Une affaire (presque) de routine — Récit du brevet de 300 km du 28 septembre 2024 par Marc Lusignan

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Cinq heures vingt du matin ce 28 sep­tem­bre à Ver­dun, je fais la course boule­vard Gaé­tan-Laberge avec l’autobus 12. Nos chemins diver­gent défini­tive­ment sur l’île des Sœurs car j’emprunte le pont Samuel-de Cham­plain où je crois­erai un joggeur puis la pre­mière rame du REM direc­tion Mon­tréal. Quelques min­utes plus tard, me voici parc de la voie mar­itime à Saint-Lam­bert, point de départ de ce brevet de 308 km vers Drum­mondville

Dans la pré­cip­i­ta­tion de mon départ de Ver­dun, je fais le compte des oub­lis : ma paire de lunettes trans­par­entes pour rouler à la noirceur, un câble de recharge et, plus grave, ma cha­suble réfléchissante, indis­pens­able pour un si long par­cours en ce début d’équinoxe d’automne. Mais Marc Bisail­lon veille au grain et me voici bien­tôt revê­tu de fluo : je puis donc pren­dre le départ avec dix com­pères !

On longera d’abord le fleuve sur 40 kilo­mètres jusqu’à Ver­chères, sous une froide et humide purée de pois comme il y a deux semaines dans le Suroît et en Ontario. Le soleil fera une timide appari­tion dans le coin de Cal­ixa-Laval­lée puis nous faussera com­pag­nie pour en après-midi pren­dre toute la place. Par­ti devant dès Longueuil, je cède la tête à la faveur d’une erreur de nav­i­ga­tion et d’un arrêt tech­nique pour rejoin­dre à la tra­verse vers Saint-Ours Mar­tin Hotte, Kathia Sail­lant et Fran­cis Meu­nier. Brève pause au pre­mier con­trôle de l’autre côté du Riche­lieu où mon­sieur Hotte mon­tre ses couleurs en se plaig­nant du grand nom­bre de points de con­trôle (cinq) de ce brevet ! Rapi­de­ment, il sonne le sig­nal de départ vers Pier­re­ville.

On repart donc à qua­tre mais moi et Mar­tin enchaînons les relais et on largue Kathia et Fran­cis. Au terme de ce tracé en zig-zags, on rejoint la 132 et, usé par ce rythme un peu rapi­de à mon goût et ayant un peu mal au popotin, j’annonce un arrêt tech­nique pour « remet­tre de la crème de jour » pour repren­dre cette jolie for­mule enten­due de la bouche de Gabriel Audet à Pap­ineauville il y a deux semaines. Petit mes­sage à ma blonde et je repars en solo car Mar­tin s’est tail­lé devant. Deux tra­ver­sées de riv­ières plus tard, je le retrou­ve au sec­ond point de con­trôle de Pier­re­ville mais il repart bien vite pour repren­dre sa chevauchée.

J’achète une grosse cruche d’eau qui pour­ra servir à d’autres et déguste une salade de pâtes assis sur le trot­toir devant l’épicerie. Le duo Kathia et Fran­cis arrive puis Frédéric Per­man qui me racon­tera ses récents ennuis de san­té (ouf, bonne chance pour la suite M. Per­man). Tout ce beau monde repart avant que je fasse de même. Fred a beau selon ses dires traîn­er de la pat­te, on ne le rever­ra pas de la journée et il ter­min­era bien avant nous, seule­ment précédé par Mar­tin.

Je chas­se der­rière et rejoint le duo Kathia-Fran­cis, les laisse der­rière puis il me dépasse à la faveur d’un arrêt tech­nique le long de cette très jolie por­tion de l’itinéraire longeant la riv­ière Saint-François. Une redé­cou­verte pour moi qui était passé par là en 1995. En ban­lieue de Drum­monville, je rejoins le dépan­neur Allard où je trou­ve de la bouffe… de dépan­neur. Assis devant à relax­er et à me sus­ten­ter, je suis rejoint par Kathia et Fran­cis qui avaient fait un arrêt café quelques bornes aupar­a­vant. Je repars seul devant en comp­tant les kilo­mètres qui me restent à subir ce petit vent de côté. Voilà qui est fait avec ce virage à droite route O’Brien et suiv­ent 14 km de route toute droite vers le sud-ouest, puis un peu plus plein ouest jusqu’à cette sta­tion d’essence d’Upton et qua­trième point de con­trôle de ce brevet après 210 km de route. Il est 15h24. À nou­veau, pro­vi­sion d’eau et je me grat­i­fie d’un pop­si­cle. Au départ, je salue au pas­sage Fran­cis et Kathia qui, arrivés dans le patelin, scru­tent les envi­rons à la recherche du fameux point de con­trôle. Ce seront nos dernières paroles échangées en ce jour.

Nou­velle sec­tion de brevet vers le sud-sud-ouest où l’on fran­chit la riv­ière Noire plus d’une fois. Si mon petit ordi­na­teur de bord per­siste à demeur­er muet et à ne pas m’annoncer l’imminence d’un virage, j’ai appris à faire avec et con­sulte fréquem­ment l’écran affichant la carte du par­cours; ain­si, je ne perdrai pas mon chemin et bien­tôt atteindrai Saint-Paul‑d’Abbotsford (jolie petite église sur cette route ombragée). À par­tir de là, je serai en ter­rain archi con­nu et ne craindrai plus de m’écarter. Dans la moche Saint-Césaire, je choi­sis l’épicerie IGA pour me rav­i­tailler et faire sign­er mon car­net de route. Assis devant à subir le traf­ic de cette fin d’après-midi, j’entrevois Kathia et Fran­cis se diriger chez Ronald, juste en face.

Il y a un bout de temps déjà que j’ai mis mes lunettes fumées et sur cette dernière sec­tion de ce brevet, je dois sou­vent user de ma main gauche à titre de pare-soleil tant Galarneau, sur le point d’aller faire dodo, darde sur nous sa lumière oblique et orangée. Heureuse­ment, la sur­face de la piste cyclable que nous emprun­tons est de très bonne qual­ité et je ne crains pas trop me far­cir quelque trou aveuglé par le soleil. Une fois Carig­nan atteint, il est cepen­dant temps d’enlever mes lunettes et de remet­tre en marche mon phare blanc avant. Sur une sec­tion de la voie cyclable exempte d’éclairage urbain à Saint-Hubert, je règlerai l’intensité au max­i­mum pour bien voir où je roule. Enfin, le dernier point de con­trôle de Lemoyne est atteint. Tout à fait rompu au rôle con­sis­tant à indi­quer l’heure de com­plé­tion d’un brevet, le gérant de la place signe mon car­net et y indique l’heure : 19h36. Quelques min­utes plus tard, je ne sais trop com­ment, j’égarerai le pré­cieux car­net (fort heureuse­ment, le CVRQ se mon­tr­era chic et homo­loguera néan­moins le temps que je lui indi­querai).

Retour à Ver­dun par l’écluse, le parc Jean-Dra­peau, le pont de la Con­corde, la Cité du Havre et la rue Welling­ton pour 331 km par­cou­rus au total ce same­di !

En exclu­ant les « petites » sor­ties et la flèche du 10 mai, il s‘agit de la 25e sor­tie de l’année du club comp­tant 140 km et plus cette sai­son. Est-il donc besoin de pré­cis­er que le niveau des par­tic­i­pants était plutôt élevé mer­ci ? Si je compte les par­tic­i­pa­tions aux sor­ties sus­men­tion­nées, j’arrive à une moyenne de 6,2 (salu­ons Joce­lyn Char­bon­neau dont c’est la toute pre­mière !) avec une moyenne de 1853 km par­cou­rus, tou­jours durant les 24 sor­ties précé­dentes. Avec une météo favor­able et un dénivelé très faible, on ne s’étonnera donc pas que cette affaire en fut une (presque) de rou­tine !

Sur un plan per­son­nel, ce week­end mar­que la fin d’un « mois de rêve » : le 7, j’ai pédalé 209 km en ban­lieue de Québec, le 14, 404 km lors du brevet Vau­dreuil-Ottawa, le 21, j’ai recon­nu sur 301 km l’itinéraire d’un pos­si­ble brevet Québec-Mon­tréal par la rive-sud du Saint-Lau­rent et, enfin, ce 28, ce sont 331 km que j’ai pédalés à l’occasion de mon cinquième brevet de la sai­son.