Un drame est sur le point de se jouer par Marc Lusignan

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Exci­ta­tion same­di dernier alors que je viens de m’attabler peu avant neuf heures dans le café et mag­a­sin de vélo La Musette sur la Grande-Allée à Québec : nous serons huit par­tic­i­pants à cette ran­don­née pop­u­laire du « chapitre Québec » du CVRQ, inclu­ant un ran­don­neur de l’étranger ! C’est un nou­veau record. Le souf­flé se serait-il enfin mis à lever après deux années de par­tic­i­pa­tion plutôt sym­bol­ique ? Seri­ons-nous sur une lancée ? Qui vivra ver­ra !

On part en ordre dis­per­sé sur le chemin du Roy alors que deux retar­dataires se font atten­dre. Il y aura regroupe­ment à Cap-Rouge et notre file de huit con­naî­tra étire­ment et rétré­cisse­ment à la faveur des quelques mon­tées et descentes de ce pre­mier tiers du par­cours. En ce jour où la pluie men­ace, pas de con­cur­rence de l’un ou l’autre club sur ces routes qui nous mèneront à Don­na­cona, Pont-Rouge, Sainte-Cather­ine-de-la-Jacques-Carti­er et Shan­non suiv­is d’une petite incur­sion à Beau­port avant de remon­ter en Haute-Ville. Sur ces pre­miers kilo­mètres, je pla­coterai avec Xavier Schoebel et Jean Ser­vais avant de faire un petit bout en solo. Passé la pause de Pont-Rouge, je ferai la con­ver­sa­tion avec Marc Per­ron et Thomas Der­mody pour con­clure à 15h38.

Mais venons-en à ce à quoi fait référence le titre de ce texte.

Il est midi seize ce 18 mai 2024, boulan­gerie Alexan­dre, Pont-Rouge, Québec et un drame est sur le point de se jouer.

Tout ce joli monde a 66 kilo­mètres dans les jambes et il leur en reste 74 avant de ren­tr­er à la mai­son. Les vis­ages sont déten­dus : ces cyclistes ne sont pas nés de la dernière pluie. De gauche à droite : Olivi­er Bois, pre­mier respon­s­able du chapitre québé­cois du CVRQ; Julien Roy, patron chez Vélos Roy‑O sur la rue Saint-Jean à Québec; Xavier Schoebel, stras­bour­geois d’origine et mécano chez Vélos Roy‑O; Thomas Der­mody, philadel­phien venu une semaine per­fec­tion­ner son français chez nous et Marc Per­ron, fier rési­dent de Lévis venu décou­vrir les routes de l’autre côté du fleuve. Absents de la pho­to car déjà par­tis sans deman­der leur reste : nos deux retraités et avaleurs de bitume Jean Longtin et Jean Ser­vais.

On remar­que une chaise vide entre Xavier et Thomas : c’est celle du pho­tographe qui a momen­tané­ment lais­sé der­rière lui gants, casque, lunettes, une gourde. Ce type vit une journée plutôt tran­quille : il ne se met pas dans le rouge, a emporté des vête­ments de rechange « au cas où » et est heureux de retrou­ver quelques con­nais­sances et d’en faire de nou­velles. Il a aus­si cou­tume de dire à qui veut l’entendre qu’il vit à mi-temps sur Terre mais égale­ment à 384 400 bornes de là, c’est-à-dire dans la Lune. Ce jour ne fera pas excep­tion et c’est le lende­main en s’apprêtant à par­tir faire des emplettes qu’il con­stat­era qu’il a notam­ment égaré cartes de crédit et d’assurance-maladie, lesquelles se trou­vaient pré­cisé­ment sous son plateau repas qu’il lais­sa sur la table lorsqu’il reprit la route !

L’étourdi tient à remerci­er Patrick Bour­son, pro­prié­taire de la boulan­gerie, pour les avoir mis­es de côté en atten­dant qu’il repasse les chercher le lende­main. 😊