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Cinq heures vingt du matin ce 28 septembre à Verdun, je fais la course boulevard Gaétan-Laberge avec l’autobus 12. Nos chemins divergent définitivement sur l’île des Sœurs car j’emprunte le pont Samuel-de Champlain où je croiserai un joggeur puis la première rame du REM direction Montréal. Quelques minutes plus tard, me voici parc de la voie maritime à Saint-Lambert, point de départ de ce brevet de 308 km vers Drummondville
Dans la précipitation de mon départ de Verdun, je fais le compte des oublis : ma paire de lunettes transparentes pour rouler à la noirceur, un câble de recharge et, plus grave, ma chasuble réfléchissante, indispensable pour un si long parcours en ce début d’équinoxe d’automne. Mais Marc Bisaillon veille au grain et me voici bientôt revêtu de fluo : je puis donc prendre le départ avec dix compères !
On longera d’abord le fleuve sur 40 kilomètres jusqu’à Verchères, sous une froide et humide purée de pois comme il y a deux semaines dans le Suroît et en Ontario. Le soleil fera une timide apparition dans le coin de Calixa-Lavallée puis nous faussera compagnie pour en après-midi prendre toute la place. Parti devant dès Longueuil, je cède la tête à la faveur d’une erreur de navigation et d’un arrêt technique pour rejoindre à la traverse vers Saint-Ours Martin Hotte, Kathia Saillant et Francis Meunier. Brève pause au premier contrôle de l’autre côté du Richelieu où monsieur Hotte montre ses couleurs en se plaignant du grand nombre de points de contrôle (cinq) de ce brevet ! Rapidement, il sonne le signal de départ vers Pierreville.
On repart donc à quatre mais moi et Martin enchaînons les relais et on largue Kathia et Francis. Au terme de ce tracé en zig-zags, on rejoint la 132 et, usé par ce rythme un peu rapide à mon goût et ayant un peu mal au popotin, j’annonce un arrêt technique pour « remettre de la crème de jour » pour reprendre cette jolie formule entendue de la bouche de Gabriel Audet à Papineauville il y a deux semaines. Petit message à ma blonde et je repars en solo car Martin s’est taillé devant. Deux traversées de rivières plus tard, je le retrouve au second point de contrôle de Pierreville mais il repart bien vite pour reprendre sa chevauchée.
J’achète une grosse cruche d’eau qui pourra servir à d’autres et déguste une salade de pâtes assis sur le trottoir devant l’épicerie. Le duo Kathia et Francis arrive puis Frédéric Perman qui me racontera ses récents ennuis de santé (ouf, bonne chance pour la suite M. Perman). Tout ce beau monde repart avant que je fasse de même. Fred a beau selon ses dires traîner de la patte, on ne le reverra pas de la journée et il terminera bien avant nous, seulement précédé par Martin.
Je chasse derrière et rejoint le duo Kathia-Francis, les laisse derrière puis il me dépasse à la faveur d’un arrêt technique le long de cette très jolie portion de l’itinéraire longeant la rivière Saint-François. Une redécouverte pour moi qui était passé par là en 1995. En banlieue de Drummonville, je rejoins le dépanneur Allard où je trouve de la bouffe… de dépanneur. Assis devant à relaxer et à me sustenter, je suis rejoint par Kathia et Francis qui avaient fait un arrêt café quelques bornes auparavant. Je repars seul devant en comptant les kilomètres qui me restent à subir ce petit vent de côté. Voilà qui est fait avec ce virage à droite route O’Brien et suivent 14 km de route toute droite vers le sud-ouest, puis un peu plus plein ouest jusqu’à cette station d’essence d’Upton et quatrième point de contrôle de ce brevet après 210 km de route. Il est 15h24. À nouveau, provision d’eau et je me gratifie d’un popsicle. Au départ, je salue au passage Francis et Kathia qui, arrivés dans le patelin, scrutent les environs à la recherche du fameux point de contrôle. Ce seront nos dernières paroles échangées en ce jour.
Nouvelle section de brevet vers le sud-sud-ouest où l’on franchit la rivière Noire plus d’une fois. Si mon petit ordinateur de bord persiste à demeurer muet et à ne pas m’annoncer l’imminence d’un virage, j’ai appris à faire avec et consulte fréquemment l’écran affichant la carte du parcours; ainsi, je ne perdrai pas mon chemin et bientôt atteindrai Saint-Paul‑d’Abbotsford (jolie petite église sur cette route ombragée). À partir de là, je serai en terrain archi connu et ne craindrai plus de m’écarter. Dans la moche Saint-Césaire, je choisis l’épicerie IGA pour me ravitailler et faire signer mon carnet de route. Assis devant à subir le trafic de cette fin d’après-midi, j’entrevois Kathia et Francis se diriger chez Ronald, juste en face.
Il y a un bout de temps déjà que j’ai mis mes lunettes fumées et sur cette dernière section de ce brevet, je dois souvent user de ma main gauche à titre de pare-soleil tant Galarneau, sur le point d’aller faire dodo, darde sur nous sa lumière oblique et orangée. Heureusement, la surface de la piste cyclable que nous empruntons est de très bonne qualité et je ne crains pas trop me farcir quelque trou aveuglé par le soleil. Une fois Carignan atteint, il est cependant temps d’enlever mes lunettes et de remettre en marche mon phare blanc avant. Sur une section de la voie cyclable exempte d’éclairage urbain à Saint-Hubert, je règlerai l’intensité au maximum pour bien voir où je roule. Enfin, le dernier point de contrôle de Lemoyne est atteint. Tout à fait rompu au rôle consistant à indiquer l’heure de complétion d’un brevet, le gérant de la place signe mon carnet et y indique l’heure : 19h36. Quelques minutes plus tard, je ne sais trop comment, j’égarerai le précieux carnet (fort heureusement, le CVRQ se montrera chic et homologuera néanmoins le temps que je lui indiquerai).
Retour à Verdun par l’écluse, le parc Jean-Drapeau, le pont de la Concorde, la Cité du Havre et la rue Wellington pour 331 km parcourus au total ce samedi !
En excluant les « petites » sorties et la flèche du 10 mai, il s‘agit de la 25e sortie de l’année du club comptant 140 km et plus cette saison. Est-il donc besoin de préciser que le niveau des participants était plutôt élevé merci ? Si je compte les participations aux sorties susmentionnées, j’arrive à une moyenne de 6,2 (saluons Jocelyn Charbonneau dont c’est la toute première !) avec une moyenne de 1853 km parcourus, toujours durant les 24 sorties précédentes. Avec une météo favorable et un dénivelé très faible, on ne s’étonnera donc pas que cette affaire en fut une (presque) de routine !
Sur un plan personnel, ce weekend marque la fin d’un « mois de rêve » : le 7, j’ai pédalé 209 km en banlieue de Québec, le 14, 404 km lors du brevet Vaudreuil-Ottawa, le 21, j’ai reconnu sur 301 km l’itinéraire d’un possible brevet Québec-Montréal par la rive-sud du Saint-Laurent et, enfin, ce 28, ce sont 331 km que j’ai pédalés à l’occasion de mon cinquième brevet de la saison.