avoir réussi ce brevet, de la camaraderie et de l’entraide mutuelle de notre quatuor.
Nous quittons le dépanneur vers le stationnant de St-Lambert. Nous adoptons une vitesse de récupération. Chacun change ses vêtements, se prépare pour le retour à domicile et on se félicite à nouveau.
Je prends le temps de manger et de boire avant de quitter. Durant cet instant, notre cycliste rencontré à Granby arrive. Il me mentionne qu’il a mangé au Subway en face du Tim Hortons et qu’il a été étonné de nous voir arriver aussi vite à St-Césaire. Il m’explique plus en détails son détour. Je lui réponds que j’avais déjà eu ce même questionnement lors d’un brevet mais qu’en regardant les cartes, j’avais poursuivi ma route.
Maintenant que les brevets sont complétés pour la qualification, le plus difficile est à venir soit de garder la forme et être prêt pour le 1200 km qui aura lieu du 11 au 14 juillet.
Avant le départ du CHC, j’ai roulé un 200km — 320km — 100km — 200km — 100km durant les fins de semaine et des sorties variant entre 1h15 et 1 h45 dans la semaine. Je ne pouvais pas rouler plus à cause de mon travail qui était plus demandant en cette période de l’année.
Départ le 3 juillet pm vers Laramie au Wyoming en auto.(3200km en 2,5 jours). Coucher à Toronto, Davensport et Laramie). Laramie est à 7165 pieds en altitude. Je voulais passer au moins 6 jours en altitude afin d’acclimater mon corps.
La haute altitude
De façon générale, la haute altitude signifie tout endroit se trouvant à plus de 5280’ (1610m) au dessus du niveau de la mer. L’altitude moyenne du Colorado est de 6800’ (2073m)’. Donc, logiquement, la plupart du temps passé lors de ce 1200 km sera en haute altitude.
En haute altitude, tout le monde est affecté à un certain degré. Les effets varient d’un individu à l’autre et couvrent une variété de symptômes. Les deux principales différences entre les zones de basse altitude (le Québec par exemple) et les zones de haute altitude sont : diminution de la densité de l’air et diminution de l’humidité contenue dans l’air. À une altitude de 8000’ (2439m) à 10 000′ (3049m), l’air est 40 à 45% moins dense (créant ainsi le sentiment du manque d’oxygène) et le taux d’humidité est de 50 à 80% plus bas qu’au niveau de la mer. Un passage rapide de la basse à la haute altitude peut produire les symptômes suivants : mal de tête, nausées, congestion nasale, souffle court, insomnie, diarrhée, essoufflement intense, palpitations ou battements cardiaques rapides, fatigue facile, intolérance à l’exercice, perte d’appétit, étourdissements, flatulence accrue et toux.
Les effets normaux de la haute altitude seront portés à disparaître au fur et à mesure que le corps s’adaptera au plus faible niveau d’oxygène et d’humidité. Le processus d’acclimatation peut durer de quelques jours à quelques semaines, dépendamment des personnes. Il est conseillé de ne pas faire d’intensité lors de notre arrivée en haute altitude et de manger de la nourriture légère, boire beaucoup et éviter l’alcool, du moins pour les 48 à 72 premières heures. L’alcool ne fait qu’aggraver les symptômes. Un exercice physique trop intense le premier jour, alors que notre corps n’est pas adapté, peut amener des symptômes plus importants et plus persistants.
Les symptômes que j’ai ressentis avant le départ du 1200 km sont : léger mal de tête, augmentation de ma pression sanguine.
Notre terrain de jeu
Notre terrain de jeu dans le Colorado et le Wyoming sera de magnifiques montagnes, vallées, rivières, canyons, gorges et forêts où la vie sauvage est présente. Sur notre parcours, nous côtoierons orignaux, wapitis, antilopes d’Amérique, cerfs, renards .…Évidemment, les ranches avec ses chevaux et bétail feront également partie du décor. Notre départ se trouve au pied des Rocheuses où les Indian Peaks, Medecine Bow Mountains et Les Snowies nous ceintureront pour la majorité du parcours et où nous nous promènerons dans les parcs Rosevelt, Arapaho, Medecine Bow …
Mon premier entraînement a été le 6 juillet en après-midi soit un 35 km à allure confortable. Je ne vois pas de différence notable tant au niveau cardiaque qu’au niveau musculaire. Ce petit entraînement m’a permis de constater que ma nouvelle chaîne sautait à cause du maillon de jonction trop rigide.
Deuxième et dernier entraînement avant le 11 juillet est un 50 km, trajet entre Granby et Grand Lake(portion du 1200 km). Altitude en moyenne à 8000 pieds. Le feeling est bon, jambes et intensité cardiaque. 10 juillet, après l’inspection des vélos, nous allons souper Michel et moi ainsi que nos épouses et la fille de Michel. Après une nuit de 6 heures, Michel vient déjeuner dans ma chambre avant le grand départ.
4h00, le départ est donné aux 48 partants. Mon objectif est de rouler avec un groupe de cyclistes de mon potentiel si possible. En sortant de la ville, le groupe s’allonge et je ne sais pas où se situe Michel car au départ, nous ne sommes pas placés l’un à côté de l’autre. Cette section d’une longueur de 100 km environ ne présente pas de défis majeurs. Je vois des cyclistes un peu devant moi qui s’éloignent progressivement. Comme je suis parfois incertain du chemin à prendre, je préfère rouler avec mon groupe de 7 cyclistes.
Les contrôles autres que les arrêts pour la nuit sont aux frais des participants (comme le CVRM). Après le plein de liquide et un léger goûter, je repars pour la 2e section longue de 55 km avec une montée progressive partant de 1550 m à 2175 m. Malgré que le pourcentage de la pente soit léger et que mon rythme cardiaque oscille près des 130 , mes jambes sont facilement contractées et cette sensation d’inconfort me porte à la sagesse, je ne me sens pas dans une bonne journée. Le côté positif, je ne me fais pas rejoindre.
Le paysage est splendible, on serpente le long de la rivière Poudre et les montagnes. Un nouveau décor s’offre à mes yeux à chaque détour et j’entends le rugissement de l’eau qui se fracasse sur les rochers et déferle cette pente.
Arrivé au 2e contrôle, où mon épouse m’attend, elle m’informe que Michel est en avant et a 45 minutes d’avance et qu’il y a une quinzaine de cyclistes qui sont déjà repartis. Comment ça va, tu as l’air fatigué ??? Ce n’étaient pas les mots d’encouragement que je m’attendais.
Après un léger repos, je continue l’ascension de la Cameron Pass, 2175 m à 3150m (44 km d’ascension). Dans celle-ci, j’essaie de faire disparaître les idées négatives de ma tête en regardant les paysages et les sommets enneigés qui se dressent au loin tant à l’avant qu’à ma droite.
Je sais qu’après le sommet, le profil sera descendant jusqu’au contrôle. Je prends soin de boire et de manger régulièrement. Après avoir franchi le sommet à 10276 pieds, le tracé nous fait longer d’immenses champs ou ranch dans la vallée.
Arrivé à Walden vers les 14h20 et après avoir franchi 252 km, j’oublie mon plan A. Le plan A était de faire la Snowy Pass (10790 pieds, distance de l’étape 122 km) la première journée et de faire le 1200 km en 2 dodos seulement. (voir plan A plus loin).
Une vingtaine de minutes plus tard, j’entreprends la dernière section de la journée. Le profil est descendant et nous amène au 1er endroit pour dormir (108 km, altitude 2475 m à 2100m). En plus d’un profil descendant, nous avons un vent de dos pour la première portion.
Je remonte tranquillement 2 cyclistes qui sont dans ma mire au loin, Je les vois travailler en équipe en prenant des relais de façon méthodique. Je parviens à les dépasser suite à un léger problème de dérailleur de l’un d’eux.
Une trentaine de km avant Saratoga, un cycliste est arrêté à un dépanneur. J’en fais de même. Achat d’un coke et d’une banane. Assis confortablement sur une chaise berçante, j’apprécie ces moments de détente. Durant ces instants, les 2 cyclistes que j’avais précédemment dépassés arrêtent également.
Ayant hâte d’arriver, je repars le premier des 4. Je sais que j’ai l’énergie pour maintenir le rythme.
Arrivée à 18h53 après 360 km, je vais retrouver Michel à notre chambre que nous partageons. Ça fait déjà 45 minutes qu’il est arrivé. Il me raconte qu’il était dans un groupe de 4 en avant dans la Cameron Pass et qu’il était même le premier au sommet.
Je lui raconte que je n’avais pas de jambes et que je devais respecter mon corps. Il me demande si je repars après avoir souper. Je lui réponds : non, seulement demain matin vers les 4h00 soit l’heure de départ de plusieurs. Il semblait un peu déçu mais sachant que personne ne repartait immédiatement, il décida de faire la même chose.
En me couchant, je me disais qu’il faut que j’aie des jambes demain. Je parviens à m’endormir difficilement à cause du bruit des douches ou du va et vient. Malgré un sommeil léger, je me sens bien au lever et nous repartons à3h37 du matin. A notre surprise, pratiquement la moitié des cyclistes sont déjà repartis.
Je m’habille en long car je sais que malgré l’ascension, la température sera à la baisse. Au loin, dans la montée, je peux apercevoir les lumières rouges qui nous précèdent. La nuit a été récupératrice car j’ai de bonnes sensations au niveau des jambes. Progressivement, je remonte un cycliste, un deuxième, troisième…Ce sont 14 cyclistes que je remontrerai dans l’ascension de la Snowy Pass sur une distance de 58 km (2100m à 3350m).
Plus je monte, plus la température extérieure descend. Je dois arrêter mettre des mitaines par-dessus mes gants. Je mouline bien, mon rythme cardiaque n’est pas dans le rouge et mes jambes sont décontractées. Il me semble que je sois parti pour une bonne journée.
Il fait bizarre, dépaysant même de rouler en plein mois de juillet avec des bancs de neige. Encore une fois, avec la levée du jour, ces montagnes avec ses pics enneigés sont magnifiques. Dans la montée, j’ai distancé Michel et je me dis qu’il doit s’être arrêté pour s’habiller car il était parti en court.
Pas longtemps après avoir amorcé la descente, je crois voir un mirage, je ressens une drôle de sensation en passant à côté du lac miroir qui se trouve à la hauteur du chemin à ma gauche. Le reflet de la montagne sur le lac était identique, une réflexion parfaite, une vraie photo de carte postale.
Lors de la descente, je sens la température augmentée. Un paysage de plateau entouré de montagnes est mon nouveau décor. Ces champs plus ou moins désertiques où broutent chevaux ou boeufs. Dans une montée, je dois m’arrêter pour enlever mes vêtements longs. Michel n’est pas visible à l’horizon. Je décide de répartir et l’attendre à Laramie.
Au Mcdonald de Laramie, mon épouse m’attend et me dit que nous avons pris la bonne décision de ne pas continuer la veille car elle a roulé 60 km à la pluie et neige dans la Snowy Pass. Quelques minutes plus tard, Michel arrive. Après qu’il ait pris le temps de s’alimenter, nous repartons pour la 2e fois pour Walden. Avant d’entreprendre les montées, nous franchissons de longues lignes droites. Les relais se font à tous les milles. En ce début de journée, les fesses commencent à être douloureuses. Je dois me lever régulièrement afin d’enlever un peu de pression.
Lors des montées, je distance progressivement Michel qui se respecte. Un peu plus loin, je rejoins un cycliste qui était parti quelques minutes devant nous. Le dernier tronçon de route pour se rendre à Walden est légèrement vallonné dans cette prairie plus ou moins fertile.
Réunis à nouveau à Walden, nous repartons Michel et moi pour les 2 dernières passes prévues à l’horaire de la journée. La Muddy Pass à 8772 pieds et la Rabbit Ears Pass à 9426 pieds. Le ciel est de en plus menaçant lorsqu’on se dirige vers la Muddy Pass. Lorsque la pluie débute, nous prenons le temps de revêtir notre imper. Une dizaine de minutes plus tard, nous l’enlevons car nous ne sommes plus sous les nuages.
Rendus sur le plateau de la 2e Passe, le vent et le froid se font sentir. Je dois revêtir à nouveau ma veste avant d’entreprendre la descente de 7 milles à 7 %. La pluie est de en plus en plus près. J’espère arriver en bas avant que la pluie débute. Dans la descente, je dois être vigilant à cause d’une zone de réparation et le chemin légèrement endommagé un peu plus loin. Lors de la descente, j’aperçois la pluie qui tombe dans la vallée. Celle-ci me tombe dessus dans les dernières cinq minutes avant le contrôle.
Au motel, je dis à Michel qu’il est toujours possible de réaliser le plan A avec un dodo plus court à celui d’hier et de faire le dernier 530 km sans pratiquement dormir la prochaine nuit. Il me demande si je suis prêt à partir à 8h. Je lui réponds que je dois dormir au moins une heure mais j’attends que la pluie cesse. Après vérification, la pluie devrait cesser vers 22 heures. Je lui dis OK, on partira tantôt. Durant ma sieste, Michel informe son épouse de notre plan. Comme à 22 heures, il pleut encore, nous retardons notre départ. Ce temps supplémentaire permet à nos gps et batteries de se recharger.
Le plan A original prévoyait des départs vers 4h00 à chaque matin et des distances plus courtes d’une journée à l’autre. La 1re journée devait être la plus longue et difficile.
Avant de partir, nous allons à nouveau manger et de faire le plein de liquide car nous devrons être autonomes jusqu’au lendemain matin. Il est minuit lorsque nous repartons. Un km plus loin, nous croisons un cycliste qui arrive au contrôle. Le pavé est encore détrempé sauf que le ciel se dégage et la lune apparaît timidement de temps en temps. Comme convenu, j’attends Michel en haut des côtes. Un seul cycliste nous précède. Celui-ci a une avance de 8 heures environ. Notre objectif n’est pas de le rejoindre mais de rouler à notre propre rythme.
Dans la nuit, nous faisons fuir un chevreuil qui se tient en bordure de la route. Et un peu plus loin à Oak Creek, un wapiti traverse la rue principale devant moi. Je préfère observer ces cervidés que de voir ramper les vers de terre sur cette chaussée mouillée.
La montée de la Gore Pass dans la nuit se fait à un rythme un peu moins rapide. Pour une deuxième fois, je mettrai mes mitaines afin d’avoir chaud aux mains. Avant d’atteindre le sommet, nous devons redescendre d’une couple de centaines de pieds avant de remonter finalement à 9527 pieds pour une dizaine de km supplémentaires d’ascension.
Dans les premiers km de la descente vers Kremmling, nous avons quelques bancs de brouillard. La descente à l’aube se fait très bien puisque nous sommes pratiquement seuls sur la route. Rendus à Kremmling, nous devons attendre quelques minutes afin de pouvoir déjeuner à un restaurant. Celui-ci n’ouvrant pas ses portes avant 6h00. Après avoir mangé du pain doré et crêpes, nous repartons vers Grand Lake, une section un peu plus courte mais en montant.
Le décor est époustouflant dans le Canyon Byer et la rivière Colorado juste avant Hot Sulphur Springs. Cependant, il n’y a pratiquement pas d’accortement et parfois des roches qui sont tombées des parois rocheuses. Après Granby, le 15 milles qui nous sépare de Grand Lake, je le connais bien puisque je l’ai fait 2 fois en entraînement la semaine précédente.
C’est à cet endroit, que Michel précise sa pensée par rapport à notre progression commune : ne pas seulement l’attendre en haut des côtes mais d’y aller à mon rythme. Ses problèmes de digestion l’empêchent de bien rouler. Après avoir vérifié son état d’âme, j’ai décidé de poursuivre à mon rythme sachant qu’il pourrait arrêter à Walden pour un roupillon si nécessaire.
Environ une heure plus tard à Grand Lake et quelques instants avant que je reparte pour Walden, nous nous retrouvons. Après nos mots d’encouragements, je pars pour la Willow Creek Pass en revenant sur nos pas pour 25 km environ. En lâchant la route 40, quelques km seulement sur la route 125 et en haut d’une colline sur ma gauche se tiennent fièrement 4 wapitis. Ils me regardent aller sans broncher sur cette route paisible. A part des fessiers qui me font souffrir, les jambes et le moral sont bons.
Quelques km avant la fin de l’ascension de la Willow Creek Pass, un phénomène de la nature attire mon attention. Une paroi de la montagne, coupée au couteau ou presque, se tient à ma droite. Après la descente de la passe, il nous reste 22 milles sur le plat et en ligne droite pour notre dernière arrivée à Walden. Ce contrôle est prévu pour le 3e dodo par l’organisation. Pour moi, il s’agira d’une heure de repos afin de bien m’hydrater et m’alimenter avant le dernier droit jusqu’à l’arrivée (232 km)
Durant mes derniers préparatifs pour la dernière nuit, Michel arrive au motel à Welden. Il semble mieux mais veut prendre du repos avant d’entreprendre ce dernier droit. Moi, je souhaite descendre la Cameron Pass à la lumière du jour ainsi que la Poudre River avec tous ses détours.
Mes jambes sont encore bonnes dans la montée de la Cameron Pass, je continue à bien mouliner. Je me rappelle de certains endroits que j’avais remarqués deux jours auparavant. J’arrive au sommet vers 18h30 et heureux d’avoir terminer cette dernière ascension majeure. Un peu plus loin, une affiche indique une descente de 15 milles. Je ne roule pas aussi vite que je souhaiterais à cause d’un vent de face, Dans cette descente, je fais l’erreur de ne pas pédaler, les jambes veulent se crisper par le vent, le froid et la fatigue. Lorsque je veux recommencer à pédaler, je dois y aller vraiment mollo. Par chance, elles ne crampent pas. Je reprends le rythme progressivement et j’augmente un peu la cadence afin de profiter le plus longtemps possible de la lumière du jour.
Arrivé à l’avant-dernier contrôle, je m’achète un café et je mange un peu avant de repartir pour un dernier trente minutes de clarté. Je serpente le long de la rivière Poudre qui est au début à ma droite et par la suite à ma gauche. Le son de la rivière au départ ne m’indispose pas mais après une quinzaine de kilomètres, j’ai hâte d’écouter le silence. La noirceur est arrivée et je roule toujours le long de la rivière. Un moment je pense à Michel et je souhaite qu’il ne s’endorme pas à cet endroit car un plongeon dans la rivière serait fatal. Je me fais dépasser de temps en temps par des autos qui semblent être très à l’aise dans ces détours.
En haut des montagnes sur ma gauche, je vois des éclairs, l’orage me précède. Quelques instants plus tard, la pleine lune essaie de prendre sa place entre les montagnes. Paysage grandiose mais de courte durée.
J’arrive au contrôle à 22h18, le magasin est fermé et je m’aperçois rapidement que la majorité des commerces ferment à 22h00 au Colorado. Où trouver du liquide pour ce dernier 90 km. Il me reste qu’une bouteille. Je peux encore faire un bout et je souhaite trouver un garage encore ouvert sur le parcours.
Après avoir vérifié la route à suivre sur la feuille de route car mon gps comme au premier jour veut me faire passer par d’autres petites rues. Je roule dans la bonne direction et j’en ai pour 11 milles avant de changer de rue. Je quitte la ville progressivement et tout un coup ma première crevaison. A la lumière de ma frontale, je fais la réparation. A peine reparti, une deuxième crevaison. Il me reste une dernière chambre à air. Je vérifie attentivement mon pneu à l’intérieur et je ne trouve rien de spécial. Je repose une nouvelle chambre à air et je fais bien attention de ne pas la pincer. Je réinstalle ma roue et je repars nerveusement. Je souhaite de ne plus crever car je devrai mettre des rustines.
La lune et les éclairs se partagent le ciel et éclairent légèrement la route. Une quarantaine de kilomètres plus loin, pratiquement en plein désert, j’entends mon pneu arrière se dégonfler soit ma troisième crevaison. Je défais ma roue et j’examine plus qu’une fois mon pneu pour voir enfin que mon pneu est fendu sur le côté extérieur. J’installe une rustine et un morceau de caoutchouc à l’intérieur du pneu. Je me croise les doigts que ça tiennent le coup. J’utilise cette fois-ci ma pompe à main pour gonfler mon pneu. Je suis incapable de mettre la même pression qu’à l’habitude mais je préfère être prudent dans le gonflage. Lorsque je remets ma roue, j’ai de la difficulté à l’installer car mon dérailleur semble être tordu. Quelques instants de panique, je ne souhaite pas que mon bras du dérailleur soit tordu car ça serait la fin ou presque. Je me ressaisis et j’essaie de bien m’éclairer. Je repositionne ma chaine, je centre ma roue et ça y est … tout est fonctionnel. Je ne prends pas de chance, je dessers mon frein arrière pour être certain que des petites pierres ne demeurent pas coincées et frottent sur mon pneu …
Je roule mais la conscience n’est pas tranquille, j’ai toujours la crainte de crever à nouveau. Le ciel est toujours à l’orage à ma gauche, les éclairs illuminent le ciel régulièrement. Lorsque ce ne sont pas les éclairs, c’est la lune qui essaie de se faire une place entre les nuages. Beep, beep, batterie faible. En lisant ce message, je m’arrête et je mets en fonction ma batterie en extra. Le tout fonctionne bien et je peux continuer à me servir de mon gps sans problème. Je peux m’y fier, c’est seulement dans la ville qu’il avait voulu me faire prendre d’autres rues.
Un autre problème survient, ma lumière s’éteint tout d’un coup. Cette fois-ci, je n’ai pas de batterie d’extra sauf une autre lumière qui n’éclaire pas avec la même intensité. Par chance, le tracé est plat et dans les champs, la lumière de la lune malgré les nuages éclaire tout de même suffisamment. Avec ces problèmes qui se succèdent, je commence à me sentir seul sur cette route en plein milieu de la nuit. Ça y est mon gps flanche de nouveau, la batterie extra n’a pas eu suffisamment de temps pour se recharger lors de mon dernier arrêt à Walden. J’essaie de redémarrer mon gps, il s’allume quelques secondes soit suffisamment de temps pour me permettre de voir où je suis et quelle distance encore à franchir pour l’arrivée. Je continue d’avancer et j’ai hâte de voir les lumières de la ville.
J’ai toujours cette crainte d’une crevaison. Lorsque je passe une voie ferrée ou franchis un pont, je me lève sur mes pédales afin d’alléger ma roue arrière. Je commence à reconnaître des commerces et des noms de rue. J’avais déjà passé à ces endroits en auto ou en vélo. A chaque intersection, je prends le temps de vérifier ma carte et la distance sur mon odomètre. Seulement 5 milles et je serai arrivé. . De plus en plus confiant de terminer, je repars comme si je venais de partir…McCaslin Blvd et par la suite 0,8 mille sur Dillon Rd et Finish ». Je pèse sur les pédales malgré la fatigue et un manque d’alimentation dans ce dernier 90 km. Une seule bouteille de liquide mais plusieurs barres tendres avalées.
Arrivée à 3h37 ce jeudi matin soit après 71h37 minutes depuis le départ. À un certain moment, soit 120 Km avant la fin, je croyais possible de terminer en 70 heures. J’aurai pris pratiquement 5 heures pour cette dernière section. Cinq heures, pas à cause d’un manque d’énergie mais à cause de ces crevaisons, le temps pour vérifier mon itinéraire, batterie … Heureux d’avoir terminé, je monte à la chambre, je mange et bois avant de prendre une douche et dormir.
Le lendemain matin, j’apprends que Michel est parti de Walden avec un autre cycliste et qu’il est arrivé pas longtemps après moi. Lorsque je le revois durant la journée, on se félicite mutuellement et on échange sur ce 1200 km que nous venons de vivre et compléter.
Merci à Jean Robert de nous avoir permis de réaliser le brevet du 600 Km avant la date prévue au calendrier et d’avoir fait le suivi de notre qualification avec l’organisateur du CHC 1200. Les différents parcours pour les brevets nous préparent très bien pour les 1200.
Marcel Marion