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Tout un Paris Brest Paris, la météo n’annonçait rien de favorable pour la semaine et ces prévisions ce sont avérées justes, pluie et vent. Près d’un participant sur 3 a d’ailleurs abandonné.
Nous sommes partis le mardi matin à 5hres pour faire 1200 kms en 84 heures. Quand je dis nous, c’est Laurent Pichette et moi. Les autres Québécois sont partis à 22 hres le lundi soir, ainsi que nos amis français avec qui nous avons soupé avant le départ. La vérification des vélos, le dimanche, a été annulée, le terrain étant inondé à la suite des précipitations de la veille, on nous a simplement remis nos documents sur le site.
Le départ s’est bien déroulé, très peu d’attente comparativement au départ de 22 hres, 2969 partants à 22 hres et 741 à 5 hres .
Nous avons roulé dans un peloton pendant les 90 premiers kilomètres, soit jusqu’à ce que je sois victime d’une crevaison. C’est d’ailleurs le seul ennui mécanique que nous ayons eu pendant tout le parcours. Après la crevaison réparée, la pluie a commencé mais par intermittence et le vent était de côté et ne nous nuisait pas trop. Nous avons atteint Tinténiac (km 365) ou nous pensions dormir pour la première nuit, mais n’étant pas trop fatigué et comme nous n’avions pas beaucoup de temps en banque pour dormir, nous avons continué jusqu’à Loudéac.
Avec la pluie et le vent nous n’avancions pas très vite. Arrivés à Loudéac (km 452) nous avons dormi 2 hres dans le dortoir prévu par l’organisation. Contrairement aux participants de 22 hres il n’y a pas ou très peu d’attente que ce soit pour les repas, les poinçons ou les dortoirs. Ce qui fait que nous avons mangé et couché dans les contrôles pendant tout le parcours, la nourriture y est bonne et à un prix raisonnable. Arrivés à Carhaix (km 529) nous avons rencontré Alain Couët (des randonneurs d’Ottawa) que j’avais connu lors d’un brevet au Québec. Il avait peur de ne pas se rendre dans les délais à Brest, car il était très fatigué et voulait dormir 1 heure avant de repartir. Nous l’avons quitté et avons appris plus tard qu’il avait abandonné à Brest. Nous avons monté Roc-Trévezel (km 564) avec le vent de face mais la pluie avait cessé. Nous sommes arrivé à Brest sous un beau soleil et le spectacle de la rade lorsque l’on traverse le pont nous a redonné du courage pour continuer.
Au contrôle à Brest nous avons rencontré Jean-François et Josiane avec qui nous avions soupé au départ, ils étaient en forme et ils respectaient leur plan de match. Après un lunch et un petit repos de 15 minutes dans le gymnase, nous sommes repartis et repassé Roc-Trévezel (km 665) sans vent. Pas longtemps après la pluie a recommencé et nous sommes arrivés à Loudéac trempés (km 773). Nous n’avions pas trop de temps et nous y avons dormi qu’une heure, allongés tout mouillé avec une couverture pour garder notre chaleur. Après un petit lunch nous sommes repartis sous la pluie. Heureusement qu’il ne faisait pas trop froid, car la pluie ne nous a pas lâché avant Fougères (km 914). Nous n’avions plus de marge de manouvre. Nous arrivions au contrôle avec très peu d’avance sur l’horaire ce qui ne nous permettait pas de nous reposer, nous mangions et repartions aussitôt. A Villaines-la-Juhel (km 1002) nous nous sommes autorisés un gros quinze minutes la tête sur la table à la cafétéria. Après, la nuit a été très pénible, la pluie et la fatigue ne nous quittaient pas, le repas que Laurent avait pris à Villaines-la-Juhel a fait demi tour et de mon côté j’ai frôlé le fossé à quelques reprises mais sans chuter. Laurent manquait d’énergie car il ne pouvait pas manger, rien ne passait. Nous avons pris un café dans un petit restaurant qui était resté ouvert toute la nuit pour accommoder les cyclistes. Cyclistes fatigués, allongés un peu partout le long de la route et ce malgré la pluie. Arrivés à Mortagne-au-Perche (km 1084) Laurent est allé à l’infirmerie et on lui a dit qu’il fallait absolument qu’il mange sinon il ne pourrait pas continuer très longtemps et il nous restait 144 km à faire. Il a essayé un chocolat chaud et un sandwich léger, ça a passé et nous voilà repartis.
La pluie a cessé en matinée. Un peu avant Dreux (dernier contrôle avant l’arrivée) je n’étais plus capable de lever la tête, je ne ressentais pas de douleur mais mon champ de vision était très restreint, à peine 2 pieds en avant de ma roue avant. Si je voulais lever la tête il fallait que je la supporte avec une main sous le menton. Je suis allé à l’infirmerie à Dreux et ils m’ont dit que c’était l’humidité et le froid qui bloquait mon cou au niveau des cervicales, qu’ils avaient soigné plusieurs autres cyclistes pour le même problème et que ce n’était pas grave, que tout rentrerait dans l’ordre après l’arrivée. Après un massage des cervicales et la pose d’un collet, suivi d’un lunch pris en compagnie de Jean François et Josiane qui maintenaient leur allure et qui malgré la fatigue avaient bon moral, nous sommes repartis. Le collet n’était pas assez haut pour maintenir ma tête mais il me gardait le cou au chaud. J’ai terminé en me décalant de Laurent car avec mon champ de vision réduit j’avais peur de le percuter et je ne pouvais pas anticiper les obstacles. Je ne pouvais pas être ni devant ni derrière. Finalement nous avons terminé à 16 hres 41. J’ai terminé la tête basse (au sens propre) mais haute d’avoir fini ces 1228 km dans les temps malgré les mauvaises conditions.
Le cou s’est replacé rapidement dès le soir de l’arrivée, par contre les fesses ont mis un peu plus de temps l’eau et le cuissard qui ne séchait pas a fait des ravages. Laurent a fait attention à son alimentation quelques jours et il a bien récupéré.
Certains disent que le Paris-Brest-Paris c’est comme un accouchement, sur le coup on ne veut plus rien savoir et quelques semaines plus tard on se reprend à y penser…2011 ???
Claude