Mon premier “Gros 1000” par Loïc Angot

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Avec un nom pareil, je peux dire que j’avais été prévenu : une ran­don­née de 1005 km sur 3 jours, avec plus de 8500 m de dénivelé, le tout en 75h max­i­mum, voilà un beau dernier tour de piste avant le Paris-Brest-Paris fin août !

Jour 1 : Saint Lam­bert à Descham­bault 372 km

Départ à 5h du matin pour notre groupe de 9 cyclistes pour une fin de semaine com­plète de vélo ! 8 courageux Olivi­er, Julien, Gaby, Marc, Yvon, Sebas­t­ian, Jonathan, moi-même et une courageuse Kathia. Pho­to tra­di­tion­nelle de départ, on démarre le GPS et c’est par­ti direc­tion Sorel pour le pre­mier seg­ment. Nous atteignons Sorel sans dif­fi­cultés, pour pren­dre le tra­ver­si­er, et pour­suiv­re notre périple. Nous filons vers le parc de la Mauricie, qui sera le point cul­mi­nant de la journée au pro­pre comme au fig­uré. Je con­nais main­tenant un peu cette région après le 300 km Mauricie et le 600 km Mauricie. Nous arrivons en groupe à l’en­trée du parc, on se rafrai­chit alors que la tem­péra­ture monte sérieuse­ment, ce sont 60 km de mon­tées et descentes qui nous atten­dent. Je roule devant avec Jonathan pen­dant plusieurs km, puis nous déci­dons d’aller chercher de l’eau, près d’un lac, on blague sur l’idée d’une baig­nade, on retrou­ve une autre par­tie du groupe, et déci­dons d’aller nous rafraichir au lac, 15′ top chrono, un plouf, plus tard, nous revoila sur nos vélos, nous allons vite séch­er avec cette tem­péra­ture.

Le reste de la journée se passera sans encom­bre, la route est sim­i­laire au tra­jet du 600 km Mauricie, alors j’ai quelques repères. Arrivée à Descham­bault vers 23h, grosse pou­tine, douche, branche­ment d’ap­pareils pour la recharge, il est minu­it et me voilà au lit, pas le temps de train­er, la nuit sera courte (3h).

Jour 2 : Descham­bault à Thed­ford Mines 310 km

Nous par­tons en groupe vers 4h45, j’ai eu le temps de manger un bagel déje­uner et j’en ai pris un pour la route, il faut du car­bu­rant. La journée a été annon­cée comme la plus dure par les anciens, il fau­dra ser­rer les dents ! Nous filons vers Québec par le chemin du Roy (la pre­mière route en Amérique du Nord), les points de vue vers le fleuve Saint Lau­rent sont mag­nifiques, je con­nais un peu ces routes pour avoir fait par deux fois Mon­tréal-Québec avec Pro­cure, en 2018 et 2019. C’est d’ailleurs en 2019 que j’avais ren­con­tré 4 hulu­ber­lus qui reve­naient de Paris-Brest-Paris, j’avais été fasciné par leurs réc­its de vélos longue dis­tance …, et sans le savoir, la graine du cyclisme longue dis­tance venait d’être semée dans mon esprit ! Nous pas­sons le pont de Québec, la vue est à couper le souf­fle depuis cette piste cyclable large comme un mou­choir de poche, je ne peux m’empêcher de regarder le fleuve, mais gare aux écarts. Nous sommes main­tenant sur la piste cyclable de la rive sud de Québec que nous suiv­rons sur plusieurs km.

Pho­to rapi­de en groupe devant le château Fron­tenac, on pour­suit par un arrêt dans un café sym­pa­thique à Lévis où le groupe se restau­re.

Direc­tion Mont­mag­ny qui sera notre point le plus à l’est de ce par­cours. Nous filons vers Sainte Marie, en Beauce, le dénivelé devient sérieux tout comme la cir­cu­la­tion, il faut rester con­cen­tré. J’ar­rive au Sub­way de Sainte Marie dans un mau­vais état d’e­sprit, la fatigue com­mence à se faire sen­tir sérieuse­ment, le dénivelé, l’accotement sou­vent min­i­mal­iste, les auto­mo­bilistes pas tou­jours respectueux n’aidant pas. Je mange en vitesse et m’aperçois que j’ai mal rechargé ma lampe avant, et que mon bat­tery pack est à vide, j’ai vrai­ment niaisé hier soir à l’hô­tel, voilà une bonne leçon ! Après un arrêt très court je repars avec Olivi­er, Marc, et Yvon, je ne souhaite pas rouler seul la nuit surtout avec ce dénivelé et ma lampe faiblarde. Olivi­er me prête sa lampe de sec­ours ce qui me per­met de me con­cen­tr­er sur autre chose : mon­ter les côtes, et les descen­dre en sécu­rité. Je suis encore novice pour rouler la nuit alors il faut être pru­dent. Je reste avec le groupe et fini par arriv­er à Thed­ford Mines vers 22h50 épuisé. La bonne nou­velle c’est que l’on pour­ra dormir un 2h de plus (5h au total) !

Jour 3 : Thed­ford Mines à Saint Lam­bert 318 km

J’avais prévu de par­tir pour 7h30 avec mon groupe de la nuit précé­dente, et décide de suiv­re mon co-cham­breur Sebas­t­ian qui part à 6h, une fois réveil­lé avec 5h de som­meil bien répara­teur, on prend la moti­va­tion si elle est là ! Direc­tion Tim Hor­tons pour un déje­uner avec Kathia, Jonathan et Sebas­t­ian. Dès les pre­mières cotes Jonathan et Kathia s’échappent à l’avant, je ne les rever­rais plus de la journée. Je pour­su­is avec Sébas­t­ian pen­dant env­i­ron 50km à tra­vers Saint Adrien d’Irlande, c’est calme et très beau, et encore du dénivelé ! Il y en aura jusque Gran­by.

Je retrou­ve Gaby et com­mence à papot­er, lui aus­si est par­ti à 6h30. Je dis­cute du début de par­cours avec lui, notam­ment du fait que j’ai retrou­vé son pon­cho rouge sur la route ! Sebas­t­ian prend le large, je ne le rever­rai plus non plus. Ce sera donc une journée de vélo avec Gaby, on jase de beau­coup de sujets mais surtout des cotes non réper­toriées dans la base de don­nées de son gps Garmin ! En par­lant de gps, j’ai coupé le mode de suivi dynamique des côtes du mien, me ren­dant compte que cela siphonne la bat­terie (un autre enseigne­ment du week end..) ! Entre Vic­to­ri­av­ille et Mel­bourne, c’est la pam­pa, pas un chat ! Sans dépan­neur nous finis­sions par qué­man­der de l’eau à des habi­tants et on jase de notre aven­ture de la fin de semaine.

Ça roule cor­recte­ment mais plus lente­ment, fatigue oblige, on s’ar­rête au Cap­i­taine Frite pour se sus­ten­ter, cela change de McDo, on est bien con­tents ! Direc­tion Gran­by pour le prochain arrêt, on se con­necte à la piste cyclable, fini le traf­fic pour un bout. Un dernier Mcdo pour ter­min­er, il reste 92 km entre Gran­by et Saint Lam­bert. Peu après Gran­by, ma chaine saute une pre­mière fois, puis plusieurs à‑coups se font sen­tir, cela tombe bien j’ai prévu de chang­er toute la trans­mis­sion mar­di, bon tim­ing ! Je fais atten­tion pour moulin­er plus et croise les doigts pour que cela tienne, un aban­don si proche serait dom­mage. La fin de par­cours se fait sans encom­bre de nuit avec peu de cir­cu­la­tion, un seg­ment de grav­el de 3km plus tard et l’as­cen­sion du mont Saint Hilaire, nous voilà en chemin pour ter­min­er ce brevet. Passé la riv­ière Riche­lieu, je vois arriv­er Olivi­er sur ma gauche suivi de Marc et Yvon, nous ne les avions pas vu de la journée ! Nous pour­suiv­ons notre route, il doit rester 35 km, nous sommes à Cham­bly. Je vois bien­tôt au loin l’en­seigne Ultra­mar de Saint Lam­bert, qui sera notre dernier arrêt. Rarement la vue d’une sta­tion essence m’au­ra autant procuré de joie, un comble pour un envi­ron­nemen­tal­iste. Une courte pause plus tard, me voilà repar­ti pour la mai­son, il me reste 18 km pour ren­tr­er via le pont Cham­plain.

Le jour se lève, les oiseaux chantent.

J’ar­rive devant ma porte lun­di à 4h15 soit 72h pile après être par­ti.

Une belle fin de semaine à vélo !

Longue vie au CVRQ !

Loïc

Épi­logue et notes à moi-même :

1. J’au­rai pu dif­fi­cile­ment imag­in­er me ren­dre jusqu’ici l’an­née passée alors que je comp­tais un brevet de 200km et un de 300km. Bien qu’on soit tou­jours seul à appuy­er sur les pédales, la sol­i­dar­ité du groupe, la struc­ture du club et le sérieux qui est mis dans la pré­pa­ra­tion des par­cours et des suiv­is, le tout est d’un grand sup­port pour pro­gress­er ; alors bra­vo aux bénév­oles du CVRQ !

2. Je ter­mine le brevet avec une liste pas mal longue d’amélio­ra­tion à faire sur mon vélo (éclairage, guido­line, réflecteurs, bat­terie), et de trucs et astuces, qui me seront d’une grande util­ité pour Paris-Brest-Paris. 3 jours de vélo inten­sif est un test men­tal, physique et d’équipement. Chaque détail compte ! Je me sens prêt pour cette épreuve mythique.

3. Je repars aus­si avec quelques con­seils en psy­cholo­gie appliquée à la longue dis­tance à vélo dis­cutés avec Gaby, durant la fin de par­cours. Un grand mer­ci à lui pour son partage d’expérience. J’en aurai assuré­ment besoin pour la suite.