En route vers le PBP 2011 par Frédéric Perman

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Nous voici donc au 25 juin, date de notre dernier brevet qual­i­fi­catif pour PBP 2011. Cela m’ap­por­tait de la ner­vosité surtout que la météo n’an­non­cait rien de bon.

J’avais pu rouler la veille, 25 kms sous la pluie, ain­si que le lun­di, 36 kms en inter­valle. Depuis le 400 kms de début juin j’avais, en plus de deux sor­ties nerveuses en semaine, refait le 400 kms tout seul la semaine suiv­ante puis fait un 220 tou­jours tout seul à 29.3 km/heure dans la région de Rigaud. Tout cela devait être assez pour le grand jour.

Je suis arrivé sur le sta­tion­nement autour de 4:30, Alain et Michel avec son beau VR était déjà là. Il pleu­vait, alors j’ai flané dans l’au­to en atten­dant.

Tou­jours est il que je me suis pré­paré à la dernière minute et quand Jean nous a dit ok c’est par­ti, je suis par­ti la fleur au fusil. 2 kms plus loin, je dis­cu­tais avec Bernard et d’un coup je me suis ren­du compte que j’avais oublié mon camel back à l’au­to. Pas le choix de retourn­er, on ne peut pas faire 600 kms sans s’hy­drater cor­recte­ment.

En repar­tant du sta­tion­nement, j’ai voulu récupér­er mon retard et retrou­ver Bernard et Simon. Évidem­ment, je me suis ren­du compte de la force du vent. Néan­moins, je roulais bien, cer­taine­ment trop vite pour un début de 600. À un cer­tain moment, j’ai ralongé le par­cours et j’ai induit Michel dans mon erreur.

Je suis arrivé au pre­mier con­trôle à 7:28. Je suis repar­ti quelques min­utes plus tard. Je me suis regroupé avec Bernard et Simon et avons abor­dé ensem­ble les pre­miers faux plats. Nous avons dépassé Alain et à Gran­by Bernard nous a lais­sé pour pren­dre un café et pren­dre quelque chose à manger. Je pense qu’il ne voulait pas faire la même erreur que l’an dernier et ain­si pren­dre trés soin de son ali­men­ta­tion.

Simon et moi avan­cions sur la Rte 112 direc­tion Orford, notre rythme était rapi­de. Nous n’avions pas con­science qu’il nous restait plus de 500 kms et des côtes, beau­coup de côtes. Vers Stuke­ley, Simon a laché prise, je l’ai atten­du et nous nous sommes arrêtés pour un besoin naturel. Tout de suite après, avec la côte suiv­ante, Simon de nou­veau ne peut main­tenir le rythme.

J’ai décidé de pour­suiv­re seul, il restait un peu moins de 500 kms et je n’avais pas encore passé Orford. Je me suis mis dans ma bulle, me suis con­cen­tré à mon­ter la côte le plus sou­vent assis, en sur­veil­lant ma cadence (92–95 sur le plat, 70–80 en côte) et ma pul­sa­tion car­diaque (le moins pos­si­ble au dessus de 140). Tout allait bien, mais je ressen­tais un manque de fraîcheur. Ma pour­suite jusqu’au pre­mier con­tôle et nos relais appuyés avec Simon, le tout face à un vent assez vio­lent avait entamé mes réserves.

Le temps s’é­clair­cie, je rat­trape un groupe de cyclistes qui vient de Magog, il me dis­ent qu’il ne devrait pas pleu­voir aujour­d’hui. J’ar­rive à Cromp­ton à 12:13, je mange quelque chose, par­le avec l’épouse de Michel qui le suit de con­trôle en con­trôle. puis je reprends ma route à 12:40.

Tout va bien jusqu’à Cook­shire où j’ar­rive à 14:45, puis repars 20 min­utes plus tard. Les pre­miéres côtes de la route des som­mets se mon­tent bien, tout va pour le mieux. Je passe La Patrie et par la suite je com­mence à ressen­tir plus de fatique. Je m’al­i­mente, je m’hy­drate mais avec toutes ces côtes .…

Arrive Notre-Dame-des-Bois, tou­jours dif­fi­cile. Je dois utilis­er mon 27 dents alors qu’a­vant mon max­i­mum était un 25. Une autre côte ensuite aus­si dif­fi­cile, surtout qu’on l’a voit de loin et que l’on se demande com­ment il sera pos­si­ble de mon­ter là-haut. Arrive Woburn, je tourne à Gauche, puis au Y à droite et là, plus de force, rien. Je com­prends que je fais une hypo­gly­cémie, je m’al­i­mente en Chews (bon­bons organiques) provenant de la MEC, (un vrai mir­a­cle ), d’une tranche de pain d’épice et d’une barre ten­dre. Pas plus de 5 min­utes, mes forces me revi­en­nent et m’amè­nent jusqu’à Lac Megan­tic où j’ar­rive à 19:15.

J’en prof­ite pour me chang­er pour la nuit, le ciel ne prévoit rien de bon, de gros nuages noirs arrivent droit sur moi. Je repars, fais atten­tion à la voie de chemin de fer à la sor­tie de la ville (très glis­sante). Je passe Nantes puis Milan et installe mes lumières avant le vil­lage suiv­ant. La pluie com­mence à tomber et les côtes revi­en­nent de plus en plus abruptes.

Je roule, mais je com­mence à avoir som­meil et une autre hypo­gly­cémie me tombe dessus. J’u­tilise le même remède et le résul­tat devient alors sim­i­laire. Je repars avec la pluie et j’ar­rive à Lennoxville à minu­it 8 min­utes. Je rejoins ma cham­bre après avoir avalé deux bagels à la crème arrosés d’un lait au choco­lat. J’ai mis du temps à trou­ver le poste de sécu­rité des rési­dences de l’U­ni­ver­sité Bish­op et me suis couché un peu avant 1:00, après une douche répara­trice.

A 5 heures, j’en­tends quelqu’un qui prend sa douche, je me dit que ce cycliste est en train de se pré­par­er pour par­tir. Je me lève et me dit que je pour­rais ne pas finir le brevet seul. Je remets ma clé avant 6 heures et je demande à la sécu­rité à quelle heures sont arrivés les autres cyclistes. On me dit entre autre que 2 cyclistes sont arrivés à 5 heures. Donc en fait la douche était prise par un cycliste qui arrivait et non pas qui repar­tait .…

Je retourne au Tim Hor­ton, prends un solide déje­uner (3 patis­series et un café ) et repars avec tout de suite la côte à Lennoxville comme rechauf­fe­ment. Il recom­mence à pleu­voir avant Magog mais à faible inten­sité. Je con­tin­ue ma route, la pluie s’in­ten­si­fie sur le chemin des pères. Je rejoins Cow­ans­ville par la dévi­a­tion (la route est blo­quée pour travaux, comme c’est le cas un peu partout …) à 10:23.

Je repars après un repas et me dis que le vent devrait être assez favor­able. Je me rends compte que non, il est plutôt de face. En fait le vent a tourné et nous avons eu le vent de face ou défa­vor­able une grosse par­tie du brevet.

J’ar­rive au dernier con­trôle à 14:19. J’achète une bouteille d’eau et une crême glacée et vois arriv­er Alain qui le ter­mine sans avoir dor­mi. Je pen­sais que j’au­rais pu le faire sans dormir, mais la pluie et le som­meil (je m’en­dor­mais sur le vélo ) m’ont poussé à la sagesse en hon­o­rant la réser­va­tion de la cham­bre que j’avais faite à Lennoxville .

C’est cer­tain que mes 550 kms seul (en tout ), le vent, la pluie et le rythme trop rapi­de au début ont entamé pas mal mes réserves. Mais quelle belle pré­pa­ra­tion pour PBP 2011.

Mer­ci pour tout.

Fred­er­ic Per­man

25 juin 2011