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Nous voici donc au 25 juin, date de notre dernier brevet qualificatif pour PBP 2011. Cela m’apportait de la nervosité surtout que la météo n’annoncait rien de bon.
J’avais pu rouler la veille, 25 kms sous la pluie, ainsi que le lundi, 36 kms en intervalle. Depuis le 400 kms de début juin j’avais, en plus de deux sorties nerveuses en semaine, refait le 400 kms tout seul la semaine suivante puis fait un 220 toujours tout seul à 29.3 km/heure dans la région de Rigaud. Tout cela devait être assez pour le grand jour.
Je suis arrivé sur le stationnement autour de 4:30, Alain et Michel avec son beau VR était déjà là. Il pleuvait, alors j’ai flané dans l’auto en attendant.
Toujours est il que je me suis préparé à la dernière minute et quand Jean nous a dit ok c’est parti, je suis parti la fleur au fusil. 2 kms plus loin, je discutais avec Bernard et d’un coup je me suis rendu compte que j’avais oublié mon camel back à l’auto. Pas le choix de retourner, on ne peut pas faire 600 kms sans s’hydrater correctement.
En repartant du stationnement, j’ai voulu récupérer mon retard et retrouver Bernard et Simon. Évidemment, je me suis rendu compte de la force du vent. Néanmoins, je roulais bien, certainement trop vite pour un début de 600. À un certain moment, j’ai ralongé le parcours et j’ai induit Michel dans mon erreur.
Je suis arrivé au premier contrôle à 7:28. Je suis reparti quelques minutes plus tard. Je me suis regroupé avec Bernard et Simon et avons abordé ensemble les premiers faux plats. Nous avons dépassé Alain et à Granby Bernard nous a laissé pour prendre un café et prendre quelque chose à manger. Je pense qu’il ne voulait pas faire la même erreur que l’an dernier et ainsi prendre trés soin de son alimentation.
Simon et moi avancions sur la Rte 112 direction Orford, notre rythme était rapide. Nous n’avions pas conscience qu’il nous restait plus de 500 kms et des côtes, beaucoup de côtes. Vers Stukeley, Simon a laché prise, je l’ai attendu et nous nous sommes arrêtés pour un besoin naturel. Tout de suite après, avec la côte suivante, Simon de nouveau ne peut maintenir le rythme.
J’ai décidé de poursuivre seul, il restait un peu moins de 500 kms et je n’avais pas encore passé Orford. Je me suis mis dans ma bulle, me suis concentré à monter la côte le plus souvent assis, en surveillant ma cadence (92–95 sur le plat, 70–80 en côte) et ma pulsation cardiaque (le moins possible au dessus de 140). Tout allait bien, mais je ressentais un manque de fraîcheur. Ma poursuite jusqu’au premier contôle et nos relais appuyés avec Simon, le tout face à un vent assez violent avait entamé mes réserves.
Le temps s’éclaircie, je rattrape un groupe de cyclistes qui vient de Magog, il me disent qu’il ne devrait pas pleuvoir aujourd’hui. J’arrive à Crompton à 12:13, je mange quelque chose, parle avec l’épouse de Michel qui le suit de contrôle en contrôle. puis je reprends ma route à 12:40.
Tout va bien jusqu’à Cookshire où j’arrive à 14:45, puis repars 20 minutes plus tard. Les premiéres côtes de la route des sommets se montent bien, tout va pour le mieux. Je passe La Patrie et par la suite je commence à ressentir plus de fatique. Je m’alimente, je m’hydrate mais avec toutes ces côtes .…
Arrive Notre-Dame-des-Bois, toujours difficile. Je dois utiliser mon 27 dents alors qu’avant mon maximum était un 25. Une autre côte ensuite aussi difficile, surtout qu’on l’a voit de loin et que l’on se demande comment il sera possible de monter là-haut. Arrive Woburn, je tourne à Gauche, puis au Y à droite et là, plus de force, rien. Je comprends que je fais une hypoglycémie, je m’alimente en Chews (bonbons organiques) provenant de la MEC, (un vrai miracle ), d’une tranche de pain d’épice et d’une barre tendre. Pas plus de 5 minutes, mes forces me reviennent et m’amènent jusqu’à Lac Megantic où j’arrive à 19:15.
J’en profite pour me changer pour la nuit, le ciel ne prévoit rien de bon, de gros nuages noirs arrivent droit sur moi. Je repars, fais attention à la voie de chemin de fer à la sortie de la ville (très glissante). Je passe Nantes puis Milan et installe mes lumières avant le village suivant. La pluie commence à tomber et les côtes reviennent de plus en plus abruptes.
Je roule, mais je commence à avoir sommeil et une autre hypoglycémie me tombe dessus. J’utilise le même remède et le résultat devient alors similaire. Je repars avec la pluie et j’arrive à Lennoxville à minuit 8 minutes. Je rejoins ma chambre après avoir avalé deux bagels à la crème arrosés d’un lait au chocolat. J’ai mis du temps à trouver le poste de sécurité des résidences de l’Université Bishop et me suis couché un peu avant 1:00, après une douche réparatrice.
A 5 heures, j’entends quelqu’un qui prend sa douche, je me dit que ce cycliste est en train de se préparer pour partir. Je me lève et me dit que je pourrais ne pas finir le brevet seul. Je remets ma clé avant 6 heures et je demande à la sécurité à quelle heures sont arrivés les autres cyclistes. On me dit entre autre que 2 cyclistes sont arrivés à 5 heures. Donc en fait la douche était prise par un cycliste qui arrivait et non pas qui repartait .…
Je retourne au Tim Horton, prends un solide déjeuner (3 patisseries et un café ) et repars avec tout de suite la côte à Lennoxville comme rechauffement. Il recommence à pleuvoir avant Magog mais à faible intensité. Je continue ma route, la pluie s’intensifie sur le chemin des pères. Je rejoins Cowansville par la déviation (la route est bloquée pour travaux, comme c’est le cas un peu partout …) à 10:23.
Je repars après un repas et me dis que le vent devrait être assez favorable. Je me rends compte que non, il est plutôt de face. En fait le vent a tourné et nous avons eu le vent de face ou défavorable une grosse partie du brevet.
J’arrive au dernier contrôle à 14:19. J’achète une bouteille d’eau et une crême glacée et vois arriver Alain qui le termine sans avoir dormi. Je pensais que j’aurais pu le faire sans dormir, mais la pluie et le sommeil (je m’endormais sur le vélo ) m’ont poussé à la sagesse en honorant la réservation de la chambre que j’avais faite à Lennoxville .
C’est certain que mes 550 kms seul (en tout ), le vent, la pluie et le rythme trop rapide au début ont entamé pas mal mes réserves. Mais quelle belle préparation pour PBP 2011.
Merci pour tout.
Frederic Perman
25 juin 2011