Tout un Paris Brest Paris par Claude Berriet

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Tout un Paris Brest Paris, la météo n’an­nonçait rien de favor­able pour la semaine et ces prévi­sions ce sont avérées justes, pluie et vent. Près d’un par­tic­i­pant sur 3 a d’ailleurs aban­don­né.

Nous sommes par­tis le mar­di matin à 5hres pour faire 1200 kms en 84 heures. Quand je dis nous, c’est Lau­rent Pichette et moi. Les autres Québé­cois sont par­tis à 22 hres le lun­di soir, ain­si que nos amis français avec qui nous avons soupé avant le départ. La véri­fi­ca­tion des vélos, le dimanche, a été annulée, le ter­rain étant inondé à la suite des pré­cip­i­ta­tions de la veille, on nous a sim­ple­ment remis nos doc­u­ments sur le site.

Le départ s’est bien déroulé, très peu d’at­tente com­par­a­tive­ment au départ de 22 hres, 2969 par­tants à 22 hres et 741 à 5 hres .

Nous avons roulé dans un pelo­ton pen­dant les 90 pre­miers kilo­mètres, soit jusqu’à ce que je sois vic­time d’une crevai­son. C’est d’ailleurs le seul ennui mécanique que nous ayons eu pen­dant tout le par­cours. Après la crevai­son réparée, la pluie a com­mencé mais par inter­mit­tence et le vent était de côté et ne nous nui­sait pas trop. Nous avons atteint Tin­té­ni­ac (km 365) ou nous pen­sions dormir pour la pre­mière nuit, mais n’é­tant pas trop fatigué et comme nous n’avions pas beau­coup de temps en banque pour dormir, nous avons con­tin­ué jusqu’à Loudéac.

Avec la pluie et le vent nous n’a­van­cions pas très vite. Arrivés à Loudéac (km 452) nous avons dor­mi 2 hres dans le dor­toir prévu par l’or­gan­i­sa­tion. Con­traire­ment aux par­tic­i­pants de 22 hres il n’y a pas ou très peu d’at­tente que ce soit pour les repas, les poinçons ou les dor­toirs. Ce qui fait que nous avons mangé et couché dans les con­trôles pen­dant tout le par­cours, la nour­ri­t­ure y est bonne et à un prix raisonnable. Arrivés à Carhaix (km 529) nous avons ren­con­tré Alain Couët (des ran­don­neurs d’Ot­tawa) que j’avais con­nu lors d’un brevet au Québec. Il avait peur de ne pas se ren­dre dans les délais à Brest, car il était très fatigué et voulait dormir 1 heure avant de repar­tir. Nous l’avons quit­té et avons appris plus tard qu’il avait aban­don­né à Brest. Nous avons mon­té Roc-Trévezel (km 564) avec le vent de face mais la pluie avait cessé. Nous sommes arrivé à Brest sous un beau soleil et le spec­ta­cle de la rade lorsque l’on tra­verse le pont nous a redonné du courage pour con­tin­uer.

Au con­trôle à Brest nous avons ren­con­tré Jean-François et Josiane avec qui nous avions soupé au départ, ils étaient en forme et ils respec­taient leur plan de match. Après un lunch et un petit repos de 15 min­utes dans le gym­nase, nous sommes repar­tis et repassé Roc-Trévezel (km 665) sans vent. Pas longtemps après la pluie a recom­mencé et nous sommes arrivés à Loudéac trem­pés (km 773). Nous n’avions pas trop de temps et nous y avons dor­mi qu’une heure, allongés tout mouil­lé avec une cou­ver­ture pour garder notre chaleur. Après un petit lunch nous sommes repar­tis sous la pluie. Heureuse­ment qu’il ne fai­sait pas trop froid, car la pluie ne nous a pas lâché avant Fougères (km 914). Nous n’avions plus de marge de manou­vre. Nous arriv­ions au con­trôle avec très peu d’a­vance sur l’ho­raire ce qui ne nous per­me­t­tait pas de nous repos­er, nous man­gions et repar­tions aus­sitôt. A Vil­laines-la-Juhel (km 1002) nous nous sommes autorisés un gros quinze min­utes la tête sur la table à la cafétéria. Après, la nuit a été très pénible, la pluie et la fatigue ne nous quit­taient pas, le repas que Lau­rent avait pris à Vil­laines-la-Juhel a fait demi tour et de mon côté j’ai frôlé le fos­sé à quelques repris­es mais sans chuter. Lau­rent man­quait d’én­ergie car il ne pou­vait pas manger, rien ne pas­sait. Nous avons pris un café dans un petit restau­rant qui était resté ouvert toute la nuit pour accom­mod­er les cyclistes. Cyclistes fatigués, allongés un peu partout le long de la route et ce mal­gré la pluie. Arrivés à Mortagne-au-Perche (km 1084) Lau­rent est allé à l’in­firmerie et on lui a dit qu’il fal­lait absol­u­ment qu’il mange sinon il ne pour­rait pas con­tin­uer très longtemps et il nous restait 144 km à faire. Il a essayé un choco­lat chaud et un sand­wich léger, ça a passé et nous voilà repar­tis.

La pluie a cessé en mat­inée. Un peu avant Dreux (dernier con­trôle avant l’ar­rivée) je n’é­tais plus capa­ble de lever la tête, je ne ressen­tais pas de douleur mais mon champ de vision était très restreint, à peine 2 pieds en avant de ma roue avant. Si je voulais lever la tête il fal­lait que je la sup­porte avec une main sous le men­ton. Je suis allé à l’in­firmerie à Dreux et ils m’ont dit que c’é­tait l’hu­mid­ité et le froid qui blo­quait mon cou au niveau des cer­vi­cales, qu’ils avaient soigné plusieurs autres cyclistes pour le même prob­lème et que ce n’é­tait pas grave, que tout ren­tr­erait dans l’or­dre après l’ar­rivée. Après un mas­sage des cer­vi­cales et la pose d’un col­let, suivi d’un lunch pris en com­pag­nie de Jean François et Josiane qui main­te­naient leur allure et qui mal­gré la fatigue avaient bon moral, nous sommes repar­tis. Le col­let n’é­tait pas assez haut pour main­tenir ma tête mais il me gar­dait le cou au chaud. J’ai ter­miné en me décalant de Lau­rent car avec mon champ de vision réduit j’avais peur de le per­cuter et je ne pou­vais pas anticiper les obsta­cles. Je ne pou­vais pas être ni devant ni der­rière. Finale­ment nous avons ter­miné à 16 hres 41. J’ai ter­miné la tête basse (au sens pro­pre) mais haute d’avoir fini ces 1228 km dans les temps mal­gré les mau­vais­es con­di­tions.

Le cou s’est replacé rapi­de­ment dès le soir de l’ar­rivée, par con­tre les fess­es ont mis un peu plus de temps l’eau et le cuis­sard qui ne séchait pas a fait des rav­ages. Lau­rent a fait atten­tion à son ali­men­ta­tion quelques jours et il a bien récupéré.

Cer­tains dis­ent que le Paris-Brest-Paris c’est comme un accouche­ment, sur le coup on ne veut plus rien savoir et quelques semaines plus tard on se reprend à y penser…2011 ???

Claude