Mon premier Paris Brest Paris en fixie par Carl Morin

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Adap­té de la ver­sion orig­i­nale

Départ: Saint-Quentin-En-Yvelines

J’ai quit­té l’ap­parte­ment de Paris pour l’aire de départ vers 13:00. J’avais un dîn­er plan­i­fié avant le départ. J’é­tais cédulé pour le départ de 18:00 de Saint-Quentin-En-Yve­lines, et pen­sais utilis­er le temps libre pour pren­dre plus de pho­tos.

Quit­tant l’ap­parte­ment, j’ai pris le chemin habituel. Sur mon chemin, j’ai ten­té de tra­vers­er la rue en pas­sant par dessus la bor­dure de béton bor­dant la piste cyclable. Je tombai mal­heureuse­ment sur le genou droit après que ma roue avant eu glis­sé, et perdis ain­si tous mes ajuste­ments au guidon. Il me fal­lu plusieurs min­utes pour réalign­er le tout de façon sat­is­faisante. J’ai con­tin­ué et atteint la cafétéria, ou j’ai pris du mac­a­roni, du boeuf en sauce, et beau­coup de liq­uide. Je trans­portais deux bidons et un camel­back d’une capac­ité de trois litres, presque plein. Je ne trans­portais que de l’eau. Après le repas, j’ai rejoint la filée du départ.

Les pre­miers cyclistes n’é­taient par­tis que quelques min­utes plus tôt, et nous devions être 5225 par­tic­i­pants. J’ap­prendrai plus tard qu’une voiture sta­tion­née dans le chemin blo­quait la voie pen­dant plusieurs heures et que la police inter­di­s­ait tout départ tant et aus­si longtemps que celle-ci était là. Le délai fût rel­a­tive­ment long… Puis, les vélos spé­ci­aux (posi­tion allongée, tandems, avec coque aéro­dy­namique, ain­si que cer­tains vélos fab­riqués mai­son et des pignons fix­es) prirent le départ. Il était 16:00. Le temps était bon, chaud et rel­a­tive­ment sec. Nous tran­spiri­ons sous la chaleur qui sem­blait être d’en­v­i­ron 30 degrés Cel­sius. J’ap­prendrai plus tard que cer­tains cyclistes ne prirent pas le départ, ayant souf­fert d’in­so­la­tion.

J’ai ren­con­tré plusieurs per­son­nes, me présen­tant, mon vélo à été pho­tographié ou ignoré. L’at­tente était longue et nous n’avions que nos réserves d’eau sur nous. Bien que cer­tains purent se rav­i­tailler lors de la longue et lente marche vers le départ, ce n’é­tait pas chose facile, vu les rares abreuvoirs le long de la piste entourant le gym­nase, et la plu­part ne pou­vait tra­vers­er la largeur de la filée, celle-ci étant de 5 à 8 cyclistes.

J’at­teig­nis finale­ment le point ou la puce élec­tron­ique serait enreg­istrée, et fis estampiller mon départ dans mon car­net de route, inclu­ant sig­na­ture d’un offi­ciel. Il était 19:15. On nous deman­da de nous avancer à la ligne de départ. J’é­tais pru­dent de ne pas trop m’a­vancer, m’at­ten­dant à ce que cer­tains d’en­tre nous se pré­cip­i­tent à l’a­vant pour pou­voir don­ner plein gaz dès le départ, comme des fous, ce que je n’avais nulle­ment l’in­ten­tion de faire. Je sais com­ment je réagis sous la pres­sion, et par­tir à pleine vitesse dès le départ viderait rapi­de­ment mes réserves. Je devais aus­si con­sid­ér­er la chaleur à laque­lle j’avais été soumis, au cours des dernières heures, de même que mon état avancé de déshy­drata­tion (je ne pris con­science de cet état dans sa pleine mesure que plus tard), et de plus, je n’avais aucune idée des défis que présen­tait la route devant moi, ou autres prob­lèmes poten­tiels. J’ai pu me main­tenir dans le dernier tiers de la masse. J’ap­prendrai plus tard que l’ensem­ble des cyclistes par­tait en grappes de 450 indi­vidus, toutes les 20 min­utes.

Le départ fut don­né à 19:40 exacte­ment.

Stage 1: Saint-Quentin-En-Yvelines vers Villaines-La-Juhel (incluant un arrêt à Mortagne-Au-Perche) 220km en 10h36m

Je n’ai jamais pris part à un départ de cyclistes de plus de 20 indi­vidus. Me voilà ici avec 450 autres, prob­a­ble­ment le seul roulant à pignon fixe du groupe, et par­mi ceux dont l’anglais est soit la langue sec­onde, ou pour lesquels l’anglais est incon­nu, et prob­a­ble­ment aus­si sans aucune con­nais­sance pra­tique du français. J’é­tais quelque peu inqui­et puisqu’é­tant par­mi de très grands cyclistes, hommes, femmes, alle­mands, danois, sué­dois, roulant très près les uns des autres, un pied dans les cales, l’autre sur­volant le sol de près, allant lente­ment, et atten­dant que la masse ne prenne sa véloc­ité. Je roule en 43 x 15, et mon plan est de rouler ain­si jusqu’à Tin­té­ni­ac, où je tourn­erai ma roue arrière et utilis­erais le pignon de 17 pour la par­tie Tin­té­ni­ac-Brest-Tin­té­ni­ac, étant don­né qu’elle parais­sait plus pentue (collines).

À un moment don­né, la vitesse se mit à aug­menter rapi­de­ment, les motards de la gen­darmerie ouvrant le chemin avec une voiture à l’ef­figie du PBP, la foule au long de la route applaud­is­sant, cri­ant, encour­ageant, souri­ant, émet­tant de forts “bra­vo!”. Le soleil se couchait lente­ment, et tout ce que j’avais à faire était de suiv­re la foule. J’ai passé quelques cana­di­ens, inclu­ant celui roulant sur un “Bike Fri­day”, roulant avec ses bras reposant sur son sac de guidon. À ce moment, nous ne passerons pas encore de vélos spé­ci­aux, ceux-ci étant par­tis plus tôt et avec une bonne avance. Le groupe com­mença à se dis­pers­er et il y avait moins de monde autour de moi. De cen­taines, nous étions passés à des grappes d’une dizaine.

La nuit tombant, j’ai dû m’ar­rêter pour revêtir ma cha­suble réfléchissante à l’im­age du PBP; jolie et con­fort­able et presque chaude. Je véri­fi­ai mes lumières de sec­ours, et lais­sai la lumière arrière à pile allumée, de même que celle que je por­tais au dos de mon casque. Par­lant de casques, je crois pou­voir compter sur les doigts d’une seule main les cyclistes ren­con­trés ne por­tant pas de casques. Plutôt bon résul­tat con­sid­érant qu’il était forte­ment recom­mandé, mais pas oblig­a­toire! Nous pédalâmes ain­si à tra­vers la nuit, et passé l’ex­ci­ta­tion du départ, je me décou­vre presque dépourvu de moti­va­tion. Au kilo­mètre 50, j’é­tais prêt à aban­don­ner. Je ne voulais plus con­tin­uer, et je fus assail­li de pen­sées rel­a­tives à un retour, un arrêt. Ces pen­sées ne me quit­teront pas avant Brest, 600km plus loin. La seule option disponible pour­tant était de con­tin­uer à pédaler et de garder à l’e­sprit d’ef­fectuer de petits objec­tifs; par exem­ple, arriv­er au pre­mier con­trôle de Vil­laines-La-Juhel, et voir les alter­na­tives.

En route j’ai ren­con­tré des ran­don­neurs couchés sur le bord de la route, inclu­ant un vieux taïwanais à longue barbe blanche mais jau­nie sous le réver­bère, que j’avais vu par­tir dans le groupe précé­dant le mien. J’ai su plus tard qu’il avait 70 ans, et en était à son pre­mier PBP!

Tel que je m’en sou­vi­enne, la route sem­blait mon­ter, et ponc­tuée de petits vil­lages. Des gens nous encour­ageaient con­tin­uelle­ment du bord de la route. Je m’as­sur­ai de sourire et remerci­er ces gens à chaque pas­sage, ou d’en­voy­er la main. Alors que je pédalais, j’é­tais par­fois devant et aucun autre cycliste pour me guider, ou je ne pou­vais voir ceux qui me précé­daient à cause de la con­fig­u­ra­tion du ter­rain. Il m’est arrivé alors de me tromper à plusieurs repris­es et d’en­ten­dre avant que d’aller trop loin: “NON! À DROITE” ou “PAS PAR LÀ!”. J’ai prob­a­ble­ment fait 3 kilo­mètres au total par erreurs de cette sorte. Mal­gré cela, je n’é­tais pas le seul à le faire, car une fois sur le bon chemin, j’en­tendais les mêmes cris der­rière à l’en­droit des cyclistes me suiv­ant. Bien que mon GPS fonc­tion­nât très bien, les ronds-points pou­vaient ren­dre con­fus, et les pan­car­tes avec les flèch­es indi­quant le par­cours ne parais­saient pas tou­jours aus­si vis­i­bles, ou pou­vaient sug­gér­er à mon point de vue plus de virages que néces­saire… De plus, souf­frant de myopie, ces pan­car­tes, dans la noirceur, m’é­taient invis­i­bles, et j’ai du tro­quer mes lunettes cyclistes (qui me pro­tégeaient très bien les yeux) pour mes ver­res cor­recteurs. C’é­tait une sage déci­sion pour rouler la nuit. Pour­suiv­ant ma route, et au milieu de la nuit, nous pédalions sur des routes dépourvues d’é­clairage.

Main­tenant, essayez d’imag­in­er une étroite route de cam­pagne, et tout ce que vous voyez sont les jambes et les arrières des vélos qui vous précè­dent, dans l’il­lu­mi­na­tion de votre phare, ou plus loin, les feux rouges de posi­tion. Main­tenant, essayez d’imag­in­er des mil­liers de ces lumières rouges devant vous. Et si vous deviez vous arrêter, vous ver­riez une pro­ces­sion de cen­taines de lumières blanch­es, dansant au rythme du pédalage, comme autant d’in­sectes noc­turnes déam­bu­lant vers vous. Cette vision fan­tas­magorique inspi­rait un sen­ti­ment d’é­trangeté à laque­lle je n’avais aucune con­science préal­able. Habituelle­ment, lorsque je roule la nuit, je suis seul, ou accom­pa­g­né de quelques cyclistes, jamais plus de 10. Mais ici, je pre­nais part à une longue trainée de ces lumières, lesquelles pas­saient du blanc au rouge arrivées à moi.

À un moment don­né, j’ar­rê­tais dans un vil­lage, alors que j’aperce­vais des gens prenant place à la ter­rasse d’un café. Il était passé 23:00, et je me dis­ais qu’un breuvage autre que de l’eau me ferait du bien. À ce moment, j’es­sayais de boire le plus pos­si­ble, mes lèvres étaient sérieuse­ment ger­cées, enflées et de larges sur­face de peau lev­aient. J’é­tais vrai­ment déshy­draté. Alors j’en­trai et com­mandai un choco­lat (le nom qu’ils don­nent au choco­lat au lait) et une orang­i­na. Je pris mes choses et m’as­sis en dehors de la ter­rasse. J’eu plusieurs sur­pris­es alors: d’abord, cer­tains cyclistes étaient à boire une pinte de bière. Deux­ième­ment, ils ser­vaient de la bière aux cyclistes, mais pas aux clients parce que passé 23:00. J’é­tais aus­si sur­pris de voir que le choco­lat n’é­tait en fait que du lait réchauf­fé auquel on ajoutait de la poudre de choco­lat instan­ta­né. Dernière sur­prise, alors que je com­mandais un deux­ième ser­vice et qu’il n’y avait plus d’o­rang­i­na, on me servit du jus d’o­r­ange “Minute Maid”… Assis à une table et faisant face à la rue, je vis un com­pagnon de ran­don­née du Québec, grim­pant la rue en danseuse. Ce ran­don­neur aban­don­nera avant Brest, mal­heureuse­ment. Mon com­pagnon de table était anglais, et alors que nous dis­cu­tions, je partageai mes trou­bles de moti­va­tion. L’homme m’a prob­a­ble­ment aidé plus qu’il ne l’au­rait pen­sé alors. Il me dit: “Bien, rap­pelles-toi que tant que tu roules, tu gagnes des heures poten­tielles de repos. Le plus vite tu iras, et plus tu auras de temps pour te repos­er entre les con­trôles”. Je décidai de suiv­re cet avis.

Je quit­tai alors, pous­sant un peu plus sur les pédales. Je grim­pai à tra­vers les collines, dans la nuit, et pas­sant beau­coup de monde. En fait, je con­state rétro­spec­tive­ment que je ne me rap­pelle pas avoir été dépassé par qui que ce soit, sinon lors de la dernière étape, ou descen­dant des côtes alors que je roulais en 43 x 17. Je roulais autrement assez rapi­de­ment, mais je ne pour­rais dire à quelle vitesse, mon Garmin ne me don­nant pas cette infor­ma­tion sur la carte GPS par choix. Je n’avais que le temps et la dis­tance. Je pédalai ain­si pour une longue péri­ode.

À Mortagne-Au-Perche, je renou­ve­lai mes réserves d’eau tout en buvant et mangeant. Je repris la route et vers 2:00 du matin, m’en­dor­mant, je décidai de m’ar­rêter. Je m’é­tais déjà endor­mi au guidon par le passé, et je venais de con­naître un léger épisode sem­blable; je savais que cela n’i­rais qu’en s’ag­gra­vant et pro­duire un acci­dent, ce que je n’avais aucune inten­tion de laiss­er arriv­er. Je trou­vai une aire légère­ment élevée au bord de la route, y mon­tai mon vélo, me fis un lit de mon Camel­back, et me cou­vrai le vis­age de ma cha­suble. Je fer­mai les yeux. Je ne crois pas m’être endor­mi; je me sen­tais plus paralysé ou fixé dans le temps, en stase ou quelque chose du genre, vide de toutes pen­sées. Je restai ain­si env­i­ron 30 min­utes, et enfour­chai ma selle.

J’ar­rivai à Vil­laines-La-Juhel à 6:18. Je mangeai un peu et me dirigeai vers l’aire de repos. Pour 3 Euros, je dormis 45 min­utes. Réveil­lé, je me rav­i­tail­lai en eau et pris un petit-déje­uner. Je ren­con­trai alors 2 com­pagnons de Québec (ren­con­tré quelques jours plus tôt dans l’avion qui nous mena en France). Ils m’in­for­mèrent que l’un de nos col­lègues était tombé d’i­na­ni­tion de son vélo, suite à des prob­lèmes hydrata­tion, d’al­i­men­ta­tion et de coup de chaleur. J’ap­prendrai plus tard qu’il avait repris la route, et qu’il fini­ra son PBP en même temps que moi.

Stage 2: Villaines-La-Juhel vers Fougères 85km en 5h39m

Je quit­tai prob­a­ble­ment Vil­laines-La-Juhel passé 8:00 du matin. Bien que j’é­tais un peu fatigué, je me sen­tais bien. Je ne me rap­pelle pas de pen­sées néga­tives alors. J’ai mangé un dîn­er plutôt qu’un déje­uner. Puis je par­tis en offrant à mes com­pagnons de Québec de les accom­pa­g­n­er. Bien qu’ils accep­tèrent, je n’ai pas respec­té cet engage­ment, alors que je me rendis compte que le temps comp­tait pour celui qui roulait en pignon fixe, con­sid­érant les mon­tées à venir, et décidai de pouss­er en direc­tion de Fougères.

À cette étape, nous étions con­fron­tés à des collines, et la route n’é­tait pas aus­si douce qu’au­par­a­vant. L’as­phalte parais­sait usé par le temps, et des plaques de routes plus rugueuses que d’autres se présen­taient ça et là, me ralen­tis­sant un peu. J’ai passé plusieurs cyclistes encore tout au long de cette route, et cela représen­tait par fois un risque car plusieurs cyclistes avaient la mau­vaise habi­tude de rouler au cen­tre de la route, plutôt qu’au cen­tre ou à droite de la voie.

Cette mau­vaise con­duite pour­rait expli­quer la mort d’un cycliste améri­cain plus tard. Je crois que nous en saurons sûre­ment davan­tage après les résul­tats de l’en­quête.

À part cela, la route fut tran­quille et sans inci­dent pour ma part.

Stage 3: Fougères vers Tinténiac 55km en 2h46m

De Fougères à Tin­té­ni­ac, la route est rel­a­tive­ment plate et sans inci­dent, sinon par la ren­con­tre inat­ten­due d’un com­pagnon ran­don­neur français (orig­i­naire de Loudéac pour être pré­cis) et que j’eus l’hon­neur de ren­con­tr­er lors de brevets au Québec. Nous dis­cutâmes près de 45 min­utes, et il m’in­for­ma de son inten­tion, en ren­trant à Loudéac, son lieu de nais­sance, de porter le mail­lot de l’équipe de foot orig­inelle­ment gérée par son père, mais mal­heureuse­ment fusion­né avec une équipe d’ailleurs. “Ce sera un beau moment d’é­mo­tion” ajou­ta t’il. Nous nous séparâmes, et nous souhaitèrent bonne route. Nous ne nous rever­rons pas, mais je sais qu’il ter­mi­na en 75 heures et 53 min­utes. Beau tra­vail Jean-François!Arrivé à Tin­té­ni­ac, je pris le temps de manger. La nour­ri­t­ure y était excel­lente; je ne me rap­pelle pas ce que j’ai mangé, mais c’é­tait vrai­ment bon, et à mon avis, la meilleure nour­ri­t­ure de tous les con­trôles. Comme à tous les con­trôles, il y a de la nour­ri­t­ure, mais aus­si des breuvages, inclu­ant jus d’o­r­ange, eau, minérale ou pas, du coca-cola, et de la bière, du vin rouge…

Je fis quelques véri­fi­ca­tions sur ma machine, ajus­tant lumières, guidon, et changeai ma roue de bord pour utilis­er mon pignon de 17 en pré­pa­ra­tion de la topogra­phie à venir.

Stage 4: Tinténiac vers Loudéac 86km en 5h52m

C’est ici que cette ran­don­née prend une nou­velle tour­nure. La tem­péra­ture est tou­jours bonne et rel­a­tive­ment chaude, bien que des nuages com­mençaient à poindre à l’hori­zon. C’est aus­si à par­tir de ce moment que je com­mençai à voir des cyclistes sur leur retour. J’ai aus­si vu des cyclistes dor­mant sur le bord de la route, dans des bivouacs, sorte de sar­cophage flex­i­ble, nip­pés ser­rés, sur l’herbe. Il y en avait trois alignés sur cette route, au moins.

La route com­por­tait plus de collines. Toute­fois, elles étaient assez petites, et rel­a­tive­ment faciles au pédalage.

J’ar­rivai à Loudéac et l’air était frais, mais la foule com­pacte; l’ac­cueil y fût des plus chaleureux, avec un pas­sage étroit délim­ité de garde-foules débor­dant de gens applaud­is­sant. J’ai fait mon con­trôle, et pris deux galettes (très sem­blable à nos crêpes) à la saucisse avec de la moutarde forte. C’é­tait bien. L’en­droit était trop bruyant, et je n’avais pas le coeur à la fête, aus­si entre­pris-je de quit­ter pour le con­trôle suiv­ant, en espérant pédaler à tra­vers la nuit et me ren­dre ain­si à Brest.

Stage 5: Loudéac vers Carhaix-Plougher 79km en 8h50m

Il se mit à pleu­voir peu après mon départ de Loudéac. Cela com­mença d’abord par des éclairs au loin et comme le son du ton­nerre pre­nait du temps à par­venir à mes oreilles, j’avais l’im­pres­sion que nous ne seri­ons pas affec­tés par l’or­age qui parais­sait fort vio­lent. J’avais tort. À un moment, de façon inat­ten­due, éclairs et ton­nerre se déclenchèrent au-dessus de nos têtes, et cela se mit à tomber généreuse­ment et en peu de temps, j’é­tais trem­pé jusqu’aux os. Depuis le départ de Paris, je porte les mêmes vête­ments, soit un pan­talon court et léger, muni d’un sous-vête­ment avec un bon chamois, un t‑shirt très léger de jog­ging (avec des trous pour mieux respir­er), et une paire de bas en laine méri­nos, lesquels ne seront enlevés qu’au retour à l’ap­parte­ment de Paris, telle­ment ils sont con­fort­a­bles, chauds, et sans odeur. Pour­tant, je n’avais pas froid, j’é­tais bien, surtout que le pédalage me main­te­nait au chaud. Les collines n’é­taient pas longues, mais avaient quelques bonnes pentes.

Mais la nuit tombée, je m’in­ter­ro­geais à savoir si mon pro­jet de ral­li­er Brest dans la nuit était réal­iste. Alors que d’autres cyclistes sur le retour for­maient une chaîne con­tin­uelle, leurs phares aveuglants dans la nuit trem­pée, la pluie qui ne ces­sait pas de tomber, la route peu illu­minée, la cir­cu­la­tion routière (de gros camions emprun­taient ces routes, ain­si que quelques très rares voitures), et le style de con­duite de cer­tains cyclistes (au cen­tre de la route!) me décidèrent à pren­dre un arrêt. Suite à ma déci­sion, j’ar­rê­tai à Saint-Mar­tin-Des-Prés, où, lors d’une mon­tée, je vis au fond d’un virage, un rassem­ble­ment sous une grande bâche ou sem­blait être un bar­be­cue.

Je débar­quai de mon vélo, et un homme me dit de me diriger vers le bâti­ment de droite pour entre­pos­er mon vélo pour la nuit. Je demandai s’il y avait des pos­si­bil­ités de dormir, et il me dit de me ren­dre au bar. Je plaçai mon vélo dans l’en­tre­pôt, qui se révéla en fait être un bâti­ment au pla­fond bas, dont le sol était sablon­neux. Je me dirigeai vers le bar, de l’autre côté de la rue, prenant garde de ne pas me met­tre sur la route des cyclistes qui mon­taient, et m’en­quit des pos­si­bil­ités de couchage. On me dirigea vers Cindy.

Une fois dans le bar, Cindy, une femme dans la trentaine, d’en­v­i­ron 1m55, cheveux court, châ­tains clair, et entourée de jeunes femmes dans la jeune ving­taine, me dit à voix basse qu’elle n’avait plus de place, mais qu’elle pou­vait m’of­frir de couch­er dans son bureau, à terre. Je dégouli­nais d’eau, et franche­ment, aurais pu dormir dans les toi­lettes (une très mau­vaise idée que je me gar­dai de sug­gér­er) et accep­tai son offre. Elle m’of­frit aus­si une servi­ette, et je lui demandai quels étaient les frais.

- C’est gra­tu­it mon­sieur. — Par­don? — C’est gra­tu­it; cela ne fait qu’un an que nous sommes ouverts et nous ne sommes pas totale­ment instal­lés — C’est vrai­ment très généreux de votre part, mer­ci! Pour­rais-je acheter une bière? — Bien sûr: ce sera 1 Euro 50

J’é­tais assez ému de cette offre de dormir pour rien. Je me désha­bil­lai et me séchai comme je le pus, rinçant mes vête­ments salis et souil­lés, et les mis à séch­er sur la calan­dre de chauffage. C’est alors qu’un autre invité entra, qui s’in­stallera sur le divan. L’homme de ma taille mais de très forte car­rure était orig­i­naire de La Manche. Il m’ex­pli­qua que ses par­ents le suiv­aient, mais qu’ils étaient bruyants la nuit (??) et devait de toute façon couch­er dehors. Il plan­i­fiât quit­ter à 3:00 du matin, alors que je plan­i­fi­ais quit­ter à 4:00.

Je bus ma bière, et mangeai une orange ramassée plus tôt au cours de la journée, puis tombai endor­mi.

Je m’éveil­lai à 3:00 du matin, par moi-même; mon com­pagnon de cham­bre n’é­tait plus là, et je décidai de ne pas per­dre de temps et quit­tai immé­di­ate­ment. Je ne mangeai pas, ni ne renou­ve­lai mes réserves d’eau (j’en avais encore beau­coup), et comme j’au­rais à faire face à des mon­tées, je me dis que je perdrais du poids en roulant, ce qui me facilit­erais la tâche. Alors je plongeai dans la nuit comme une ombre, pédalant dans la pluie qui per­du­rait, mais avec moins d’in­ten­sité toute­fois, et rel­a­tive­ment fraîche. J’é­tais entière­ment mouil­lé après 10 min­utes, mais cette fois, je por­tais un mail­lot en laine méri­nos, une culotte de cycliste Pearl Izu­mi. Le choix de ce cuis­sard à chamois plus mince sera ma perte.

Je me devais de me chang­er pour un vête­ment sec et pro­pre, d’au­tant plus que nos cuis­sards ne restent pas dans leur meilleur état tout le temps (surtout en longue dis­tance…). Et je n’avais rien d’autre, ce qui fait que je dus faire avec ce que j’avais. Cela demande par­fois une cer­taine humil­ité de notre part.

Ce cuis­sard sera ma perte, et vous com­pren­drez plus tard pourquoi.

Stage 6: Caraix-Plougher vers Brest 93km en 5h12m

À Carhaix-Plougher, je fis comme à mon habi­tude, je refis mes réserves puis mangeai. Je retour­nai au vélo et entre­pris la longue grimpe.

Et ce fût une longue ascen­sion; la route était assez belle toute­fois, et com­par­a­tive­ment au tronçon Fougères-Tin­té­ni­ac, le pédalage me parut aisé. Je dépas­sai plusieurs per­son­nes encore, et la pluie avait cessé. Je me sen­tais un peu bizarre, comme pas à ma place. J’ar­rivai à un petit vil­lage, lequel avait un beau lac, per­du dans le brouil­lard. Je pou­vais voir des cygnes blancs, et autres oiseaux, volant au plus bas. Je pris une pause, appuyai mon vélo, et sor­ti un objet civil­isé dont j’avais le plus besoin alors: ma brosse à dent.

Je me bros­sai les dents tout en regar­dant le paysage, avec le son des coups de pédales de cyclistes qui pas­saient der­rière moi. Je ressen­tais une cer­taine sat­is­fac­tion, et de com­plé­men­tar­ité, comme si je rede­ve­nais un peu moi-même. Cela me per­me­t­tait aus­si de pren­dre une pause de ma selle Brooks, laque­lle me sem­blait plus dure, plus dif­fi­cile.

Peu après, je pris quelques pro­fondes res­pi­ra­tions, me remis en selle et la sen­ti encore moins con­fort­able. Je pédalai et rat­tra­pai les autres, puis les devançai, en pleine ascen­sion.

À mesure que je gag­nais en alti­tude, la vis­i­bil­ité allait en décrois­sant. Mes lunettes de cyclisme étaient pleines de gout­telettes de rosée, de même que mes bras, et mon mail­lot de méri­nos, comme autant de minus­cules per­les de verre. J’é­tais com­plète­ment mouil­lé, barbe et mous­tache tout aus­si mouil­lées dans la rosée mati­nale. Je véri­fi­ai la tem­péra­ture sur mon Garmin; 13,4 degrés Cel­sius. Je ne ressen­tais pas le froid toute­fois, je me sen­tais au chaud dans l’ef­fort. Mais je m’in­quié­tai alors qu’à mesure de l’as­cen­sion, la tem­péra­ture ne descende davan­tage, et si pris à m’ar­rêter, que je ne sois soumis au froid. Je con­tin­u­ai de pédaler, dépas­sant encore des gens, déter­miné à con­quérir l’ob­sta­cle.

Au som­met de la colline, bien que je n’avais jamais été capa­ble de dire si je l’avais atteint, la vis­i­bil­ité était qua­si nulle avec moins de 5 mètres d’hori­zon. Procé­dant avec pré­cau­tion, j’en­tre­pris la longue descente vers Brest. La plus haute vitesse que je me per­mis approchait les 40km/h. Vous devez com­pren­dre ceci, que d’u­tilis­er un pignon fixe exige l’ac­cep­ta­tion incon­di­tion­nelle que vous pédaler sans cesse, tant que les roues tour­nent. Les deux mains au guidon, appuyant sur les freins légère­ment, je regar­dai les cyclistes me dépas­saient dans la descente à vitesse assez élevée, jusqu’à ce qu’à mi-chemin, un attroupe­ment impromp­tu et imprévis­i­ble se présente: véri­fi­ca­tion des lumières! Tous furent véri­fiés, et cer­tains invec­tivés pour ne pas avoir leurs lumières allumées, ou leur cha­suble sur le dos. J’ai recon­nu Robert Leduc, prési­dent de l’Au­dax Ran­don­neur Mon­di­aux crier “Lights on!”. J’é­tais en règle, et je sais que les règles étaient claires et que des pénal­ités seraient attribuées aux fau­tifs, par l’a­jout de quelques min­utes sinon de quelques heures…!

Et cela fait beau­coup de sens pour moi; une telle organ­i­sa­tion ne peut se per­me­t­tre la respon­s­abil­ité de l’im­pru­dence de ses mem­bres, et les cyclistes ne devraient se per­me­t­tre de met­tre leur vie ou celle des autres en dan­ger inutile­ment.

Je pour­suivi donc ma descente. Je ren­con­trai quelques mon­tées sup­plé­men­taires, mais de moin­dre impor­tance, approchant Brest par son pont de l’Iroise:

Je n’avais guère de temps pour le con­tem­pler, me sen­tant à court de temps. J’ai tra­ver­sé le bras de mer qui l’en­jam­bait par le pont voisin, apparem­ment dédié celui-là pour les cyclistes et les pié­tons.

L’en­trée dans Brest fut longue et un léger dés­ap­pointe­ment. Après ces ponts mag­nifiques, j’en­tre­pris quelques ascen­sions plus ou moins exigeantes, puis la route bifurqua pour nous faire tra­vers­er une aire indus­trielle, le long du port. Je n’en pou­vais plus d’ar­riv­er au con­trôle et une fois ren­du, lais­sai mon vélo dans l’en­tre­pôt ser­vant de park­ing, et me dirigeai au con­trôle.

Tous les con­trôles se ressem­blent; habituelle­ment, on passe un tapis, lequel per­met l’en­reg­istrement du pas­sage de la puce attachée à la jambe, et 2 per­son­nes avec un t‑shirt vert (avec la men­tion “bénév­ole”) assis à une table, le pre­mier estampil­lant du sceau du club Audax local le car­net de route dans la case cor­re­spon­dant à la des­ti­na­tion, et l’autre inscrivant de façon man­u­scrite l’heure, et sig­nant pour offi­cialis­er le tout. Le car­net fait fig­ure de référence offi­cielle rel­a­tive­ment à la puce, mais cette dernière per­met de com­mu­ni­quer au monde la posi­tion, l’heure d’ar­rivée, le kilo­mé­trage et la vitesse moyenne.

Il faut aus­si savoir que dans un for­mat Brevet Ran­don­neur Mon­di­aux (BRM), les ran­don­neurs dis­posent d’une péri­ode pré­cise pour arriv­er au con­trôle, inclu­ant une heure min­i­male, et une heure max­i­male. Plus on arrive tôt dans les temps, plus d’heures il nous reste pour faire le reste du tra­jet, ou se repos­er.

Pour ma part, je pre­nais un temps raisonnable pour boire, manger et me repos­er. Les records ne m’in­téres­saient pas. Seule une arrivée dans les temps et en bonne forme m’importaient.Malheureusement, mon der­rière me fatiguait de plus en plus et com­mençait à me faire mal. Cela ne ferait que s’ag­graver.

Psy­chologique­ment, je n’al­lais pas. Je con­sid­érais sérieuse­ment de tout laiss­er. Le TGV Brest-Paris serait des plus rapi­des, et me con­duirait sans délais ou presque à l’ap­parte­ment de Paris. La pen­sée de tout laiss­er ne me don­nait aucun sen­ti­ment de remord à ce moment-là.

Stage 7: Brest vers Carhaix-Plougher 85km en 5h9m

D’i­ci, nous étions tous sur le retour. Et cela m’é­claira: je pou­vais doré­na­vant compter les kilo­mètres tel un compte-à-rebours! Cela sem­blera stu­pide, mais ma per­spec­tive venait de chang­er du tout au tout! Je remon­tai sur mon vélo, tou­jours avec cette douleur au der­rière mais apaisée pour un temps, et don­né de bons coups de pédale au sor­tir de Brest. Mon Garmin m’é­tait inutile alors, car les tra­jets pré-enreg­istrés pour ce tronçon ne se trou­vaient pas tous dans mon appareil, inclu­ant ce tra­jet. Je pour­rai utilis­er la plu­part des par­cours déjà fait pour les por­tions suiv­antes, du moins pour la plu­part. Je suiv­is néan­moins les flèch­es assez aisé­ment, et me remis à dépass­er des cyclistes.

Après la pre­mière ascen­sion du retour, je m’ar­rê­tai briève­ment pour un choco­lat. À ce café, j’y vis une très vieille bicy­clette entourée de trois hommes. L’un d’eux l’a pris dans ses mains pour la peser et sem­blait impres­sion­né par son poids. Elle était aus­si assez grande. Il se trou­ve en fait que cette vieille bicy­clette fut con­stru­ite en 1900, et fai­sait le PBP par l’en­trem­ise de son cav­a­lier anglais. L’homme était habil­lé d’époque. Pour mon­ter cette bicy­clette, il fal­lait, après avoir pris le guidon, met­tre le pied gauche sur l’écrou dépas­sant du moyeu sur la gauche, et don­nant un élan de la jambe droite, enfourcher le vélo en déposant son der­rière sur la selle Brooks de 110 ans, le pied droit sur la pédale droite, puis ramen­er le pied gauche sur la pédale gauche, et entre­pren­dre le pédalage.

Il sem­ble que ce même per­son­nage avait util­isé la même bicy­clette en 2007, cette fois-là, avec un panier au guidon chargé de pommes de terre et de carottes… Il fini­ra ce PBP à peu près en même temps que moi.

Je ren­con­trai un curieux de ce vélo par la même occa­sion; nous dis­cutâmes de cette bicy­clette, mais aus­si de la mienne. Je lui ai présen­té, et partagé mon expéri­ence comme fort pos­i­tive jusqu’à présent (omet­tant mes petites douleurs). Il prit en note mon numéro de cadre, et m’an­nonça qu’il me suiv­rait. Il fit en fait bien plus que cela.

Comme je grim­pais la très longue ascen­sion restante de cette por­tion Brest-Carhaix-Plougher, je pous­sais-tirais très fort sur les pédales, ce qui fai­sait en sorte que l’as­cen­sion était vrai­ment rapi­de. Au som­met je passerai de 20 à 32 km/h, à peine essouf­flé. Je me sen­tais vrai­ment bien; surtout que l’homme du café, et sa parte­naire étaient là, un peu avant le som­ment, me cri­ant: “Allez Mon­tréal! Allez!”

Cela me fit comme une douceur sur le coeur et l’âme d’être encour­agé ain­si, juste pour moi.Je con­tin­u­ai, et empli d’une nou­velle énergie, j’avais cette pen­sée: je vais faire “ça”.

Stage 8: Carhaix-Plougher vers Loudéac 80km en 5h9m

Collines, collines, collines, partout, que des collines! Je ne restai pas longtemps à Carhaix, et pour­suiv­is ma route aus­sitôt que pos­si­ble. Le rap­port 43 x 17 est bien, mais je me sens lent. Pour­tant, il me sem­ble bien adap­té aux mon­tées. Je deviens aus­si de plus en plus inqui­et de l’é­tat de mon siège. La douleur s’ac­croît et pour en dimin­uer les effets, je pédale debout pen­dant quelques sec­on­des à toutes les quelques min­utes. J’es­saye de me con­cen­tr­er sur la route, ne pen­sant à rien d’autre qu’au but final, et cela fonc­tionne par­fois, mais pour une courte durée. La douleur est réelle et un rap­pel per­ma­nent que quelque chose ne va pas et je ne com­prends pas com­ment j’en suis venu ain­si.

Je ral­lie Loudéac dans un temps raisonnable, et com­mence à plan­i­fi­er la stratégie à venir quand je ren­con­tre Bernard à la salle à manger.

Bernard est un très bon cycliste, tel que je le com­prends, fam­i­li­er des routes de France. C’est son pre­mier PBP et il visait un temps de moins de 80 heures. Mal­heureuse­ment, en allant vers Brest, il ten­ta d’éviter ce qui s’avér­era un brin d’herbe, et entra en col­li­sion avec un bord de trot­toir avec sa roue avant. Il tom­ba sur son épaule gauche, et lorsqu’il fut exam­iné par un médecin, on lui con­seil­la de faire des radi­ogra­phies. Con­va­in­cu qu’il s’agis­sait plutôt d’une bur­site, il alla se couch­er et dor­mi près de 6 heures. Puis il reprit la route, et ain­si nous nous sommes ren­con­trés. Il m’ex­pli­qua qu’il avait tou­jours un bon con­trôle de son vélo, bien que dimin­ué par la douleur à l’é­paule.

Il avait l’in­ten­tion de se ren­dre à Quédil­lac, voire même pouss­er vers Tin­té­ni­ac avant de repren­dre un repos, puisque cette dernière ville n’é­tait que 25km plus loin. Je pris ce plan moi-même, et une fois qu’il eut quit­té la salle à manger, je par­tis moi aus­si dans la même direc­tion, une fois mon repas ter­miné.

Stage 9: Loudéac vers Tinténiac 85km en 10h36m

Loudéac vers Quédil­lac 60km en 2h46m voir:

La route de Loudéac vers Quédil­lac fut sans embûche, com­par­a­tive­ment aux stages précé­dents, sauf pour le besoin de som­meil qui se fit sen­tir. Je ne me suis pas endor­mi sur mon vélo; je me sen­tais plein d’én­ergie, bien que la douleur fût crois­sante et m’in­quié­tais de plus en plus. À Quédil­lac, je pris une douche; ma pre­mière de cette ran­don­née, et pu manger un peu, inclu­ant une petite bière pres­sion que je pris au pied de mon lit, dans la salle dor­toir où plusieurs dizaines de ron­fleurs gisaient. Juste aupar­a­vant, je revis Bernard en train de deman­der une cham­bre; je l’avais vraisem­blable­ment dépassé. Il est vrai que j’avais roulé très vite, et qu’après avoir dépassé cer­taines per­son­nes, un cycliste m’avait emboîté le pas alors que je filais à toute allure, approchant par moment les 35km/h. Un repos à Quédil­lac sig­nifi­ait une arrivée à Saint-Quentin-En-Yve­lines en une dernière volée. Je dormis quelques heures, me réveil­lant par moi-même à 5 heures du matin (j’é­tais arrivé vers 1:00 il me sem­ble).

Au petit-déje­uner, je ren­con­trai un col­lègue ran­don­neur d’Ot­tawa (voir pho­to de ran­don­neur avec un Mari­noni orange), il m’ex­pli­qua qu’il était fatigué et avait eu froid (il ne por­tait pas de vête­ment en méri­nos) et espérait faire lui aus­si la dis­tance sans autre arrêt que le temps de faire les con­trôles. Il espérait finir bien­tôt.

Je quit­tai peu après pour Tin­té­ni­ac.

Quédillac vers Tinténiac 25km en approximativement 1h30?

Cette por­tion du tra­jet fut sans his­toire. J’at­teig­nis le con­trôle et pris un léger repas.

Stage 10: Tinténiac vers Fougères 54km en 4hrs

Retour de collines avec mul­ti­ples ascen­sions et descentes. Main­tenant, à cause de la douleur, je dois ralen­tir sig­ni­fica­tive­ment dans les descentes; toute irrégu­lar­ité de la route me frap­pant le siège fait que la douleur est plus intense. Une nou­velle douleur est aus­si en train de faire sa place; ma jambe droite mon­tre des signes de stress, là ou le tib­ia se trou­ve, légère­ment à droite, une par­tie de cette jambe devient sen­si­ble avec cer­tains mou­ve­ments.

Je ren­con­trai le médecin à Fougères; il fut un peu sur­pris car ce n’é­tait pas une blessure fréquente de cycliste. Il m’in­for­ma que je fai­sais un début de ten­di­nite, et que je devrais m’ad­min­istr­er une crème et me mass­er la jambe à cet endroit, ce qu’il fit, ain­si que la jambe de gauche (je com­mençais à avoir le même prob­lème à la jambe gauche, mais dans une bien moin­dre mesure). La crème util­isée était de la Vola­tren, une con­coc­tion de diclofénac, et cela amenuisa légère­ment la douleur pen­dant un temps. Il sem­blait impres­sion­né de mon entre­prise d’ac­com­plir le PBP en pignon fixe, et deman­da à voir mon atti­rail. Il sem­bla assez admi­ratif, mais plus encore, lorsque Éléonore, une com­pagne de ran­don­née pas­sa par là (suite à un acci­dent en cours de route), elle me men­tion­na qu’il lui avait fait part qu’il avait été très impres­sion­né de ma grande force.

Je ren­con­trai lors de cette occa­sion un cou­ple qui prit le temps de me pos­er plusieurs ques­tions sur mon équipage, et mon appré­ci­a­tion de la route. Eux aus­si sem­blaient impres­sion­nés par mon vélo. Je ne pou­vais m’empêcher de ressen­tir un élan de fierté pour l’in­térêt que l’on me por­tait et ce que je fai­sais.

Je mangeai toute­fois assez rapi­de­ment, et pour­suiv­it vers Vil­laines-La-Juhel; la fin sem­blait si proche!

Stage 11: Fougères vers Villaines-La-Juhel 88km en 6h35m

Encore des collines. Encore une fois, je repris le col­lier comme à l’ac­cou­tumée, avec plus de déter­mi­na­tion. La douleur était vrai­ment dif­fi­cile à gér­er. J’ar­rivai à Vil­laines-La-Juhel autour de 18:00 je crois. L’ar­rivée, sous forme d’en­ton­noir exigeait des cyclistes d’être par­ti­c­ulière­ment atten­tifs et pru­dents, surtout que cette entrée pre­nait aus­si la forme d’une descente. Me voilà alors très con­cen­tré en faisant mon approche quand j’en­tends alors crier mon nom. Je m’ar­rê­tai et regar­dai vers la droite; un homme me regar­dait, souri­ant, avançant dans la foule, cri­ant mon nom et celui de mon pseu­do, par­lant une langue que je ne recon­nais­sais pas.

Jean Pas­quet, un com­pagnon cycliste du virtuel (mem­bre de vélocia.ca) me par­lait en français. J’é­tais un peu per­du et il me fal­lu du temps pour com­pren­dre ce qui se pas­sait. Il avait fait les 50km de sa rési­dence pour se ren­dre en ce lieu pour me voir, me soutenir, et me faire part de ce qui se pas­sait sur vélocia. Il m’ex­pli­qua que mon SPOT per­me­t­tait aux gens de me suiv­re et que cela avait créé une belle vague de pas­sion et de sou­tien, à laque­lle je ne m’at­tendais pas vrai­ment. J’é­tais extrême­ment ému et avais peine à con­tenir mes larmes, et j’ai du me con­tenir afin de ne pas m’écras­er. Mon spot toute­fois n’émet­tait plus depuis Brest, et mal­gré les enreg­istrements de la puce aux con­trôles, avait lais­sé les gens un peu inqui­ets. Il m’avait aus­si amené un pot de ril­lettes de sa région avec fierté juste pour moi.

Je dois dire que passé les pre­mières émo­tions, l’of­fre des ril­lettes aus­si généreuse fut-elle m’embarrassait. Avais-je de la place? Ne serait-ce pas trop lourd? Et cela se con­servera t’il en court de route? Jean me lais­sa enten­dre (sans savoir alors mes réti­cences) que j’avais assez de ril­lettes pour me ren­dre à Saint-Quentin… Je trou­vai néan­moins de la place dans mon sac, et pen­sai qu’à la fraicheur de la nuit elles se con­serveraient.

Alors que nous dis­cu­tions lui et moi du par­cours fait, nous tombèrent sur 3 autres col­lègues ran­don­neurs du Québec, qui avaient eux aus­si assez bien fait lors de ce dernier stage. Benoît, René et Mar­tin avaient fait de bons temps et tous trois d’ex­cel­lents ran­don­neurs, Mar­tin étant je crois le plus expéri­men­té d’en­tre nous. Je les présen­tai à Jean.

Peu après le con­trôle, nous nous restau­râmes légère­ment: du flan, un crois­sant au choco­lat, et je me gar­dai un chaus­son aux pommes et une choco­la­tine pour plus tard. Je me rav­i­tail­lai aus­si en liq­uide (jus d’o­r­ange et eau).

Une petite note pour dire que jusqu’à Brest, j’ai par­fois mangé en route des bar­res de pâtes de fruit, ou encore, des gels “over­stims” riche en élec­trolytes et mag­né­si­um. Ces pro­duits m’au­raient peut-être beau­coup aidé. Les gels surtout, en tube, aspirés avec délec­ta­tion…

Stage 12: Villaines-La-Juhel vers Mortagne-Au-Perche 81km in 4h31m

Je quit­tai Vil­laines-La-Juhel avec de très bonnes pen­sées, tou­jours ému, pour mes amis de vélocia.ca. Je par­tis avec un de mes col­lègues, mais le lais­sai dans mon sil­lage à un moment don­né. Toute­fois, la douleur au siège me deve­nait intolérable, et je devais trou­ver une solu­tion. Et la rai­son de cette douleur devint claire, suite aux expli­ca­tions que Mar­tin me don­na.

Ayant changé de vête­ment à Saint-Mar­tin-Des-Prés, j’avais échangé un sous-vête­ment avec chamois assez épais. L’al­ter­na­tive, un cuis­sard pearl izu­mi, était usé, et le chamois bien plus mince. J’ai donc roulé avec un vête­ment bien moins con­fort­able et donc peu appro­prié à la tâche. Bien que je sois revenu plus tôt vers le sous-vête­ment au meilleur chamois (à Quédil­lac), le mal était déjà fait, et tout au plus pou­vais-je espér­er ralen­tir l’ag­gra­va­tion désas­treuse et avancée avec laque­lle j’é­tais pris. J’avais toute­fois une solu­tion.

Je m’ar­rê­tai au bord de la route, sor­ti mon cuis­sard cause de mon tour­ment, et util­isant les ciseaux de mon mul­ti-out­il, dépeçai la bête molle et inan­imée, encore humide et pas de toute pro­preté, extir­pant le coussin. Je le plaçai sur ma selle Brooks, et avec du ruban adhésif d’élec­tricien, le fix­ai en place avec une cer­taine sat­is­fac­tion. Ceux qui me con­nais­sent un peu savent que je ne crains pas les solu­tions orig­i­nales et un peu par­ti­c­ulières : manque de bat­terie dans un walk­man? Util­isons une rangée de pièces de 10 cents pour com­penser. Manque de lubri­fi­ca­tion sur la chaîne? Un peu de beurre fera l’af­faire.

J’avais donc une selle un peu plus con­fort­able main­tenant; loin d’être par­faite, les dom­mages étant déjà faits, je pou­vais espér­er dimin­uer voir ralen­tir l’ag­gra­va­tion à venir.

J’en­four­chai alors mon véhicule et pour­suiv­it vers Mortagne-Au-Perche, encore une fois ascen­dant et descen­dant sans failles, pous­sant aus­si fort que raisonnable, dépas­sant d’autres cyclistes, sauf lors des descentes…

S’a­joutèrent à ce moment des prob­lèmes diges­tifs. Je com­mençais à gon­fler comme un bal­lon de bau­druche. L’eau n’aidait pas. J’ar­rivai avec soulage­ment au point de con­trôle, mais avec une sur­prise; lors de l’ap­proche, une mon­tée à l’en­trée du vil­lage, et, suiv­ant la voie, un dernier virage à 90 degrés, cachant une pente plus raide encore dans une petite ruelle, ce qui exigea de ma part toutes mes forces et ma con­cen­tra­tion pour la grimpe de 50 mètres de pavés. Je m’at­tendais à cette ascen­sion de dernière minute et arrivé en haut, je souf­flais fort, mais con­tent de ce dernier effort en puis­sance.

Cela fut très sat­is­faisant.

Stage 13: Mortage-Au-Perche vers Dreux 75km en 5h42m

C’est ici que cette ran­don­née pris une tour­nure étrange. Je m’en­reg­is­trai au con­trôle, puis me dirigeai derechef au bar pour com­man­der un breuvage; j’e­spérais de l’eau chaude et du cit­ron pour me faciliter la diges­tion. Mal­heureuse­ment, il y avait de l’eau chaude, mais de cit­ron ou de son jus, nen­ni. On me pro­posa en alter­na­tive un thé vert au cit­ron qui s’avéra utile néan­moins.

L’homme der­rière le bar s’en­quit de mes orig­ines, (Québec, Cana­da, fran­coph­o­ne) et m’in­for­ma de la présence d’un com­pa­tri­ote (c’é­tait Mar­tin) dans la salle à manger avoisi­nante, et me deman­da mes impres­sions du PBP.

Voici com­ment je voy­ais la chose alors: Je crois que c’est un événe­ment fan­tas­tique, avec une excel­lente organ­i­sa­tion, et le peu de cri­tiques que j’avais à for­muler était insignifi­ant au point de devoir les ignor­er. Paris-Brest-Paris était pour moi une expéri­ence for­mi­da­ble. Je le pense tou­jours.

Alors que je réponds à la ques­tion, je note la présence d’un jeune homme avec de gros écou­teurs sur les oreilles, et de son enreg­istreur numérique. Il est au PBP à tra­vers l’ac­com­plisse­ment de l’en­reg­istrement des sons du PBP. Nous engageâmes une con­ver­sa­tion et à un moment don­né, il me deman­da com­ment était l’ex­péri­ence du cyclisme de nuit.

En quelque part, cette ques­tion est venue me chercher de façon par­ti­c­ulière.

Com­ment est-ce que de rouler la nuit? C’est bizarre. D’abord, nous n’avons pas de points de référence. Il n’y a pas de réver­bères la plu­part du temps, pas de soleil pour indi­quer le temps, ni d’om­bre pour aider, pas d’é­clairage autre que la lumière des phares de vélo, ou le feu rouge arrière de ceux qui nous précè­dent. Lorsque l’on roule la nuit, vous ne savez pas que vous grimpez avant d’avoir entamé la pente, et l’ef­fort exigé devenant évi­dent alors. Bien sûr, les feux rouges des cyclistes peu­vent don­ner une indi­ca­tion, mais jamais assez claire­ment, ce qui fait que l’on développe une attente d’ef­fort à venir fort impré­cise. De nuit, nous sommes entre deux jours, ou il n’y a pas d’a­vant-minu­it ou d’après minu­it, une sorte de non-lieu ou non-temps. Nous exis­tons par nous-même, avec bien peu de références.

Je me sens seul sur la route de nuit. Empreint de ma soli­tude.

J’es­sayai de répon­dre du mieux que je pus, et il m’in­vi­ta à en faire davan­tage une fois à l’ar­rivée, le lende­main. J’e­spérais secrète­ment que nous ne nous rever­rions pas.

Je quit­tai, sans rien manger. Il me restait 75km à faire, puis 60 autres pour la finale. Les choses allaient bien somme toute, mais j’avais de la dif­fi­culté à appréci­er. Intérieure­ment, je ne me sen­tais pas bien. J’avais une per­spec­tive bizarre sur la sit­u­a­tion. Une heure après avoir quit­té Mortagne-Au-Perche, je m’ar­rê­tai, me suis assis sur une pelouse, et la tête dans mes mains, me perdit dans mes pen­sées.

Habituelle­ment, per­son­ne ne s’in­quiète de cyclistes couchés sur le bord de la route. Mais un cycliste assis, se ten­ant la tête, cela attire l’at­ten­tion. Un car de gen­darmes s’ar­rê­ta et d’un signe de tête, le con­duc­teur me deman­da com­ment j’al­lais. Je lui fis signe que j’al­lais et il me signe du pouce vers le haut en me souri­ant qu’il com­pre­nait. Des cyclistes aus­si s’ar­rêtèrent pour me deman­der si ça allait, ou sim­ple­ment ralen­tir pour me regarder puis con­tin­uer. D’autres m’ig­norèrent. D’autres arrêtèrent aus­si pour repar­tir presque aus­sitôt. Je me suis éten­du finale­ment et n’eut plus de cette inqui­si­tion informelle. Lorsque je me rel­e­vai, après un temps qui m’est incon­nu, un cycliste était là, me regar­dant tout en fouil­lant dans son sac, et me dis­ait: ‘There is only 75km to Dreux”. Il du répéter à deux repris­es, car je ne sai­sis­sais pas ce qu’il me dis­ait. Je lui con­fir­mai que ce devait être env­i­ron 75km, enfour­chant mon vélo en même temps, et repris la route.

En fait, il ne restait que 55km pour Dreux. Après le mael­ström de pen­sées con­fus­es, dépres­sives et exis­ten­tial­istes de mon arrêt qui dura prob­a­ble­ment une heure, j’avais repris la selle avec grandes dif­fi­culté, me sen­tant lourd comme du plomb, le vélo 10 fois plus chargé que néces­saire. Mon cul était devenu le Siège De L’Éter­nelle Douleur, et pédalai vers le con­trôle. Ma vitesse varia grande­ment, et je m’ar­rê­tais plusieurs fois. À un moment, je pris les deux dernières gélules de miel qui me don­nèrent beau­coup de sat­is­fac­tion. Je me rap­pelai peu après que j’avais encore en ma pos­ses­sion, dans mon camel­back à sec depuis des cen­taines de kilo­mètres, une choco­la­tine et un chaus­son aux pommes. Je m’ar­rê­tai à nou­veau et ouvris le sac. Je dépeçai de mes doigts gour­mands le corps inerte de la choco­la­tine, et absorbai la veine de choco­lat en son cen­tre. Pen­sant aux cyclistes qui me pas­saient, il me vint à l’e­sprit de partager cette source extra­or­di­naire de bien-être, car sûre­ment son effet sur moi serait iden­tique pour eux, et qu’il leur fal­lait vivre ce bien-être!

Non, mais! Avez-vous vu la quan­tité de choco­lat que l’on retrou­ve dans une choco­la­tine?

La pâte fut jetée au fos­sé. Le chaus­son aux pommes a dû être avalé en entier.

J’avais envie de pleur­er. Je me sen­tais bien et mal en même temps. J’avais toute­fois une énergie renou­velée et repris la selle.

Je pédalai à divers­es cadences, par­fois sprint­ant, assis, debout, par­fois lente­ment.

J’ar­rivai à Dreux , tel une épave. Après le con­trôle, je me dirigeai vers la salle à manger. Je me pris 2 choco­lats, 2 con­tenants de Nutel­la (“Voulez-vous du pain avec le Nutel­la? C’est gra­tu­it!”) et demandai une bière. Je trem­pai le pain beur­ré de Nutel­la dans le choco­lat chaud, puis bu ma bière. Je trou­vai l’aire de couchage, et demandai un lit.

On me dirigea vers un bran­card, et sur le chemin, je vis un Ange. Une jeune femme blonde, allongée sur le côté gauche, me faisant face, les yeux clos, cheveux courts, un peu en bataille, et sa jambe droite dénudée jusqu’à mi-cuisse me lais­sa bouche bée. La vision de cette jambe aux lignes bien dess­inées dans le mi-obscur, nue jusqu’à mi-cuisse, me décon­te­nancèrent, comme con­fron­té à un être irréel, impos­si­ble dans cette des­tinée. J’é­tais paralysé, et je du rassem­bler toutes mes forces pour me déracin­er, m’ar­racher de mon socle d’in­er­tie pour me diriger vers ma mis­érable couche.

Je m’é­tendis, et en posi­tion foetale, mon corps, un Tem­ple de Douleur, tombai incon­scient empli de tristesse.

Stage 14: Dreux vers Saint-Quentin-En-Yvelines 65km en 6h58m

J’é­tais arrivé à Dreux vers 4:00 du matin, et me réveil­lai vers 7:00 de moi-même encore une fois. Je me sen­tais extrême­ment mal. Mes jambes étaient douloureuses aux tib­ias, la ten­di­nite de droite aggravée, et celle de gauche se faisant plus évi­dente, alors que mes genoux me don­naient l’im­pres­sion d’être transper­cés par de longues dagues de métal froid. Je pou­vais à peine ouvrir les doigts, tant ils étaient cram­pés, inflex­i­bles. Il me prit un long moment pour me lever, lente­ment, essayant de remet­tre le tout en mou­ve­ment par étapes, me réap­pro­pri­ant mon corps, craig­nant de bris­er quelque chose, ou de subir une douleur intense.

Je me rha­bil­lai et me dirigeai vers l’aire d’al­i­men­ta­tion. Je pris une salade de pommes de terre, deux oeufs durs, et autres choses dont je ne me rap­pelle plus la nature. J’é­tais en pro­fonde déprime et je voulais tout aban­don­ner. J’avais réus­si à aller au delà de biens des lim­ites per­son­nelles dont j’ig­no­rais quelques heures plus tôt l’ex­is­tence. J’é­tais au delà de moi-même, sem­blait-il, et je n’avais qu’en­vie de me laiss­er aller à explos­er et pleur­er et crier. Je n’ai aucune idée com­ment j’ai pu me con­tenir et trou­ver la volon­té et la force de rester calme.

Mais je l’ai pu. Je mangeai très lente­ment, à petites bouchées, par­fois avec dif­fi­culté, sans trop savoir si je pou­vais avaler ou régur­giter le tout. J’é­coutais un cycliste voisin qui remar­qua que les français ne par­laient pas d’autres langues que le français alors que lui en par­lait trois. Cet imbé­cile aurait pu recevoir mon poing en plein vis­age et je n’au­rais ressen­ti aucun remord, telle­ment mes émo­tions fusaient en colère que je dirigeais rapi­de­ment vers lui. Un sué­dois lui deman­da de prou­ver ses tal­ents lin­guis­tiques, et je regar­dais ailleurs. J’al­lai vers les toi­lettes, et me mis en ligne pour les cab­i­nets, même si j’avais pu utilis­er les uri­noirs qui étaient tous libres alors. Je n’avais pas envie de piss­er en pub­lic, je récla­mais un moment en privé, aus­si ai-je atten­du mon tour. L’homme der­rière moi s’im­pa­tien­tait; j’ai pen­sé lui dire qu’ayant eu la patience d’at­ten­dre aus­si longtemps pour se ren­dre à Paris, quelques min­utes de plus ne pou­vaient faire de grande dif­férence pour se vider, mais n’en fit rien. Vint mon tour, fis ce que j’avais à faire, puis repar­ti lente­ment pour mon vélo.

Je répé­tai le céré­mo­ni­al habituel comme à chaque arrêt, mais pour la dernière fois: que tout étais bien attaché et que rien ne puisse tomber, le niveau d’én­ergie du Garmin, véri­fi­ai mon sac, et le niveau d’eau dans mes bouteilles. Je mon­tai lente­ment mon vélo, et pen­sai ne pas être capa­ble de me ren­dre à des­ti­na­tion. Je pou­vais à peine m’asseoir sur ma selle, mal­gré le coussin impro­visé. Toute irrégu­lar­ité de la route était une source de douleur ajoutée et je devais ser­rer les dents à chaque fois, une couche de sueur froide sur le dos en prime. J’en­tre­pris le chemin plat qui s’of­frait à moi, sachant trop bien que quelques pentes m’at­tendaient encore. Il y en aurait encore 3.

La pre­mière vint aisé­ment et con­quise rapi­de­ment. La sec­onde fut bien plus sévère, mais pas aus­si longue que je l’eu cru. Tous les cyclistes à qui j’avais par­lé aupar­a­vant qui l’avaient fait m’en avait par­lé comme un obsta­cle ter­ri­ble, majeur de cette finale. J’ai croisé Mar­tin un peu avant, et l’ayant dépassé dans l’as­cen­sion, je l’en­tendais m’en­cour­ager, et ren­du au som­met, je pous­sais-tirais fort sur les pédales ce qui fait qu’au som­met, ma vitesse s’ac­cru sen­si­ble­ment. J’é­tais un peu déçu; je m’at­tendais à plus…

En entrant dans Saint-Quentin-En-Yve­lines, le tra­jet me paru aus­si long que l’en­trée dans Brest, avec tous ces feux de cir­cu­la­tion. Je m’é­tais joint à un groupe d’es­pag­nols, inclu­ant un danois, un russe et un ital­ien. Mar­tin y était aus­si. À un arrêt, l’i­tal­ien dit dans sa langue (mais je pou­vais très bien com­pren­dre), qu’à l’ar­rivée, il se taperait une bonne piz­za et une bière. Je ne pou­vais qu’ac­qui­escer à l’idée avec un large sourire…

Je ter­mi­nai cette ran­don­née vers 11:15 du matin ou à peu près, com­plé­tant ain­si mon pre­mier Paris-Brest-Paris en 87h26m.

J’avais ter­miné!

À l’ar­rivée, il y avait Franz Neuert et Éléonore (qui avait du aban­don­ner suite à une chute lors d’une col­li­sion avec un autre cycliste, apparem­ment parce qu’elle avait le cou par­tielle­ment paralysé à cause du froid). Franz n’avait pu par­ticiper cette année, l’ayant toute­fois fait en 1987, le Paris-Brest le plus dif­fi­cile qu’il y ait eu dans son his­toire, avec des tem­péra­tures con­tin­uelle­ment sous les 10 degrés et sous une pluie con­stante apparem­ment. Jean Robert, le prési­dent du CVRM était là aus­si, ayant ter­miné son deux­ième PBP en 68heures. Nous fûmes dirigés vers les con­trôles, et final­isèrent la paperasse offi­cial­isant le tout.

En sor­tant du Gym­nase, j’a­chetai une tasse en verre à l’ef­figie du PBP.

Nous nous dirigeâmes vers une tente ou l’on pou­vait utilis­er un coupon don­né à l’ar­rivée pour obtenir un breuvage gra­tu­it. Je pris une bière qui ne ver­ra jamais mon estom­ac, ayant été absorbée directe­ment par les parois buc­cales…

Puis je vis le jeune homme de la veille, avec un de ses copains, lequel trans­portait une enreg­istreuse numérique. Il me deman­da com­ment j’al­lais, et si j’é­tais disponible pour une entre­vue, tel que dis­cuté la veille.

Je suis très timide de nature, et n’aime guère m’af­fich­er. J’ai cru que cela pour­rait être utile à d’autres, mais peut-être aus­si à moi-même. J’es­sayai de répon­dre du mieux que j’ai pu. J’ai partagé sur les dif­fi­cultés ren­con­trées durant la nuit, mais je ne crois pas avoir bien traduit ce qui s’é­tait pro­duit pour moi au cours de cette nuit, notam­ment lors de mon arrêt d’une heure. Ce moment reste un événe­ment som­bre dans ma vie, et je ne peux m’empêcher de le com­par­er à ce que j’ai vécu en vision­nant le film “Sor­cer­er” ou sa ver­sion orig­i­nale de Georges-Hen­ri Clouzot “Le Salaire De La Peur”, ou des per­son­nes au passé obscur se voient offert une oppor­tu­nité de se sor­tir de la mis­ère en trans­portant une car­gai­son d’ex­plosif extrême­ment déli­cate pour étein­dre un der­rick enflam­mé. Ces per­son­nages aux orig­ines trou­bles étaient prêts à pren­dre tous les risques pos­si­bles pour la mai­gre somme promise.

Cette folie à laque­lle ils durent se soumet­tre me rap­pelle la mienne à entre­pren­dre ce Paris-Brest, mais surtout la par­tie de la dernière nuit. Regar­dant le passé, je ne suis pas cer­tain de ce qui s’est passé. Jean Pas­quet m’a offert l’ex­pli­ca­tion de l’épuise­ment de l’en­dor­phine ce qui fait que j’é­tais en sevrage, après avoir sub­sisté longtemps sur cette sub­stance. C’est une bonne expli­ca­tion, et si j’a­joute à cela la sous-ali­men­ta­tion des dernières 14 ou 16 heures, de la déshy­drata­tion pro­gres­sive (je n’ai presque pas bu entre Vil­laines-La-Juhel et Saint-Quentin-En-Yve­lines, un de mes bidons plein, et l’autre empli au deux tiers).

Après l’en­tre­vue, je cher­chai mes amis mais en vain.

Retour vers Paris

Je retour­nai à mon domi­cile tem­po­raire français de Paris par mes pro­pres moyens. Je fis fi de toutes sug­ges­tions de pren­dre taxi ou train. Je voulais un retour le plus sim­ple possible.Je repris donc le vélo pour le retour. Il y avait à franchir une pente très sévère que je n’ai pas pu franchir de toutes les fois ou j’avais à la faire. Celle-là, je l’ai mon­tée à pied, encore une fois, comme les autres fois aupar­a­vant.

Je pen­sais mérit­er de la marcher, puisque je n’ai pas à toutes les pédaler.

Écrit et com­plété d’abord sur la route en par­tance de Paris, puis à Bourg D’Oisan, Alpes, et à Bédoin, Provence.

Les leçons retenues, en guise d’épilogue

Une semaine et un jour passé; il est temps de faire une pre­mière revue des appren­tis­sages du Paris-Brest-Paris 2011, tel que je l’ai expéri­men­té.

Le cuissard

Il est mal­heureux qu’un cuis­sard me coû­ta l’a­gré­ment du reste de mon PBP, de même que la pos­si­bil­ité de repren­dre la selle et faire les cols, tel que je me l’é­tais promis. Mal­heureuse­ment, c’est bien un manque de pro­tec­tion de con­fort qui me fit mal au der­rière, et pro­duit la ten­di­nite, laque­lle est tou­jours bien sen­tie au touch­er par une bonne bosse du côté droit du tib­ia droit. Le talon d’Achille, lui, ne m’ap­porte aucune inquié­tude, la douleur étant dis­parue 48 heures après.

Quant aux douleurs de siège, elles ne sont plus depuis au moins 4 jours.

À mon sens, un cuis­sard de méri­nos, ou un sous-vête­ment-cuis­sard avec chamois et un pan­talon court est une bonne com­bi­nai­son.

Le rapport 43 x 15/17

Pour ce qui est d’ef­fectuer le PBP avec ces ratios, la recette était bonne. Toute­fois, je m’in­ter­roge, au vu des efforts faits en 43 x 17, si ce ratio était néces­saire. En effet, des pentes de plus de 10% ont été avalées alors que je roulais en 43 x 15, sans plus d’ef­fort. Dans les cir­con­stances, je crois que j’au­rais pu me lim­iter à un ratio de 43 x 15, sinon de 42 x 15 pour faire l’ensem­ble de cette ran­don­née. J’au­rais épargné en masse emportée, en temps (pour le flip de la roue), et aurait eu moins de dif­fi­cultés à descen­dre les pentes à meilleure allure. S’il y a une prochaine fois, ce qui est fort prob­a­ble, 42 x 15 ou 43 x 15 sera sérieuse­ment con­sid­éré.

L’alimentation aux contrôles

Il y avait tou­jours une bonne filée, et si l’at­tente au con­trôle était fort courte (moins de 3 min­utes), l’at­tente aux points d’al­i­men­ta­tion pou­vait facile­ment pren­dre 15 à 20 min­utes. Con­séquem­ment, et à moins que des cafés ou restau­rants pâtis­series ne soient ouvertes la nuit, les points d’al­i­men­ta­tion ne seraient néces­saires que de nuit. Le nom­bre de vil­lages sur le tra­jet, avec boulan­geries, cafés, bars et autre per­met une ali­men­ta­tion raisonnable, dans des temps assez courts, et prob­a­ble­ment plus agréables avec des mets locaux, plutôt que de la nour­ri­t­ure de cafétéria, par­fois bonne, mais sou­vent fade.

L’alimentation électrique

Le E‑Werk m’a fait faux bond, passé Brest. Les caus­es restent mys­térieuses toute­fois; était-ce à cause de l’hu­mid­ité suite aux fortes pluies de la deux­ième nuit? Tou­jours est-il que la pile pas­sive ne s’est jamais chargée, mais que le GPS fut ali­men­té un long moment directe­ment à par­tir du moyeu dynamo. Résul­tat mit­igé donc pour le E‑Werk.

Moyeu SON Deluxe et lampe SuperNova E3 et Stella 200

Pas beau­coup de plaintes à ce sujet, sinon que l’in­ten­sité lumineuse dimin­ua de 50% lors de la dernière nuit, et cela me dérangea car j’ai dû utilis­er ma lampe d’ap­point, la Stel­la. Par ailleurs, la E3 ne m’est pas apparue suff­isante pour m’é­clair­er sous la pluie, alors même que son inten­sité était à son meilleur, lors de la deux­ième nuit.

Par con­tre, la Stel­la fut extrême­ment effi­cace; dans la nuit noire brumeuse et humide de pluie intense, le cône était des plus effi­cace, et ce, même à sa plus basse inten­sité (avec une autonomie approchant les 10 ou 12 heures!). Je ne saurais mieux recom­man­der cette lampe comme lampe d’ap­point ou prin­ci­pale.

Il serait intéres­sant de voir com­ment la dynamo SON Deluxe pour­rait recharg­er la pile de cette lampe de façon effi­cace. Un kit idéal aurait la lampe, avec 2 packs de piles, une en util­i­sa­tion, et l’autre sous la recharge lors du jour. À suiv­re.

Les jantes H+SON SL 42

Les Open Pro de Mav­ic achetées aupar­a­vant eurent beau­coup de dif­fi­cultés avec moi. Pour quelques raisons que ce soit, lors des ran­don­nées de qual­i­fi­ca­tion, j’ai trou­vé moyen de les abîmer au point de ren­dre le freinage très déplaisant. Je pre­nais un risque de chang­er les jantes pour des H+SON SL 42. Bien que mon expéri­ence d’un an avec ces jantes fut plus que sat­is­faisante, on m’en­cour­ageait à pren­dre les Mav­ic, plus “passe-partout”, tout en étant légères et durables. En fait, les SL 42 me don­nèrent pleine sat­is­fac­tion pour la durée du PBP, et je n’au­rais pas de dif­fi­culté à les recom­man­der. Bien qu’elles exi­gent des tubes avec des valves d’au moins 60mm, et qu’elle soit plus lour­des de 200grammes envi­rons com­par­a­tive­ment aux Open Pro, je les con­sid­èrent tout à fait appro­priées à la tâche. Bien sûr, elles offrent une cer­taine résis­tant ce au vent latéral, mais c’est peu à pay­er pour les résul­tats don­nés.

Selle Brooks Swift

N’ayant que des sell­es Brooks, il est dif­fi­cile pour moi de com­par­er à d’autres. Toute­fois, l’ex­péri­ence de la Pro, de la Swal­low et de la Swift m’a per­mis de con­stater que la Swift, enten­du les prob­lèmes de sièges encou­rus, était tout à fait appro­prié à ce pro­jet. Par ailleurs, le nom­bre de pro­prié­taire de Brooks était très élevé, selon mes obser­va­tions.

Sacoche de selle Carradice Nelson Long Flaps

La sacoche fut très utile et le sys­tème sug­géré par Caradice peu encom­brant. Toute­fois, il existe quelques bémols.

D’abord, la sacoche pleine tend à se bal­ancer légère­ment de l’a­vant vers l’ar­rière, de même que latérale­ment lors de pédalage vigoureux. Le sys­tème d’ap­point fonc­tionne bien, mais reste sou­ple à son attache aux rails de la selle, ce qui facilite le bal­ance­ment.

Puis, la sacoche est rel­a­tive­ment lourde, et bien qu’im­per­méable, sem­ble laiss­er entr­er un peu d’hu­mid­ité.

Enfin, con­sid­érant mes besoins pour le PBP et l’ex­péri­ence, je dirais que le Nel­son Long Flap est un bon achat, mais un sac plus petit aurait été suff­isant. J’ai d’ailleurs vu d’autres pro­prié­taires de Car­radice avec des mod­èles beau­coup plus petits. Un vol­ume inter­mé­di­aire aurait prob­a­ble­ment suf­fit.

Technique de Pédalage

Tel que Jean Robert me l’a rap­porté, son expéri­ence s’est améliorée en pédalant de sorte à respecter cer­taines règles de base, telles que partagées par un ran­don­neur du Mis­souri.

1) On se laisse aller dans les descentes

2) On monte les pentes avec le poids du corps appliqué à chaque coup de pédale

3) On roule à son rythme sur le plat

Ces tech­niques, je les ai appliqués à peu près de cette manière lors du PBP. Toute­fois, les descentes peu­vent se faire en se lais­sant aller, mais comme les jambes con­tin­u­ent de pédaler, les véloc­ités acquis­es porte la cadence à un niveau très élevé, ce qui ne repose pas les jambes. Par ailleurs, la haute vitesse en descente créé une cer­taine insta­bil­ité; si sur un vélo de route les pédales devi­en­nent alors un point d’ap­pui, sur un pignon fixe,le point d’ap­pui est fuyant, pro­hibant le sou­tien. Il est donc néces­saire de réduire la véloc­ité pour faciliter le repos par réduc­tion du pédalage.

Alimentation et hydratation

Peu de choses à redire, sinon que s’al­i­menter et s’hy­drater régulière­ment est une néces­sité qui requiert une dis­ci­pline et une atten­tion con­tin­uelle. Il est très prob­a­ble que la somme des douleurs ressen­ties au lever de Dreux eu été grande­ment amenuisée si j’avais été plus alerte à ce sujet. Il est aus­si prob­a­ble que l’usage de gels au cours des pre­miers deux tiers a été utile, et aurait l’être encore au cours du dernier tiers.

SilverCat: cadre en acier fait main

Je ne pour­rais com­par­er le cadre Sil­ver­Cat avec d’autres, car je n’en con­nais pas d’autres, à part mon vieux Peu­geot qui me sert de mulet. Si je com­pare avec le Cinel­li MASH, je dirais que plus lourd, il reste toute­fois très con­fort­able, mal­gré la fourche en car­bone ajouté tar­di­ve­ment au cadre en aci­er.

Je pro­jette toute­fois d’u­tilis­er le cadre du Cinel­li MASH, en alu­mini­um, pour le Lon­dres-Édin­bourg-Lon­dres.

SPOT Connect

Le SPOT a fait du bon boulot. Seule véri­ta­ble faib­lesse fut mon manque d’at­ten­tion à la réserve d’én­ergie, ce qui fit que l’au­di­ence a man­qué un bout du tra­jet, depuis Brest. Toute­fois, une fois inséré de nou­velles piles, des « Advanced Lithi­um », tel que recom­mandé, les lestages qui n’avaient pas été trans­mis le furent presque immé­di­ate­ment après la remise sous ten­sion.

iPhone et MOPHIE Juice

Le iPhone et sa pile recharge­able d’ap­point MOPHIE Juice ont rem­pli mes attentes. Pas une seule fois ai-je eu besoin de les recharg­er en cours de route. Le iPhone était en mode « stand-by » 85% du temps et à l’ar­rivée, il me restait pour plusieurs heures d’u­til­i­sa­tion. Notez que je n’avais besoin du iPhone que pour les com­mu­ni­ca­tions avec le SPOT, ce qui n’ex­igeait pas la mise sous ten­sion con­tin­uelle du iPhone.

Carl Morin (plaque 5583)