Frédéric Perman complète quatre randonnées de 1200km en 2022

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Au cours de la sai­son 2022, Frédéric Per­man a com­plété qua­tre grandes ran­don­nées à vélo de plus de 1200km. Nous vous lais­sons décou­vrir son réc­it!

Préambule :

La réus­site de la sai­son débute en hiv­er avec une pré­pa­ra­tion spé­ci­fique et un souci de cibler un con­trôle de son poids, ain­si que main­tenir ou d’améliorer une belle con­di­tion physique.  J’ai gardé le même pro­to­cole que les années antérieures à savoir :

  • Finir la sai­son vélo le plus tard pos­si­ble avec des activ­ités de cyclo-cross
  • Finir la sai­son avec de l’én­ergie en réserve, en ayant pris soin de récupér­er active­ment en octo­bre et novem­bre (réduc­tion du vol­ume)
  • Séances de gainage en Taba­ta (30 s puis 10 s de repos) pra­tique­ment chaque jour à par­tir du 15 novem­bre
  • Ski de fond, raque­tte, marche au moins 4 sor­ties en tout par semaine
  • Home train­er dès décem­bre avec des activ­ités Elite, puis en jan­vi­er avec un pro­gramme per­son­nal­isé sur Train­er Road, jusqu’à début mars (5 X par semaine), avec une pause fin jan­vi­er,  puis retour vers quelques activ­ités Elite en vidéo réelles.

Il m’est donc arrivé assez sou­vent de faire plusieurs activ­ités par jour

Obstacle :

Durant ma pause fin jan­vi­er ou j’ai effec­tué un voy­age en France, je me suis blessé en pra­ti­quant de la course à pied (Ten­di­nite au genou droit) et j’ai eu de la grosse dif­fi­culté à marcher, ce qui a entrainé un arrêt de 10 jours de toutes activ­ités physiques.

Début Mars, j’ai été diag­nos­tiqué avec une Rhi­nite Vaso­motrice (https://www.qare.fr/sante/rhinite/vasomotrice/).

Depuis octo­bre, je suis ennuyé de temps à autre avec ceci. Et là en mars, cela revient, le médecin ORL valide le diag­nos­tic et l’élément chronique de ma sit­u­a­tion qui se traduit par un écoule­ment post-nasal con­tin­uel et une fatigue con­tin­uelle. On me pre­scrit un antibi­o­tique pour 4 mois et cela revient, ce sera une opéra­tion pour un décloi­son­nement nasal. Côté sport, je n’ai rien fait les 2 dernières semaines de Mars. Donc con­clu­sion, je débute la sai­son pas du tout en forme avec un sur­poids en plus de 5 kg ce qui ne m’est jamais arrivé depuis que je pra­tique ce sport…..

Treasure Cove 1200 : 19 mai-22 mai Virginie

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Bien con­tent de débuter tôt la sai­son des 1200 k, mal­gré mon début de sai­son chao­tique, je ne me sens pas trop mal avec pour­tant un entraine­ment nor­mal qui a débuté le 14 avril et un excès de poids.

L’évènement débute à 2 heures du matin, donc un réveil 30 min­utes après minu­it et un départ sous la pluie. Le début n’est pas évi­dent et je ne me sens pas vrai­ment bien pour les pre­miers 200 km. Après, tout s’améliore et je finis en bonne forme la pre­mière journée de 460 km. À not­er, une chute sans con­séquence, après 100 km. On ter­mine égale­ment la journée sous le soleil. Les 3 autres journées se fer­ont sous le soleil, un vent sou­vent défa­vor­able et une chaleur humide dépas­sant par­fois les 40 degrés. Je finis bien les 4 jours et je suis très sat­is­fait de l’entame de cette sai­son en ayant bien fait face, il me sem­ble, aux obsta­cles. Même si je me sens tou­jours en rat­tra­page, je n’ai cer­taine­ment pas le niveau de 2021.

Cascade 1400 k 24 juin- 28 juin Washington

Site web

Voilà une mag­nifique épreuve avec des paysages superbes. Un bon défi au niveau du dénivelé égale­ment.

J’arrive à Seat­tle, tout juste un mois après la fin du Trea­sure Cove. Men­tale­ment, je suis affec­té par la perte de mon père le 10 juin. Je dors très mal et je prends des som­nifères pour assur­er un som­meil répara­teur. La pre­mière journée est un véri­ta­ble chemin de croix. Je me demande ce que je fais là, je cul­pa­bilise, je n’ai aucun plaisir, je craque men­tale­ment. Nous sommes par­tis à 5h du matin pour une dure journée en dénivelé et 342 km. Je retrou­ve pro­gres­sive­ment un équili­bre en me focal­isant sur la beauté de la nature et en me dis­ant que si je dors mal, la prochaine nuit… ce sera fini. En me dis­ant ceci, je m’engage en me con­cen­tr­er sur ma journée et repouss­er ma déci­sion d’arrêter ou non pour plus tard. Cela me libère et m’emmène à la fin de la pre­mière journée dans un bien meilleur esprit men­tal. Quand j’arrive le soir à l’endroit ou l’on doit pass­er la nuit, j’ai oublié mes déboires. L’accueil et la qual­ité du repas me font aus­si oubli­er toutes mes pen­sées néga­tives, pas ques­tion de lâch­er la servi­ette, mais ouf cela a été dur! Le lende­main, physique­ment et men­tale­ment tout va bien, j’ai super bien dor­mi… avec l’aide d’un som­nifère! La chaleur devient impor­tante et le paysage devient beau­coup plus mon­tag­neux avec la vue des vol­cans encore enneigés, mag­nifiques! La troisième journée me voit arrivé dans la par­tie déser­tique, tou­jours plus chaud, et avec des cols à gravir dont le pre­mier long de 30 km sous une tem­péra­ture le matin à 5h autour de 5 degrés. Je finis très bien Cas­cade la dernière journée étant ma meilleure. Très con­tent d’avoir pu sur­mon­ter mon défi men­tal. Du côté physique, je suis beau­coup mieux, je rat­trape mon retard. Place au repos et à la pré­pa­ra­tion du défi numéro 3.

London Edinburgh London : 7 août- 11 août: 1540 km Plaque: F1

https://londonedinburghlondon.com/

Me voilà devant mon grand objec­tif de l’année, ten­ter de finir Lon­dres-Edin­bourgh-Lon­dres. Le finir après 2 ten­ta­tives avortées (2013 avec une chute et un guidon cassé et 2017 avec une chute et une clav­icule cassée). Cette activ­ité me fait rêver depuis mes 2 dernières ten­ta­tives. J’ai pris bien soin de bien récupér­er. J’ai fait quelques belles sor­ties de 300 k et plus en juil­let, tou­jours seul. Je me sens très bien avec un seul critère restant à maitris­er: mon som­meil. J’ai décidé d’arrêter mes som­nifères et je me suis ren­du compte que j’en étais devenu dépen­dant, pas pos­si­ble de dormir sans ces mau­dites pilules et me voilà à 10 jours du grand départ et je suis en dette de som­meil. La panique est prise, alors je reprends mes som­nifères. Au moins, je dors, mais vais-je avoir assez de temps pour com­penser mon déficit de som­meil et même d’avoir un crédit pour faire face au décalage horaire du Roy­aume-Uni? Je me sens som­no­lent, toute la semaine précé­dente et même au cours de l’évènement. J’ai pris soin d’acheter des pilules ‘’Wake Up’’ qui per­me­t­tent d’assimiler une bonne dose de caféine. Le jour J je me lève à 5h, après une mau­vaise nuit. Je pars à 7h. Je me sens mou, et j’ai de la dif­fi­culté à me con­cen­tr­er. Je mets plus de 100 km pour me réveiller, je prends ma pilule de caféine et cela va vrai­ment mieux, le corps est prêt main­tenant à faire de vrais efforts. Néan­moins, en fin de journée, je me rends compte que je manque de con­cen­tra­tion, je fais de gross­es erreurs de sécu­rité. Je me fais moi-même très peur en oubliant de respecter un ‘’ cédez de pas­sage’’, le pan­neau étant affiché claire­ment, mais à gauche alors que je regar­dais à droite. Au moment d’oublier le respect rudi­men­taire du Code de la route, une voiture passe à grosse vitesse juste quelques sec­on­des avant mon pas­sage. J’ai eu vrai­ment peur et je prends alors la déci­sion de ne pas alour­dir mon manque de con­cen­tra­tion en ne roulant le moins pos­si­ble la nuit. J’arrive au bout de 360 km à mon pre­mier dodo. Cela a quand même bien été. Le demain les gross­es dif­fi­cultés débu­tent et ne n’arrêterons que le 5e jour. Beau­coup de mon­tées, de plus en plus longues, de plus en plus pentues, dépas­sant allè­gre­ment les 15%. À force, la fatigue s’accumule et près d’un tiers ou plus mon­teront cer­taines mon­tées à pied. 40% aban­don­neront, les maux aux genoux devi­en­nent endémiques. Mon enjeu : faire face aux côtes avec un bra­quet plus assez adap­té. J’ai un 36–30 et cela n’est pas assez, je suis sou­vent à l’arraché, faisant des zigza­gs pour réduire l’effet abrupt et il me manque un 32 voir un 34. En Ital­ie ou à Seat­tle, le 30 était suff­isant, mais pas ici.  De mon côté, cela ne va pas trop mal, j’avance pas aus­si vite que je souhait­erais, mais je con­trôle par­faite­ment la sit­u­a­tion, j’arrête la nuit, je dors autour de 4h30 par nuit, voir plus pour une d’entre elles. Cela me per­met de faire face aux dénivelés et à la chaleur élevée. J’arrive le jeu­di et je suis super con­tent. J’ai vain­cu les mau­vais esprits et appré­ciant toute la course et appré­ciant l’organisation ain­si que la mag­nifique cam­pagne anglaise et écos­saise. Retour sur Mon­tréal 2 jours plus tard et on dirige vers la dernière ligne droite de mon année.

Granite Anvil 1200 : 25 août-28 août : Ontario

http://ontariograniteanvil1200.com/

Il ne passe pas 2 semaines entre mon arrivée à Lon­dres le jeu­di soir et mon départ d’Ottawa le jeu­di matin. Mes mus­cles après Lon­dres ont besoin de récupér­er. Je reprends le mer­cre­di suiv­ant après 5 jours de repos et un retour par avion. Au fur et à mesure que le temps s’approche, la con­di­tion physique revient à un bon niveau. Je suis con­tent, Me reste qu’un autre élé­ment à faire face: la Moti­va­tion. Je me sens fatigué men­tale­ment et pas très motivé.

Je cherche dans les jours précé­dents un enjeu qui me fera saisir une moti­va­tion pos­i­tive. Je me dis que mon enjeu est de démon­tr­er que je suis capa­ble de faire 2 très longues dis­tances en moins de 3 semaines. Un bon défi, mais je sens que cela n’est pas suff­isant, alors je m’imagine pren­dre une pho­to avec mes 4 médailles et mes 4 mail­lots des 4 évène­ments devant moi et moi-même affichant les nou­velles couleurs du CVRQ. Et cela me par­le, me motive. Je me dis qu’il me manque une bonne journée de pluie cette année et je me sens ain­si prêt à y faire face. Mon appétit est impor­tant, mon corps a besoin d’énergie mal­gré que mon poids d’avant Lon­dres (LEL) est sta­ble et à un bon niveau de forme. Mon rythme car­diaque au repos n’est pas revenu à mon niveau d’avant Lon­dres (45 en moyenne) . Je suis à 53, beau­coup trop haut, c’est clair, mal­gré de belles sen­sa­tions, les mar­queurs ne sont pas du tout au vert. Mal­gré une mau­vaise nuit, je me retrou­ve par­faite­ment bien placé dans le pre­mier groupe. Néan­moins, je fais l’erreur de ne pas porter assez atten­tion à mon ali­men­ta­tion sur le vélo et à 55 km de la fin de la pre­mière journée, je dois gér­er une belle hypo­gly­cémie (fringale). J’arrive à trou­ver un coke sur la route et l’énergie me per­met de ren­tr­er tant bien que mal. Le lende­main, comme prévu, il pleut et il pleut et il pleut. Je pars à 5h et être sous la pluie très forte sous la nuit et avec des mon­tées et descentes, revêt un sen­ti­ment par­ti­c­uli­er. Le par­cours est beau à tra­vers le parc Algo­nquin, le pro­fil de la journée arrivera à 3900 mètres et plus de 340 km. Pas sim­ple comme journée, mais je finis dans un meilleur état que la veille, je n’ai pas hésité à pren­dre le temps de m’arrêter pour déguster un repas nor­mal. La journée 3  est de 250 km mais avec 3400 m de dénivelé. De forts pour­cent­ages, en fait LEL était une par­faite pra­tique pour ce Gran­it Anvil. Je finis bien. La dernière journée se passe super bien, surtout les 110 derniers km où je me trou­ve dans le pre­mier groupe où on finit à 5 après avoir copieuse­ment roulé comme si nous n’avions jamais eu 1100 km dans les jambes. De la belle endor­phine ou de la testostérone ou les deux à la fois. Pas de crevai­son alors que j’avais eu 3 crevaisons en Angleterre, 1 à Cas­cade et Trea­sure Cove.

Conclusion

Place à la récupéra­tion et appréci­er pra­ti­quer le vélo pour le reste de la sai­son. Je me rends compte que j’ai besoin de décou­vrir de nou­veaux hori­zons. En fait les 4 évène­ments que j’ai faits cette année étaient tous des endroits où j’avais déjà mis mes roues. Pour stim­uler ma moti­va­tion qui est l’ingrédient prin­ci­pal de la per­for­mance, voir de nou­veaux paysages est très stim­u­lant. Il y a telle­ment d’endroits à décou­vrir. Pour 2023, à part PBP, je ne sais pas encore mes objec­tifs, je souhait­erai avoir une belle pré­pa­ra­tion hiver­nale. Cer­tain que cela me ferait débuter la sai­son et la maitrisant et non pas en la subis­sant comme ce fût le cas cette année.

Pour finir, dimanche, on m’a remis une recon­nais­sance recon­nue en Amérique du Nord appelé CANAM qui récom­pense les cyclistes qui ont fait dans la même année une longue dis­tance au-dessus de 1200km) aux É.-U. et une autre au Cana­da.