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Ce brevet ne faisait pas partie de mes objectifs. Il a remplacé le 1000KM de Toronto-Ottawa-Toronto prévu pour le 29 juillet, Après réflexion durant la semaine, j’avais opté pour cette option. En réalisant ce brevet, j’aurais un bon aperçu de mon état de forme, il serait un dernier long entraînement avant la QuadZilla et me permettrait de corriger certaines lacunes du dernier 600 KM.
Mes objectifs du départ étaient de réaliser le trajet en dessous des 26 heures et d’arriver à la 108 à la lumière du jour.
26 heures et moins : objectif réaliste si je me fie à mes brevets antérieurs et à mes dernières sorties. De plus, avec moins de stress à cause du travail, du dégât d’eau dans le sous-sol le 27 juin et le bruit infernal de 6 ventilateurs et de 2 déshumidificateurs .
Atteindre la 108 à la lumière du jour : de Nantes à la 108, il y a encore plusieurs descentes et montées. Le fait de les faire à la lumière du jour, je peux être plus rapide dans les descentes car il y a plusieurs crevasses dans certaines et mieux gérer le profil.
Profil 5e étape
Pour cela durant tout le trajet, je devrai être vigilant sur ma fréquence cardiaque, mon rythme de pédalage et surtout de mon alimentation principalement au niveau hydratation.
C’est ce dernier élément qui m’a causé problème lors du dernier 600 KM le 3 juillet c’est-à-dire que je n’avais pas assez bu et qui m’a occasionné une baisse de régime durant plusieurs heures.
12 cyclistes inscrits à ce 2e 600 KM de l’année. Un record selon Jean Robert. Brève discussion avec Edgar et son projet de faire la randonnée en Italie de la 1001 Miglia 1600KM et je termine mes préparatifs avant le départ.
Première étape 55,4 KM
A 5h00, Jean nous informe que nous pouvons partir. Sur Notre-Dame, je suis déjà à l’avant et personne ne semble vouloir prendre ma roue. Pourtant, j’ai pris ma douche, je me suis brossé les dents, ma vitesse est 30 KM/h alors ? Il ne fait pas encore complètement jour, le ciel est couvert d’un léger brouillard et le pavé est mouillé mais sans accumulation au sol. Les prévisions météo du vendredi annonçaient une journée nuageuse partiellement ensoleillée avec des averses dispersées et des vents de 5–10 KM/h O et une température de 26 C pour le jour et près de 21 C durant la nuit.
J’apprécie sortir de la ville par la rue Victoria et le boulevard du Quartier car c’est plus simple et je ne dois pas toujours avoir les yeux sur l’odomètre. Sur Victoria, je m’aperçois que je ne n’ai pas changé mes lunettes. Je me dis que ce n’est pas grave puisqu’il n’annonce pas beaucoup de soleil et je continue. Habituellement sur Grande ligne, j’assistais au lever du soleil, aujourd’hui, ce n’est pas le cas. Seulement un ciel couvert gorgé d’humidité. Le paysage me semble plus terne. Rien n’attire mon attention, je suis seul avec moi-même, mes pensées. J’entre progressivement dans ma bulle.
Sur le Ch. Des Trente-six. Un beep de mon GPS relié à une batterie (pour 15 heures d’autonomie additionnelle) attire mon attention. Il vient de s’éteindre, la connexion batterie-GPS est défaite. Pour éviter qu’il se défasse à nouveau à cause des vibrations de la chaussée, je place un élastique autour de l’appareil. Lorsque je le rallume, mes données ne sont plus visibles. Par chance, je peux me fier à mon odomètre conventionnel.
Ouf que s’était humide ! Mon maillot et mes gants sont tout humides à cause de l’humidité et ma peau ne parvient pas à sécher par le vent. Je prends bien soin de m’hydrater même si je n’ai pas soif. Je prends une première barre tendre à 40 KM.
Profil 1re étape
Arrivée au 1er contrôle à 7h00 soit 10 minutes plus lent que le 600 KM précédent sauf la même heure d’arrivée de l’année dernière.* J’en profite pour lubrifier ma chaîne et de remplir un 3e bidon pour la 2e étape. La durée de la pause 12 minutes. Aucun cycliste en vue à mon départ. Je m’attends donc de faire ce 600 KM à mon rythme et seul.
2e étape 135,7 KM
Dans cette étape, le parcours est de plus en plus montant. Sans de grosses côtes mais des faux-plats montants. Je me dois d’être prudent dans l’intensité. Je dois plus me fier à ma fréquence cardiaque qu’à la vitesse de mon odomètre. Il est facile d’y laisser beaucoup d’énergie. Le chemin Papineau à un 1% , la 141 après Magog à 2% .
A partir de St-Césaire, je roule sur un pavé sec. Le soleil va apparaître 2 à 3 minutes lorsque j’arrive à Magog et la température indiquée sur mon odomètre est 25 C soit 2 degrés en peu de temps. Sur la 208 à Hatley, j’aperçois 2 cyclistes et comme ils continuent sur la 208 vers Compton, j’accélère un peu pour rejoindre le 2e cycliste. Je lui demande s’ils vont loin et il me répond qu’il ne le sait pas, demande-le à François qui se trouve quelques mètres en avant dans la montée. Il me répond Compton ou ? On fait un petit brin de causette. Je lui explique ce que je fais, lui me mentionne qu’il a fait le défi Pierre Lavoie 510 KM. On se quitte sur la rue Main pour attendre son chum. Les premières gouttes de pluie un peu avant la fromagerie (où Jean R aime arrêter) avant Compton mais de très brève durée. Cette accélération ou changement de rythme me permet de retrouver une sensation de force ou de retrouver mes jambes de la semaine. Mon coup de pédale est plus souple.
Profil 2e étape
Arrivée au 2e contrôle 11h32 soit 8 minutes de retard avec l’an passé. Lorsque je sors du dépanneur mes 2 cyclistes montent la côte sur la 208 E. Encore une courte pause soit seulement le temps de remplir mes bidons, de boire et de manger un peu sur place et de détendre mes pieds en enlevant mes chaussures. Comme je parle à moi-même, je décide de rembarquer sur mon vélo et de manger 2–3 galettes que j’avais pris soin de transporter pour m’alimenter sur la route. 12 minutes de pause.
3e étape 54,8 KM
Bien que cette étape soit courte, je sais que c’est ici que les côtes seront plus longues avec des pourcentages de pente plus élevés. Mes galettes sont vites avalées et passent très bien. Malgré que je regarde ma montre aux contrôles, je ne la regarde pas en roulant. Je me concentre sur mon rythme de pédalage que j’essaie de maintenir à 90–95 sur le plat et 75–90 dans les montées en général sauf quelques exceptions. Jusqu’à présent, le moral est bon. Au plan physique : une petite douleur sous mon pied gauche, je desserre légèrement mon soulier en roulant et pour mes fessiers, je pédale une quinzaine de coups en danseuse.
A partir du Ch. De Martinville, on voit régulièrement le profil de terrain qui nous attend. Par hasard, je repère plus souvent les montées que les descentes. Chemin en réparation sur la 253 N, je dois rouler sur du gravier. Il y a une section à sens unique avec lumière. Le Hic c’est qu’il y a une côte de 7–9% à monter et ce n’est pas le temps de rencontrer ou de se faire tasser par un automobiliste impatient. Celle-ci, je la monte un peu plus rapidement que prévu car il y a un véhicule derrière moi.
Un peu plus loin et sur une distance de 3–4 KM, les premières gouttes de pluie. Le pavé vient tout mouillé. Mes souliers deviennent humides mais pas détrempés à cause de la durée et la force de cette averse. Tant qu’à mon maillot, gants et cuissard, ils continuent d’être humides.
Profil 3e étape
Arrivée au 3e contrôle 13h45 soit le même temps que l’année dernière. Après avoir fait estampillé ma carte et acheter de l’eau pour préparer mes bouteilles, j’embarque tout de suite sur mon vélo pour me diriger 100m plus loin au Subway (devant l’église). Je ne voulais pas manger de sandwich du dépanneur. Je m’achète un 6 pouces à la dinde, 2 biscuits double chocolat et un gros coke. Je m’assois sur la terrasse et je me prépare mentalement à la 4e étape tout en mangeant mon repas. Je me dis que dans quelques heures, je passerai à nouveau à cet endroit mais cette fois avec cette côte à monter aux lumières. Je pars à la même heure que l’année dernière soit 14h14.
4e étape 92,8KM
Les premiers KM sur la 212 se font bien, ils servent de réchauffement pour les prochains. Je sais que ça va monter, je me dois de me respecter.
Mon corps continue de transpirer à cause de cette humidité. Ça fait longtemps que je n’ai pas autant transpirer. J’aperçois l’affiche La Patrie 30 KM tout en me disant que j’en ai pour au moins une heure. Le sommet des montagnes est encore dans les nuages mais le soleil tend à sortir. Le pavé est en excellent état avec un accotement dans cette première partie.
Je pars à rire lorsque je vois l’affiche Route des sommets car c’est là que je commence à descendre vers la Patrie. Dans ce secteur, nous apercevons à notre gauche les différentes montagnes qui ceinturent le mont Mégantic. Contrairement à la dernière fois, je n’aperçois pas l’observatoire.
Je me rappelle l’endroit où je me suis arrêté lors du brevet du 3 juillet. Aujourd’hui, je me sens beaucoup mieux. La température sur mon chrono m’indique 27 C mais avec le facteur humidex ?
La côte du village de Notre-Dame-Des-Bois est le plus gros défi de la journée et je la prends avec sagesse. Je me dis que par la suite, le profil me permettra de récupérer un peu. À Woburn, je tourne à droite mais je corrige immédiatement mon erreur. J’ai sauté une ligne au niveau des directions. Je n’avais pas regardé mon GPS dans la descente.
J’arrête dans un dépanneur avant le Y. Je m’achète un pepsi et 2 sandwichs à la crème glacée. Cette pause est bénéfique car il fait chaud et je ne veux pas être en dette.
Après le Y sur un petit ponceau, un faon gît sur le bord de la route. Pas longtemps après, je rejoins un cycliste. On échange un peu. J’apprends qu’il ne peut pas rouler plus que 40 KM à cause de ses genoux. Comme il est à la fin de son entraînement, il me salue et me souhaite bonne chance et tourne à gauche soit sur le bord du lac.
Arrivée au 4e contrôle à 18h00 soit 25 minutes plus tard que l’année dernière.
Profil 4e étape
5e étape 91,4 KM
Mon souper rentre bien et avec plus de la moitié du parcours de fait, le moral et le physique vont bien. Je me dis qu’il est toujours possible d’arriver à la 108 avant la noirceur puisque le soleil se couche vers 20h30 et qu’il fait clair jusqu’à 20h50 environ. Avec 60 KM à franchir et en roulant avec la moyenne actuelle, je devrais atteindre mon objectif. Je suis confiant puisque l’année dernière, j’avais installé mes lumières près de Cookshire.
Départ à 18h24 et j’entreprends avec vigilance cette étape. Jusqu’au Y, un léger faux-plat avec 1% de pente, donc patience et sagesse sont de mise. Après Nantes, mes jambes moulinent bien et j’enchaîne bien les KM. Je suis content de faire ces descentes en clarté et de franchir ces portions de chemin en réparation.
Je me rappelle qu’après une quarantaine de KM, il reste encore de bonnes montées. C’est après une petite église que le profil devient encore plus roulant.
Objectif atteint, arrivée à la 108 à 20h33. Je me range sur le coté et j’installe mes lumières. Je mets une capsule d’électrolyte dans mes gourdes et je mange 2 galettes.
Je profite des deniers moments de clarté dans ce profil descendant vers Cookshire. Je fais attention en franchissant la voie ferrée avant la 212 et je monte plus facilement la côte du village que la dernière fois. Mes yeux s’habituent progressivement à la noirceur. Après la 210, le parcours est roulant et descendant. Avec le pavé refait, ça va encore mieux.
Profil 5e étape
Arrivée au 5e contrôle 21h48 soit 15 minutes de retard avec l’année dernière. Le contrôle est ouvert contrairement au 3 juillet où on devait se rendre à l’ancien contrôle du parcours Victoriaville.
Lorsque je mangeais, un homme me voyant me dit que j’avais l’air fatigué et se renseignait de ce que je faisais, du parcours emprunté… Avant mon départ, il est sorti du restaurant pour me souhaiter bonne chance et d’être prudent car il y a encore des colons sur la route. Je lui ai dit merci et que c’était mon intention.
6e étape 97,9 KM
Départ à 22h12 et sachant ce qui m’attend sur du Collège, je pars immédiatement sur le petit plateau et je mouline. Mes jambes répondent encore très bien. Malgré les fissures sur la route, je descends assez rapidement St-Roch Sud. Je continue de maintenir ma moyenne sur le Ch. de Venise. Quelques gouttes de pluie tombent mais pas assez pour mouiller le pavé. Mon chrono indique encore une température de 23 C et c’est encore très humide.
A chaque fois, je trouve pénible la côte pour rejoindre le Ch.des pères. Après avoir récupéré un peu dans le faux plat montant, je reprends mon rythme et je roule pratiquement à la même vitesse que durant le jour dans les descentes. Je sais que le revêtement est beau.
Je passe à côté de notre lit de fortune à Sylvain et moi lors du dernier brevet. Quel étonnement de voir à cet endroit que la Missisquoi/245 est en réparation, ils refont le pavé. Quel bonheur, je n’ai pas peur des trous et je peux rouler.
De temps en temps, je vois des yeux qui brillent dans la noirceur et la majorité du temps, ce sont des chats sauf une fois où que c’était un chevreuil. Sans voir la forme, j’ai vu les yeux qui bondissaient comme un chevreuil.
C’est sur la 243 que le vent s’est levé, je l’attendais siller dans les feuilles et mes oreilles. Habituellement, c’est le silence ou seulement le bruit de mes pneus sur la route, une tranquillité que j’apprécie. Quelques instants plus tard, je vois briller la lune qui est toute ronde.
Lorsque je passe au Lac Brome, je n’ai plus de liquide à boire et il reste environ 16 KM. J’essaie de voir dans les cours de garage s’il n’y a pas de distributrices à boisson gazeuse. Je n’ai pas de chance, je dois continuer. Les derniers KM avant le contrôle m’apparaissent plus longs. Le côté positif c’est que le profil est descendant.
Arrivée au 6e contrôle à 2h20 et à mon étonnement, il y a plusieurs personnes dans le restaurant. Je me commande 2 rôties avec beurre de peanuts et miel, chocolat au lait et un café.
En mangeant ma 1re rôtie, je m’aperçois que mon manque de liquide dans cette étape et la fatigue a causé un désiquilibre. J’ai de la difficulté à avaler. Je me force à prendre mon lunch.
Profil 6e étape
7e étape 87,7 KM
Après une pause d’une vingtaine de minutes, j’entreprends la dernière étape de ce 600 KM. Mon énergie n’est pas revenue comme après les autres pauses durant la journée ou la nuit. Mon manque d’eau à la fin de la 6e étape m’a affecté. Cependant, je sais que je suis capable de terminer sans me taxer.
Sur la 104, mon rythme de pédalage et ma fréquence cardiaque sont bons. Même, je reste surpris de voir que je suis très économique au niveau cardiaque. Mon coeur répond très bien à l’effort, il se situe entre 120 et 130 bpm soit 10 à 20 bpm de moins que dans la 1re étape.
J’aperçois encore des yeux de chat sur le chemin Yamaska. Et, sur la même route, j’ai la peur de ma vie en apercevant cette fois-ci non un chat mais une jeune mouffette, nous nous évitons de justesse. Je passe à une quarantaine de cm d’elle. Je n’aurais pas aimé qu’elle m’arrose car son odeur reste longtemps imprégnée.
Un de mes amis, lorsque j’ai fait mon 1er 600 KM avec le CVRM lorsque Ted Milner était l’organisateur, s’était fait arrosé par une mouffette en début de journée dans le parc d’Oka et il avait senti durant toute la journée. Il avait essayé jus de tomate, lotion après rasage. La senteur avait disparu avec une pluie qui s’était abattue sur nous à la fin de journée. J’étais heureux car je partageais ma chambre avec lui.
A St-Césaire, j’arrête au contrôle du matin pour m’acheter une bouteille d’eau et un G2. A la sortie du dépanneur, je trouve qu’il fait encore chaud. Je m’assois au sol pour boire et relaxer un peu. Je m’aperçois vite que ce n’est pas une bonne idée car la fatigue m’envahit, j’ai le goût de dormir. Comme il reste qu’une trentaine de KM, je rembarque sur mon vélo.
Un peu avant Gaétan Boucher, je reçois quelques gouttes de pluie. Elles me font du bien, elles m’enlèvent un peu de sueur.
Arrivée au Couche-Tard de St-Lambert à 6h33. Le commis me demande si ça donne de quoi ? Je lui réponds : non, seulement une satisfaction personnelle et une qualification pour des brevets plus longs comme PBP.
Mon 2e objectif est réalisé soit de franchir la distance en 26h00 et moins.
De retour au lieu de départ, je prends une légère collation, je me change et je fais une sieste d’une 1h30 dans mon véhicule avant de retourner à la maison. (2h d’auto)
Profil 7e étape
* L’année dernière, j’avais noté mes pauses aux différents contrôles en prévision du Granite 1200 en Ontario car pour demeurer parfois dans le groupe de tête, il faut être en mesure de prendre des pauses rapides. Des personnes, comme Ken Bonner (Club de la Colombie Britanique) ne prennent pas beaucoup de temps aux arrêts. Ils roulent parfois un peu moins vite mais ils roulent longtemps. Ce sont des choix personnels et il faut l’essayer avant dans nos sorties. On doit se connaître, j’apprends à chaque brevet.
Prochain défi : la QuadZilla soit 400 milles avec 28,000 pieds de montée et 40h00 pour parcourir la distance.
Marcel Marion
24 juillet 2010