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J’ai décidé de prendre un peu de mon temps afin de faire profiter à certains ma dernière expérience: la réalisation du Brevet de 600KM organisé par le Club Vélo Randonneurs de Montréal. Au départ ma plus longue randonnée à vie était un 470km (montréal-chicoutimi) réalisée plus tôt au début de la saison. De plus j’ai effectué les brevets de 200, 300 et 400 sans trop de difficulté cet été, je partais donc assez confiant pour le 600.
J’arrive donc pour le départ un samedi matin avec pas beaucoup d’heures de sommeil dans le corps. Comme avant chaque brevet je suis stressé et j’ai de la misère à fermer l’oeil. Bref je crois que j’ai dormi tout au plus 4h. Ma stratégie d’avant brevet était de profiter du groupe le plus longtemps possible afin de s’entraider en cas de pépin, de s’auto encourager et le plus important, de faire des relais. Ensuite j’avais prévu rouler un max le jour n’étant pas très bien équipé pour rouler la nuit. Mais au lieu de dormir j’aurais continué à pédaler en mode « cruse control » la nuit et reprendre un bon rythme au levé du jour. Et pour terminer j’étais certain d’effectuer le 600 au plus en 30h. J’ai eu tout faux!!
Nous étions six au départ dont deux autres vélocian (gaby + cacheoreille). Dès le départ le groupe se scinde en deux. CacheOreille a pris les devants avec deux autres membres du CVRM tandis que moi j’attendais Gaby (pour faire changement.) qui empruntait l’imperméable de Jean (qui lui fut très utile, je suis certain, vous comprendrez plus tard).
Donc une fois que Gaby a récupéré le manteau nous partîmes en chasse après le trio de tête. Ils devaient rouler très fort car nous on roulait à 30Km/h et nous ne les voyions jamais ? Après une cinquantaine de Km ‚Gaby décide de ralentir et d’y aller à son rythme, pour ma part j’étais assez en forme et j’ai gardé la même vitesse. Au premier check (km 98) tout allait pour le mieux, je n’ai pas pris un long break, je suis donc reparti avant tout le monde et je resterai seul pour les 502 km à venir.
Un peu avant le deuxième check point je me rends compte que mon frein arrière colle sur ma roue depuis le début et aussi que dans les descentes avec un vent de face, en roulant à 50km/h et plus, mon vélo avait tendance à faire de la résonnance (le guidon vibre d’un côté et de l’autre à la limite de perdre le contrôle) rien de bien rassurant. J’en déduis que c’est sûrement dû à mes aérobars. Donc pour le reste du trajet j’ai dû pédaler seulement avec un frein avant (n’étant pas capable de réparer celui de derrière) et freiner durant les descentes afin de ne pas dépasser les 50 km/h, ce qui me frustrait car j’adore les descentes.
Puis environ 2 km avant le second point de contrôle j’ai assisté à un accident tout frais entre un cerf et une wagonnette, les deux n’ont eu aucune chance. plus de wagonnette et surtout, plus de cerf! Le chauffeur était pas mal amoché, il est reparti en ambulance. De Frelishburg au km 400 (Victo) rien à signaler. J’étais en forme et tout s’est bien passé sauf.
A 300km je me suis aperçu que j’avais oublié mon porte-feuille! Et je roulais seul, donc personne à qui quêter de l’argent et il me restait exactement 4,27$ sur moi. Avec ce gros montant il me fallait acheter de l’eau, souper et déjeuner. J’ai dû faire un choix. J’ai décidé de faire une croix sur du solide et j’ai opté pour le liquide. J’ai acheté 4L d’eau, un petit jus d’orange et un café à victo (qui fut mon dernier achat de la run). Il a donc fallu que je m’économise et surtout que je rationne l’eau. Par chance, il faisait nuit et le lendemain il a plu, donc je n’ai pas eu besoin de beaucoup d’eau.
Vers 3h du matin au km 360, je me tape une méga averse de fou, aucune place pour m’abriter étant en plein milieu de nulle part. J’ai dû pédaler comme un fou jusqu’à la prochaine ville et le pire arriva. En plein sprint ma lampe de vélo tomba et alla se prendre dans ma roue avant!! Heureusement pas de vol plané mais j’ai eu une de ces frousses!!
J’ai repris mon souffle et continué mon chemin plus calmement quand quelques minutes plus tard.une crevaison! Il est 3h30, je suis dans une ville que je ne connais pas, seul sous la devanture d’un vétérinaire, en train d’essayer de réparer un flat. J’ai commencé à changer mon flat à 3h32.à 4h30 j’étais toujours en train de le changer, ça ne marchait pas et je capotais!!! J’étais certain que ma pompe ne marchait plus. Et aucun magasin n’était ouvert. Je me disais que je pourrais attendre les autres (avec une bonne pompe ) mais je n’avais aucune foutue idée dans combien de temps ils arriveraient, la seule bonne nouvelle était qu’il ne pleuvait plus et le soleil se levait. Soudain j’ai allumé.je n’avais pas acheté la bonne grosseur de chambre à air Bordel!! Quand tu es fatigué tout va mal!! Mais une chance, je suis un ti-gars prévenant et j’ai toujours un kit de patch. J’ai donc patché la chambre à air et j’ai enfin repris la route à 4h50..enfin!!
Le ciel était très sombre et ça allait me tomber dessus encore. Je voulais pédaler plus vite afin d’éviter le déluge, mais j’en étais incapable, je n’ avais plus de force et surtout j’avais une faim de loup! Vers 9h du matin ça tomba. Une vraie averse. Je me suis caché sous un arbre, mais c’ était surtout pour éviter le vent qui était très froid car j’étais déjà trempé jusqu’aux os, donc la pluie ne me dérangeait plus. Mais si j’avais continué au grand vent dans les champs avec cette pluie, je courrais vers l’hypothermie!
Entre deux averses je pédalais mais je ne pouvais plus garder un rythme de plus de 19 km/h. je suis arrivé à l’avant dernier point de contrôle (km540) vers midi. Le reste de l’histoire est une course entre moi et la pluie mélangée avec de très fortes bourrasques de vent à vous jeter par terre. Parfois (non-loin de Rougemont) je faisais du surplace tellement il ventait. De plus, cela m’a pris plus de deux heures pour traverser Chambly à cause du déluge.
Je suis arrivé au dernier contrôle 34h pile après mon départ, satisfait, mais combien fatigué. J’avais le bout des doigts ratatiné tellement j’avais vu d’eau. Quand je suis arrivé chez moi, j’ai pris le meilleur bain chaud de ma vie! Ce qui est bien avec les brevets, c’est que cela te montre tes limites physiques et mentales mais surtout, te faire apprécier les petites choses de la vie que le commun des mortels ne profite plus ou n’apprécie plus comme prendre un bon bain chaud, serrer sa copine dans ses bras ou prendre une petite marche pour aller chercher du pain au dépanneur.
Savez-vous quoi? J’ai hâte au prochain 600!
Suis-je débile?
Sylvain