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Ce qui suit est illustré ici.
Nous devions être 4, nous serons 3; Martin Dugré, Mathieu Lapointe, notre capitaine et navigateur (il avait mémorisé le trajet), et moi. 2 vélos multi-vitesses et un pignon fixe; Martin Dugré roulera sur la même vitesse au cours du trajet, et moi en 43 x 15.
Comme je le fais souvent, je quitte la maison en vélo pour me rendre au point de départ des brevets. Cette fois, nous quittons de Ste-Dorothée à Laval. Mathieu m’y a accueilli, ainsi que sa famille, bien chaleureusement. Merci pour le bon café!
Nous sommes partis vers 8:05 du matin, ce samedi 21 mai. Il faisait nuageux et assez frais. J’avais plusieurs nouveautés en ma compagnie: un SPOT Messenger de Martin Doyon et mon propre SPOT Connect, le tout pour permettre à d’autres de nous suivre, mais surtout permettre à nos compagnes de nous suivre et être rassurées. Finalement, le SPOT Connect me fera faux bond en route, probablement parce que je n’ai pas fait les bonnes manoeuvres, alors que le Messenger fera son travail. Merci Martin!
Nous avons bien roulé avec un bon vent, passant par Oka. Nous avons du affronter un vent de face par moment, mais notre équipe roulait assez serrée; un bon peloton efficace. Arrivé au Parc d’Oka, le ciel était dégagé, il commençait à faire chaud; nous étions bien! Sur le chemin de la piste cyclable du parc, nous avons rencontré 2 cyclistes qui nous annoncèrent que la piste était submergée un peu plus loin. Nous nous sommes lancés tout de même, et nous avons du pédaler dans de l’eau, sur une distance de 100 ou 150 mètres, parmi des masses de tétards, sur le fond nouvellement vaseux de la piste. Les pieds mouillés, nous avons poursuivi notre route, sous un soleil radieux.
Nous aurons notre premier contrôle à St-André d’Argenteuil. Nous étions biens et avions fait un bon temps. Nous nous sommes alors élancés pour la suite.
Je n’ai pas bu beaucoup d’eau; les effets ont commencé à se faire sentir. J’ai commencé à avoir des crampes au muscles situés à l’intérieur de la cuisse, aux deux jambes, en-dessous, juste au moment ou j’abordais une pente J’en avait fait plusieurs jusque là, mais force était de constater que je n’avais plus le même rendement qu’avant. En fait, je n’ai pris jusqu’alors que le 5ième de ma bouteille. Il faisait près de 30 Celsius! J’ai du monter une côte à pied, mes jambes répondant bien mal à l’effort… Morale de cette histoire : il faut boire régulièrement sous l’effort, et plus fréquemment quand il fait chaud et que l’effort demandé est plus grand!
Au km 75, nous avions commencé ce qui sera une longue série de montées qu’au km 300. Nous avons fait un arrêt relativement rapide pour nous ravitailler un peu au km 100, à MorinHeights. Une fois repris les bonnes habitudes toutefois, je n’ai plus vraiment eu de problèmes. A Ste-Agathe-des-Monts, nous avons pris une bonne pause et avons mangé dans un fast food. J’ai pris les restants de leur soupe poulet et riz, suivi plus tard d’un sandwich boulettes de viande et sauce tomate. J’ai aussi bu beaucoup.
Nous avons poursuivi sur la belle route qui nous mènera au Nordet, ralliant St-Donat par une belle épreuve de côtes bien pentues, sous un soleil perdant graduellement de sa force. A St-Donat, j’ai argué faiblement pour une plus longue pause; Martin et Mathieu sont alors d’avis que nous devrions profiter du jour; je crois au contraire que nous devrions nous reposer et bien nous ravitailler avant d’en faire plus. Mais voilà; mes deux comparses craignent que nous arrivions trop tard… Comme je ne sais trop quelle sorte d’épreuve nous attend, je me plie à la majorité. C’est vrai qu’il nous restait à peu près 12 hres pour compléter un peu plus de 200km. Mathieu part en avance, un peu découragé de notre performance et de ce qui reste à faire. Martin est égal à lui-même, peu expressif, mais je sens une certaine tension dans l’argument dans faire le plus possible de jour. Pour ma part, je suis simplement fatigué, mais j’essaie de m’encourager intérieurement; je me gave de 2 sandwichs à la dinde, 2 boissons au yogourt, un lait au chocolat, et un breuvage à l’orange terriblement trop sucré.
Nous avons rejoint Mathieu, Martin et moi, 30 minutes plus tard. Il était de meilleure humeur, et ça faisait plaisir à voir. Le soleil se couchait et rendait le paysage merveilleux de couleurs chaudes et chatoyantes, dans des tons emmêlés de bleu, d’orange et de rouge vif. Une douceur pour l’oeil qui a vu de l’eau trop longtemps. Merci au Créateur pour ce beau moment!
La nuit tomba finalement, et les pentes étaient moins abruptes, et aussi plus rapprochées des descentes; un petit effort supplémentaire dans les descentes facilitait des remontées avec des efforts bien moindres. On s’est amusé dans ces vallons pendant un bout, et c’était fort agréable!
La piste ne s’est que facilitée avec le temps. Sauf pour une autre pente que j’ai du monter à pied, de nuit (pour une rare fois, je suivais derrière, et les gars ont monté trop lentement pour que je puisse acquérir assez de quantité de mouvement pour escalader à bonne cadence. Résultat; décrochage! C’est pour ça d’ailleurs que je suis plus souvent devant que derrière…)
Les pauses se firent de plus en plus longues, à mesure que nous nous rapprochions de notre objectif.
A St-Gabriel de Brandon, je me suis rendu compte que je travaillais plus fort sur le plat; ma chaîne faisait un bruit, et je me suis rendu compte que cette dernière n’avait plus de lubrification. Pour résoudre cette situation, puisque personne n’avait de lubrifiant à chaîne, j’ai pris… du beurre! Cela a fonctionné pour les 100 km suivants…
Arrivés à Terrebonne, nous avons pris une pause à un resto-rapide. Puis, nous avons entamé la dernière partie de notre brevet. Nous sommes arrivés un peu avant 8 heures du matin au point de chute à Ste-Dorothée, avec la famille de Mathieu pour nous accueillir avec des croissants, du jus, et les sourires enthousiastes des enfants de Mathieu et son épouse.
Le ciel s’était alors couvert, et il faisait plutôt frais et humide; peut-être à cause de nos vêtements trempés de sueur et de rosée matinale?. Nous nous sommes séparés, et Martin et moi avons poursuivis vers Montréal pour un repos bien mérité.
Au cours de la route, j’ai tenu les devants du peloton assez souvent. Dans les descentes, mes comparses me suivaient la plupart du temps, sauf d’autres moments ou ils ont profité de belles accélérations. Pour ma part, je n’ai pas voulu aller plus vite que 52km/hre, puisqu’en pignon fixe, cela me donnait près de 160 de cadence. Les deux mains sur les freins, j’ai descendu souvent afin de m’assurer de ma sécurité; tout a bien été.
Je n’ai que de bons mots et du respect pour mes 2 comparses; Mathieu nous a fait un superbe trajet et a excellé en tant que navigateur. Le trajet était un superbe défi pour le corps, mais aussi pour le mental; 2 jours après, je me surprends à me demander, alors que je marche sur le trottoir, si on va finir… Martin a pédalé sans jamais changer de vitesse, comme pour m’accompagner dans mon projet de rouler en pignon fixe. Des compagnons sympathiques, avec la même détermination; finir ensembles. Nous avons réussi.
Carl Morin, 21 mai 2011