Mauvais départ pour une aussi longue randonnée

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Paris-Brest-Paris 2023 par Jean Robert

Je ne réal­i­sais pas ce que l’on pou­vait ressen­tir de devoir aban­don­ner après n’avoir par­cou­ru que 40Km du mythique Paris-Brest-Paris avec son 1200Km et 12,000m de dénivelé. Je me suis entraîné pen­dant 4 ans en prévi­sion de ce Paris-Brest-Paris qui sera pos­si­ble­ment mon dernier puisque j’ai 63 ans et dont la prochaine édi­tion sera dans qua­tre ans.

Jusqu’i­ci tout allait très bien! Par­ti dans le groupe “Q” à 20h, je m’ac­croche à des groupes qui se sont for­més à par­tir des 300 cyclistes de mon groupe. On roule assez vite et je vois que l’on rejoint rapi­de­ment les plus lents du groupe “P” par­tis 15 min­utes avant nous. Mon but n’est pas d’aller vite mais si je peux prof­iter de pelo­tons pour rouler rapi­de­ment pourquoi ne pas en prof­iter. C’est tout de même plus dan­gereux de rouler avec de tels groupes car les routes de France sont jonchées de blocs de bétons un peu partout, aux inter­sec­tions, aux rétré­cisse­ments de route,… Je vois devant moi un cycliste qui heurte quelque chose en béton à une inter­sec­tion et perd le con­trôle de son vélo mais réus­si par mir­a­cle à le repren­dre. Incroy­able qu’il ne soit pas tombé après tout les slaloms de gauche à droite de sa roue arrière.

Pour moi tout va comme sur des roulettes. Avant le départ je suis allé manger dans un excel­lent buf­fet Japon­ais, le Wafu, et j’e­spère faire un bon bout avant de devoir me rav­i­tailler dans un con­trôle. J’ai un petit sac à l’a­vant de mon guidon où j’ai mis une demie baguette au départ pour manger en roulant car je ne sup­porte plus les bar­res d’én­ergie depuis bien des années. Le sac est tout juste assez gros pour y insér­er une baguette ou pour y insér­er la main. Je dois donc penser à le rem­plir con­stam­ment.

Donc, comme je dis­ais tout va bien, jusqu’au 40Km où je rate un virage à gauche. Je con­tin­ue jusqu’à la prochaine inter­sec­tion et fait demi-tour, mais j’ai quelques sec­on­des d’i­nat­ten­tion, en regar­dant les rues trans­ver­sales pour voir si je peux les emprunter afin de rejoin­dre le par­cours, et per­cute la borne de béton au cen­tre de l’in­ter­sec­tion à env­i­ron 10–15 km/h. Le vélo reste sur place et je passe par dessus le vélo. Mon casque frappe dure­ment la chaussée. Un peu son­né je me relève et con­state que mes lunettes avec pre­scrip­tion pour la pres­bytie sont cassées en deux. Je regarde mon vélo et suis pas mal cer­tain que la roue avant doit être toute croche et lâche un “tab..K” qui a dû être enten­du jusqu’à Ram­bouil­let.

Je me relève et la roue n’est même pas voilée, vrai­ment solide cette roue. J’embarque sur mon vélo mais me rend compte que ma lampe avant ne fonc­tionne plus. J’avais opté pour une lampe de sec­ours, que m’a passée mon ami Mar­tin un col­lègue de tra­vail avec qui j’ai fait trois PBP, qui ne pou­vait pas dur­er beau­coup plus de 3 heures pour sauver en espace mais je le regrette main­tenant. La nuit ne fait que com­mencer et dans quelques min­utes il va faire un noir d’en­cre. J’ar­rête et couche mon vélo par terre afin de véri­fie si quelque chose s’est débranché ou si un fil s’est coupé mais tout sem­ble bien con­nec­té. Aïe, aïe, aïe ça com­mence bien, pas de lumière et pas de lunettes pour voir ce que m’indique mon Garmin, c’est l’a­ban­don assuré. Je débranche et rebranche les fils reliant ma lampe à la dynamo et embar­que sur mon vélo pour con­stater que la lampe s’est remise à fonc­tion­ner. Ouffff!

Je con­state rapi­de­ment que mes mus­cles du haut de mes cuiss­es sont douloureux lorsque je me lève sur les pédales lors des mon­tées. Je ne crois pas que ce soit dû au 40 kms fait à bonne allure qui ait causé cette douleur car je l’au­rais sen­ti avant ma chute. Je sup­pose que ce sont les mus­cles de mes cuiss­es qui se sont con­trac­tés bru­tale­ment, lorsque je suis passé par dessus le vélo, qui les a endom­magés. À part ça et un pouce douloureux tout sem­ble cor­rect.

J’évite donc de me lever sur les pédales en mon­tée pour ne pas endom­mager davan­tage les mus­cles de mes cuiss­es. Comme je pars sou­vent un peu trop rapi­de­ment je me dis que ce n’est pas très grave de ralen­tir un peu. L’autre chose qui me stress un peu c’est le fait de rouler sans lunettes avec le vent dans les yeux, qui lar­moient con­stam­ment. Je ne sais pas si la réserve de larmes est illim­itée. J’e­spère trou­ver des lunettes de soleil rapi­de­ment sinon je risque d’avoir rapi­de­ment les yeux en mau­vais état.

Heureuse­ment je trou­ve des lunettes de soleil au prochain con­trôle de Mortagne-Au-Perche, km 120, pour $50 Euros, une aubaine. Sans ver­res cor­rec­tifs je ne vois pas très bien le par­cours affiché sur mon Garmin mais lorsque je dois vir­er j’aperçois la flèche de mon Garmin qui m’indique de quel côté vir­er. Le par­cours est égale­ment très bien fléché. Donc en résumé, tout va bien main­tenant côté nav­i­ga­tion.

Je nav­igue donc de con­trôle en con­trôle en m’ar­rê­tant régulière­ment dans les pâtis­series que je ren­con­tre sur ma route pour réap­pro­vi­sion­ner mon petit sac de pro­vi­sion. Il fait pas mal chaud durant la journée mais c’est le soleil qui nous chauffe la couenne comme dirait ma mère. Je me sou­viens m’être arrêté quelque part à cause de la chaleur pour manger un litre de crème glacée et boire beau­coup d’eau. Ça a fait du bien.

J’ar­rive au con­trôle de Carhaix, km 514 que j’at­teins à 20h20. Ici je dois pren­dre une déci­sion impor­tante, lors des qua­tre PBP précé­dents j’ai dor­mi à cet endroit mais Mar­tin m’a con­seil­lé de dormir à Brest (Km 600) si je me sens capa­ble de le faire car au lieu de dormir dans un gym­nase avec 300 cyclistes nous avons droit à une cham­bre en occu­pa­tion dou­ble. Je me sens en assez bonne forme et reprends la route direc­tion Brest.

Comme toutes les sec­tions du par­cours je me sens assez bien dans les pre­miers 50Km mais dois réduire le rythme pour les kms suiv­ants et les derniers kms me sem­blent inter­minables durant la nuit. J’ar­rive donc à Brest à 1h10 du matin, après 600Km de vélo et sans avoir dor­mi depuis près de 30 heures, donc assez fatigué mer­ci. Je fais point­er ma carte de con­trôle et demande aux con­trôleurs où se trou­ve le dor­toir. Ils me répon­dent qu’il est com­plet. Je demande alors s’il y a une place à l’in­térieur d’un des bâti­ments où je pour­rais me couch­er par terre et me répon­dent que non. Là je com­mence à trou­ver ça ridicule, je leur explique que si je tente d’at­tein­dre Carhaix dans l’é­tat où je me trou­ve présen­te­ment je risque fort de m’en­dormir sur mon vélo et de me tuer. Ils me répè­tent con­stam­ment qu’il n’y a plus de place dans le dor­toir et qu’il serait dom­mage que je me tue en route vers Carhaix. Je demande à voir le respon­s­able du dor­toir mais ils ne savent même pas ou se trou­ve le dor­toir. J’ai beau leur expli­quer que c’est impos­si­ble qu’il ne se libère aucune place d’i­ci quelques heures étant don­né que les bénév­oles qui s’oc­cu­pent du dor­toir doivent réveiller les cyclistes de façon péri­odique à l’heure indiquée par ceux-ci. Ils me dis­ent qu’au­par­a­vant c’est ce qu’ils fai­saient mais qu’ils ne le font plus cette année. Finale­ment ils se tan­nent de mes ques­tions et me sug­gèrent de trou­ver un hôtel mais je sais très bien qu’il n’y en a plus de disponible depuis plusieurs mois et de toute façon je n’ai pas l’én­ergie pour faire cette recherche et même si je l’avais je ne vois rien sans mes lunettes cor­rec­tri­ces.

Franche­ment, les bénév­oles du PBP man­quent de toute évi­dence d’un min­i­mum de for­ma­tion. J’ai remar­qué cela à plusieurs con­trôles, on dirait que chaque bénév­ole ne con­nait que la tâche pour laque­lle il est assigné et la réponse à toute ques­tion ne rel­e­vant pas directe­ment de leur tâche est “Deman­dez à un offi­ciel en chemise bleu”. Il me sem­ble que chaque bénév­ole devrait au moins recevoir un min­i­mum de for­ma­tion et savoir les choses de base tels où se trou­ve le dor­toir, les toi­lettes, ou rem­plir nos gour­des d’eau …

Je n’ai donc pas le choix que d’aller manger au resto, me repos­er un peu et repar­tir vers Carhaix. En roulant vers le resto, j’aperçois le dor­toir. Je me dirige donc vers celui-ci. Je vais aller accot­er mon vélo sur le mur près de la porte prin­ci­pale du dor­toir. Pour l’at­tein­dre je vois que je dois pass­er un petit trot­toir d’en­v­i­ron un pouce de haut, ce qui n’est pas un prob­lème pour moi, mais ce que je ne vois pas à cause de la noirceur et de la faible lumière que pro­jette ma lampe à basse vitesse c’est qu’il y a une rigole de 30 cm de large et 20 cm de pro­fond devant ce trot­toir. Ma roue avant tombe dans la rigole et frappe le trot­toir. Je n’ai même pas con­science de plan­er dans les airs, je roule sur mon vélo et l’in­stant d’après mon casque de vélo frappe le béton dure­ment et je me retrou­ve la face au sol. Assez étrange comme sen­sa­tion. Quelques per­son­nes m’aident à me relever. Mirac­uleuse­ment mon casque n’est pas fendu et ma roue de vélo n’est pas voilé non plus. Je me suis par con­tre foulé la cheville et éraflé la peau en haut de mon genou droit qui saigne un peu et n’a rien amélioré en ce qui con­cerne la douleur de cette cuisse. J’en­tre dans le dor­toir en boi­tant et demande s’il y a de la place pour dormir. Ils me répon­dent qu’il y aura une place dans 30 min­utes. Je leur sig­nale que je viens de tomber à l’en­trée, leur mon­tre le sang en haut de mon genou et leur demande de m’aver­tir si quelque chose se libère plus rapi­de­ment. Finale­ment 5 min­utes plus tard on m’ap­pelle pour me don­ner une cham­bre.

Je dors 2 heures puis décide de pren­dre une douche avant de par­tir pour le resto. Ma cham­bre est au sous-sol et on me dit que les douch­es sont au troisième étage. Je monte les 4 étages pénible­ment en boi­tant. Là le pré­posé aux douch­es me demande mon tick­et. Quel tick­et? Je veux juste pren­dre une douche rapi­de­ment. J’ai beau lui dire que je suis tombé de vélo et que descen­dre les march­es m’est dif­fi­cile, rien à faire: “Pas de tick­et mon­sieur pas de douche”. Aïe!, aïe!, aïe!, ce qu’ils peu­vent être pointilleux avec les règle­ments par­fois. Pas vrai­ment le choix, je descends au sous-sol, leur demande un tick­et de douche. Ils me don­nent un post-it vert et remonte au 3ième le don­ner au pré­posé.

Je mange au resto du con­trôle et repars vers Carhaix. Je m’aperçois rapi­de­ment que ma cheville droite est douloureuse et mes mus­cles au haut de mes cuiss­es sont aus­si douloureuses qu’au­par­a­vant sinon plus. Heureuse­ment plus je roule et plus la douleur de ma cheville dimin­ue ce qui est bon signe.

En par­tant de Brest j’e­spérais pren­dre un pho­to sur le pont de Brest mais il fait trop noir. Le tra­jet de Brest à Carhaix a été mod­i­fié et le dénivelé est plus grand que les autres années. On monte plusieurs fois des mon­tées de plusieurs kms. J’e­spère juste que l’on n’au­ra pas à remon­ter le mont Trevezel à la suite de toutes ces mon­tées. Si j’é­tais en pleine forme je ne m’en soucierais pas out­re mesure mais avec ma cheville et mes cuiss­es douloureuses c’est une autre his­toire. Je sur­veille con­stam­ment si l’an­tenne en haut du mont Trevezel appa­rait. Si jamais je la vois je vais être pas mal découragé. Mais heureuse­ment nous n’avons pas et le remon­ter. Oufff!

J’at­teins Carhaix, km 696, à 10h55 et je vois Olivi­er Caty, mem­bre du CVRQ, couché sur un banc. Il a l’air mal en point. Il est par­ti dans la vague de 84 heures à 5h00 le matin, le lende­main de mon départ. Il est donc en direc­tion de Brest. Il m’ex­plique qu’il a eu un coup de chaleur hier et que ce PBP lui sem­ble beau­coup plus dif­fi­cile que les autres années. Il roule habituelle­ment avec Marc Bisail­lon mais il a préféré se repos­er un peu et rouler à son rythme.

Je me rends au con­trôle de Loudéac, km 782, que j’at­teins à 17h05. Je prends mon temps pour bien me repos­er et me restau­r­er. En sor­tant du con­trôle en vélo j’aperçois Mar­tin qui arrive au con­trôle. Je n’ai que le temps de lui lâch­er un Wack! et de le saluer de la main. 10 sec­on­des plus tard je ne l’au­rais pas aperçu. Je suis un peu sur­pris de le voir car il avait pris le départ une heure avant moi. Je suis arrivé à Brest trois heures avant lui. Il sem­ble donc en train de me rat­trap­er ce qui n’est pas sur­prenant avec mes mus­cles et ma cheville qui me ralen­tis­sent.

En route vers le con­trôle suiv­ant, Tin­te­ni­ac km 886, je décide de m’ar­rêter à une pizze­ria. Je suis un peu tan­né de manger des pâtis­series et tan­né de la bouffe des con­trôles. Puisque c’est le même trai­teur pour tous les con­trôles nous n’avons que 3 ou 4 choix de menus avec les mêmes accom­pa­g­ne­ments dans tous les con­trôles. Le patron de la pizze­ria me dit qu’il ne fait pas de Piz­za aujour­d’hui. Je lui demande s’il peut me faire cuire une croute à Piz­za que je vais met­tre dans mon petit sac pour grig­not­er. Il me fait cuire un pâte for­mat large rapi­de­ment mais je con­state qu’elle est extrême­ment mince et aus­si croustil­lante que des croustilles. Je vais devoir la cass­er en miette pour la faire entr­er dans mon petit sac. Je vois qu’un client mange un genre de galette. Je lui demande s’il peut me ven­dre une galette que je pour­rai met­tre plus facile­ment dans mon sac. Il va me chercher une galette et m’ex­plique qu’elle est faite de farine de fro­ment de son patelin. Je lui demande ce que je lui dois pour la piz­za et la galette et me répond qu’il me la donne car il a de la par­en­té au Cana­da et que ça lui fait plaisir d’aider un Cana­di­en. Il me lâche un “Bon, monte en haut et va te couch­er main­tenant” ce qui me fait bien rigol­er. Les Français ont en général une très bonne opin­ion des Cana­di­ens et des Québé­cois plus par­ti­c­ulière­ment.

Tout ça m’a pris pas mal de temps et au prochain con­trôle, Tin­te­ni­ac km 867 que j’at­teins à 23h06, j’aperçois Mar­tin au resto du con­trôle. On roulera jusqu’à l’ar­rivée ensem­ble.

La chaleur nous affecte tous le deux alors on roule lente­ment. On se laisse descen­dre dans les descentes et on pousse un peu dans les mon­tées. C’est le rythme que les cyclistes expéri­men­tés utilisent pour faire le PBP sans s’épuis­er. Ils roulent moins vite mais ont moins besoin de repos aux con­trôles. On se greffe sou­vent à des groupes util­isant cette tech­nique et on en prof­ite pour jas­er avec les cyclistes qui nous entourent.

À Fougères, Km 928 atteint le mer­cre­di à 4h37, on décide de pren­dre 1h30 de repos au dor­toir. C’est un gym­nase qui sert de dor­toir. Les bénév­oles sem­blent très peu for­més encore une fois. Celui qui nous amène au dor­toir ne sait pas où se trou­ve les toi­lettes des hommes et nous amène aux toi­lettes des femmes. Finale­ment c’est moi qui trou­ve où ils sont (juste la porte à côté, c’est sim­ple­ment qu’il n’y a qu’un gros “X” sur la porte). En ouvrant la porte du gym­nase il y des mate­las de sol par terre, comme je suis pas mal fatigué j’ai peur d’avoir froid et avoir de la dif­fi­culté à m’en­dormir. Je lui demande s’il est pos­si­ble d’avoir une cou­ver­ture et va en chercher une. C’est une cou­ver­ture en plas­tique-alu­mini­um et c’est extrême­ment bruyant. Finale­ment nous ne les utilis­erons pas pour ne pas réveiller les autres dormeurs. Le gym­nase est pra­tique­ment vide et le pré­posé nous a assigné des places sur la même rangée qu’un autre par­tic­i­pant. Donc j’al­lais me retrou­ver entre les pieds de Mar­tin et la tête de l’autre par­tic­i­pant. Mais il a bien voulu que je change de place pour me retrou­ver seul dans ma rangée à côté de Mar­tin. C’est un peu le prob­lème des bénév­oles des dor­toirs, ils nous assig­nent des places en fonc­tion des numéros de place ce qui fait que même s’il y a 100 places de disponibles tout le monde se retrou­vent tassés les uns sur les autres avec les ron­fle­ments, les pets et les bruits lorsque l’un des par­tic­i­pants se lève. Moi j’ai des bou­chons d’or­eilles et un ban­deau pour les yeux mais ce n’est pas tout le monde qui pense à en apporter. Je m’en­dors rapi­de­ment et me réveille 2 heures plus tard. Je réveille Mar­tin et lui dit que per­son­ne ne nous a réveil­lé. On se lève rapi­de­ment et on repart direc­tion Vil­laines-La-Juhel.

Tou­jours pénible de repar­tir la machine mais après quelques kms la douleurs est moins vive. Mar­tin est plus en forme que moi et j’ai de la dif­fi­culté à le suiv­re dans les mon­tées. Depuis un cer­tain temps j’ai mal aux fess­es à cause de l’usure de la peau et je me repousse au bout de ma selle où la douleur est moins forte. Prob­a­ble­ment dû à ce change­ment de posi­tion, et égale­ment au fait que ma jambe gauche com­pense pour ma jambe droite depuis Brest, je com­mence main­tenant à sen­tir une douleur au niveau de mon ten­don d’Achille du pied gauche ce qui fait que j’évite de me met­tre debout dans les mon­tées pour ne pas l’ag­graver. Je dit à Mar­tin de ne pas m’at­ten­dre mais il dimin­ue plutôt son rythme dans les mon­tées ce qui m’aide beau­coup à le suiv­re.

On atteint Vil­laines-La-Juhel (km 1098) puis Mortagne-Au-Perche (km 1098). À par­tir de ce con­trôle il y a heureuse­ment beau­coup de sec­tions plates et Mar­tin peut aller aus­si vite qu’il le désire car il me pro­tège bien du vent. Il roule longtemps à un rythme élevé, je ne sais pas où il prend toute cette énergie en fin de par­cours.

À par­tir de Dreux, km 1176, je dois pra­tique­ment pédaler que de la jambe droite tant mon ten­don me fait souf­frir et je ne veux pas aban­don­ner à cause de ce ten­don. Il ne reste que 43 km mais il est temps que ça achève. Nous suiv­ons un groupe qui roule lente­ment et Mar­tin dimin­ue son rythme nor­mal pour demeur­er avec moi et je lui en suis très recon­nais­sant. C’est tou­jours récon­for­t­ant de rouler avec quelqu’un que l’on con­nait en fin de par­cours surtout quand on est amoché.

Finale­ment nous arrivons au dernier con­trôle le jeu­di matin à 2H56 après 78h51 pour moi et 79h53 pour Mar­tin. Sans lui j’au­rais cer­taine­ment per­du une cou­ple d’heures. Il me dit que je l’ai sou­vent aidé dans les brevets et que ça lui fait plaisir de pou­voir m’aider à son tour. Comme je dis sou­vent les amis c’est fait pour s’en­traider.

En résumé, comme à tous les PBP j’ai tou­jours espoir de faire un meilleur temps que l’édi­tion précé­dente mais ce n’est jamais arrivé si l’on exclut mon sec­ond PBP (en 2011) dont le temps de mon pre­mier PBP de 2003 avait été facile à amélior­er puisque j’avais pris mon temps pour le faire. Depuis, je sem­ble ajouter un 2 ou 3 heures à chaque édi­tion et c’est peut-être nor­mal puisque moi aus­si je vieil­li. Mais si je com­pare mes temps avec l’édi­tion 2019 je con­state que j’é­tais beau­coup plus rapi­de dans la pre­mière moitié du par­cours cette année avant ma chute à Brest. En 2019 je suis arrivé à Carhaix (Km 514) en 28h 30 min, pas mal fatigué et avec un estom­ac capricieux, alors que cette année j’y suis arrivé en 24h17 en assez bonne forme et aucun prob­lème d’estom­ac. En fait je suis arrivé à Brest (Km 600) en une demie heure de plus que ça m’avait pris pour attein­dre Carhaix en 2019. Ce qui me laisse croire que n’eut été de cette chute j’au­rais facile­ment pu amélior­er mon temps de 2019. J’e­spère que me sera don­né la pos­si­bil­ité d’amélior­er mon temps en 2027. Mais la san­té c’est quelque chose de plus en plus frag­ile avec l’âge. On ver­ra!

Jean La Machine